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Le poing Goldwin
Auteur d’une rencontre exceptionnelle face à l’Arménie, avec notamment dix parades sur sa ligne de but, Kyle Goldwin (33 ans) a permis à Gibraltar de tenir sa première victoire de son histoire en compétition. Un héros aussi inattendu que la victoire de Gibraltar.
En inscrivant sur penalty l’unique but de la rencontre entre Gibraltar et l’Arménie, Joseph Chipolina a permis au pays du détroit situé entre le Maroc et l’Espagne de remporter son premier match officiel depuis son intégration à l’UEFA en 2014. Pourtant, le réalisateur de la rencontre n’a pas daigné braquer sa caméra sur le défenseur de Lincoln. Ni sur le vétéran Lee Casciaro qui a eu le mérite d’aller gratter le penalty victorieux. Non, les caméras ne cherchaient qu’un homme sur le terrain : Kyle Goldwin, qui ne peut s’empêcher de lâcher quelques larmes sous l’émotion. Il faut dire que le portier de Gibraltar (33 ans) a tout simplement été impérial sur sa ligne, lui qui a subi pas moins de 34 frappes de la part des coéquipiers de Henrik Mkhitaryan et qui a dû se déployer sur dix d’entre elles.
Premier match de première division à 30 ans, première cape internationale à 33
Il y a quelques années, Kyle Goldwin n’aurait pourtant jamais imaginé devenir le héros national. Retour en 2009. Alors âgé de 24 ans, celui qui se fait surnommer « Chino » en raison de ses traits asiatiques parvient enfin à intégrer un club semi-pro – le Sporting Club Gibraltar en deuxième division gibraltarienne en l’occurrence – après des années à vadrouiller entre des championnats mineurs et des clubs de futsal. Un parcours atypique qui a donc vu Kyle Goldwin éclore sur le tard et devoir attendre ses 30 printemps pour avoir la chance de disputer un match de première division gibraltarienne après avoir remporté le championnat de D2 avec le Gibraltar United.
Depuis, le cauchemar de l’Arménie a permis à son club, dont il est désormais le capitaine, d’arracher une belle quatrième place en championnat la saison dernière. Mieux, ses performances lui ont permis d’être appelé en sélection en mars 2016 pour des amicaux face au Liechtenstein et la Lettonie. De quoi déjà faire couler quelques larmes sur le visage du vieux Kyle comme il l’a confié à Football Gibraltar : « Cela me rend très fier. Pas seulement pour moi, mais aussi pour ma famille car j’ai sacrifié beaucoup de temps de mes enfants et de ma femme pour ma carrière footballistique. » Ironie du sort, c’est face à ces mêmes Lettons que Kyle Goldwin connaîtra sa première sélection lors d’un amical en mars dernier. Le résultat ? Déjà un clean sheet et déjà une victoire 1 à 0 pour ce qui reste comme la première victoire de Gibraltar après sa reconnaissance par la FIFA en 2016.
Incredibly proud of this group of players! À strong and much improved performance, we take the positive and surely the results will come! À huge thank you to the traveling fans and our fans at home.#passion #faith #family pic.twitter.com/tHUzVKDMnD
— kyle goldwin (chino) (@Chinovy69) 9 septembre 2018
Des célébrations à chaque parade
Lorsqu’il se présente face à l’Arménie, Kyle Goldwin ne pèse donc que trois sélections, après avoir disputé les deux premiers matchs de Gibraltar en Ligue des nations (défaite 2 à 0 face au Liechtenstein et à la Macédoine). Sauf que comme ses coéquipiers, Kyle Goldwin est un revanchard qui est prêt à donner son corps pour offrir une première victoire officielle à son Rocher. Une détermination qui s’est vue dès sa première parade après laquelle il serre les poings en guise de célébration. Une image qui se reproduira lors de ses neuf autres arrêts avec une mention spéciale pour l’horizontale sur un coup de tête de Yura Movsisyan agrémentée d’une pose sur les genoux, des poings vers le ciel et un hurlement de joie. Alors oui, Kyle Goldwin n’aura jamais rien connu d’autre que le championnat de Gibraltar. Oui, il va sûrement encaisser sept buts face à la Belgique, l’Allemagne ou le Portugal lors de la prochaine campagne de qualification à l’Euro 2020. Mais Kyle Goldwin s’en moque puisque comme il l’a avoué sur son compte Twitter avant la rencontre, il est en train de « vivre un rêve » en revêtant le maillot de la Team 54 (en référence au fait que Gibraltar soit la 54e nation reconnue par l’UEFA). Et ce rêve n’est pas de remporter la Ligue des champions ou le Ballon d’or, mais bien d’offrir à Gibraltar sa première victoire officielle. Et ça, personne ne pourra lui enlever.
Par Steven Oliveira