Dans le journal La Meuse, vous avez dit que vous ne compreniez pas ce qui s’était passé… Comment avez-vous préparé cette rencontre ?
C’était un match comme un autre, sans connaissance particulière de l’équipe en face de nous. J’ai insisté sur la notion de plaisir et je leur ai dit d’essayer de faire un bon résultat et donner le meilleur d’eux-mêmes. Mon erreur, c’est que j’ai essayé une nouvelle tactique et ils n’ont pas compris. J’ai voulu jouer avec eux en 4-3-3. Le temps de les remettre en place, on avait déjà pris 5 buts.
Vous aviez pu tester ce nouveau système auparavant ?
Oui, on a testé ça à l’entraînement du vendredi. Tout le monde était présent sauf ceux qui étaient excusés, à cause de leur travail. Ça avait l’air de pas mal marcher. Mais une fois sur le terrain, l’autre équipe a joué en 4-5-1. Donc, à partir de ce moment-là, les miens ont voulu jouer plus haut et ceux de devant ne redescendaient pas. Mes défenseurs se sont retrouvés acculés à deux ou trois hommes contre un.
C’est donc avant tout ce nouveau système qui n’a pas fonctionné ?
Non, pas du tout. Ils ne sont pas habitués. J’ai beaucoup de jeunes ou des gens qui ont arrêté le foot quand ils étaient cadets. Ça a tenu, puis une fois qu’ils ont encaissé un ou deux buts, ils se sont écroulés moralement. Après, c’était un peu mieux, mais alors en deuxième mi-temps, c’était la catastrophe.
Plus précisément, dans quel secteur de jeu l’équipe adverse a fait la différence ?Disons qu’ils se sont mis à huit pour attaquer. Ils ont investi notre moitié de terrain et ils ont dépassé mon milieu, car mon milieu était nulle part en fait. La défense était acculée, acculée, acculée… et a tout pris. En plus, j’ai sorti mon libero qui était blessé et j’ai un défenseur qui a baissé les bras complètement. Mais bon, il est tout jeune, il a 16 ans. Alors je l’ai remplacé. Mais j’ai dû mettre des gens qui n’étaient pas habitués à jouer derrière. J’ai ouvert la porte en quelque sorte…
À la mi-temps, vous êtes menés 7-0. Que dites-vous à vos joueurs à ce moment-là ?
Je les ai tous repositionnés. Ils étaient perdus sur leur place, leur façon de jouer… Je leur ai dit comment ils devaient jouer. Je suis passé en 4-5-1 comme l’équipe adverse. Euh… non, pardon, en 4-4-2, avec deux attaquants de pointe.
Et vous avez senti du mieux ?
Non… On a pris un but très vite et là, on s’est complètement écroulés. On en prend quand même 18 en deuxième mi-temps ! C’est le moral qui a lâché. Et en plus, il y en a beaucoup qui étaient sortis le week-end, qui s’étaient couchés à l’aube…
À l’entraînement de mardi, on a resserré les ceintures
Ce n’est pas le cas d’habitude ?
Si, c’est le niveau P4, alors ça sort souvent. Mais disons que là, c’était un gros noyau. Certains joueurs qui ne sortent généralement pas sont sortis, parce qu’en plus, l’équipe de balle-pelote du village était championne (un jeu de paume disputé à 5 contre 5, pratiqué au Pays-Bas et dans une partie de la Belgique), donc ils fêtaient ça, car beaucoup de joueurs jouent à la fois au foot et à la balle-pelote.
Si vos joueurs avaient été plus en forme, vous auriez pu tenir tête ?
Non, ils étaient tellement bien encadrés et organisés… On voit bien que c’est une équipe qui va jouer la tête du classement. En plus, ils avaient trois renforts de leur équipe première. Mais bon, ça, on peut ne rien n’y faire. C’est logique.
Mais avant la rencontre, avec la fatigue et le fait de s’être couchés tard, dans quel état d’esprit étaient les joueurs ?
Comme d’habitude, ils se sont dit qu’ils pouvaient faire un bon match, il y avait un bon état d’esprit…
Et vous, quand vous êtes vous rendu compte qu’ils n’étaient pas au meilleur de leur forme ?
Je l’ai vu au tout début de match que ça ne tenait plus, que le physique n’était plus là. Donc, à l’entraînement de mardi, on a resserré les ceintures. Au lieu de récompenser aux entraînements, on va changer de méthode. On va s’acharner et travailler davantage le physique.
Avec des matchs comme ceux-là, vous avez toujours envie d’entraîner ?
La saison dernière, j’avais dit que j’arrêtais car j’ai eu des problèmes de santé. Mais je n’ai pas voulu abandonner ces jeunes. Ils m’ont demandé de revenir alors je les ai repris. Le club était content de ce que j’ai fait. Moi, je suis là pour former les joueurs et voir s’ils peuvent intégrer le niveau A. C’est ce que j’ai fait la saison dernière, même si, en début de saison, on se prenait des calottes de 14-15 à 0, avec des jeunes joueurs. Puis, à la fin de l’année, on a commencé à gagner nos matchs. Et il y a 5 joueurs de l’équipe B qui sont montés en A et qui, pour le moment, sont titulaires et apportent à l’équipe. Donc moi, j’ai fait ce que j’avais à faire. Cette année, ça va peut-être être un peu plus dur. Si la A n’a pas assez de joueurs, je lui en procure. Là, mon attaquant était avec la première et mon flanc droit n’était pas là à cause de son travail. Ça, on ne peut pas aller contre. Maintenant, c’est aux joueurs de savoir ce qu’ils veulent. Je ne sais pas s’ils vont sortir samedi soir, mais j’espère qu’ils vont arriver frais dimanche. Il faut savoir que quand on sort, on doit être apte à jouer le lendemain. Ce week-end, il y en a cinq qui se sont battus sur toute l’équipe. Je les ai d’ailleurs félicités d’avoir tout donné jusqu’au bout. Notamment mon gardien.
Cela n’a pas dû être facile pour lui…
Il s’est pris 25 buts, mais il fait un très bon match ! C’est ça le pire ! Il a fait 15 ou 16 arrêts. Cela aurait pu être encore pire. Et pourtant, ce gardien, c’est un jeune. Cela fait deux ans que je le connais. Normalement, c’est mon gardien remplaçant, mais mon gardien titulaire n’a plus le temps de venir.
Quelques minutes après cette défaite 25-0, quel était le sentiment dans votre vestiaire ?
On a essayé de positiver. On leur a dit que c’était un match à oublier, une performance à ne plus refaire et que, surtout, il ne fallait pas craquer physiquement comme ça. Les joueurs n’étaient pas contents. Et je vous garantis que s’il y en avait un qui rigolait, il était dehors ! On a bu un coup ensemble, on en a reparlé. Je leur ai dit que j’avais peut-être eu trop confiance en eux par rapport au jeu qu’on pouvait produire. Il ne faut pas lâcher moralement comme ça.
Et maintenant, comment abordez-vous le prochain match, face à Namèche, qui compte également quatre défaites, comme vous ?
On joue contre une équipe qui devrait poser un peu moins de problèmes. J’espère que les joueurs vont se repositionner, se remotiver et de toute façon, on va tout retravailler. Je vais revenir à mon ancien système de jeu pour ne pas les perturber, car j’ai vu que ça ne marchait pas trop… On va retravailler les contrôles et les passes car, apparemment, ils ne comprennent pas trop non plus comment ça marche. Il faut revenir carrément à toutes les bases.
Buffon ramène sa croupe à la maison