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Le petit prince de Monaco
À tout juste seize ans, Pietro Pellegri fracasse les records de précocité. Comparé à Messi, Mbappé ou encore Ibrahimović, le jeune Italien débarque à Monaco pour la modique somme de 25 millions d’euros. Futur crack ou flop ? Naissance d’un prodige qui ne connaît pas une crise d’adolescence comme les autres.
Le Mbappé italien. La comparaison est vite trouvée pour Pietro Pellegri, seize ans et né en 2001, annoncé comme l’enfant prodige du foot du côté de la Botte. Alors qu’il était courtisé par la Juve, le Milan et d’autres cadors de Serie A, le gamin du Genoa pose finalement ses valises à Monaco. Il faut dire que le club de la Principauté a sorti le portefeuille : 25 millions d’euros. Inutile de préciser qu’à seize ans, trois mois et dix-sept jours, le jeune Italien décroche directement la médaille d’or de la transaction la plus chère pour un joueur de son âge. De quoi ringardiser les 10,5 millions d’euros déboursés par Arsenal pour faire venir Theo Walcott, à peine plus âgé à l’époque. « C’est un rêve qui devient réalité. Je ne pense pas à l’argent, mais juste à m’amuser » , s’enthousiasme au micro de Sky Sports celui qui est passé, en un peu plus d’un an, de la Primavera du Genoa à l’ASM. Une sacrée ascension, mais surtout un sacré pari pour le club du Rocher. Avec seulement quelque 300 minutes de Serie A dans les pattes, le « Mbappé italien » a encore beaucoup à prouver pour justifier son prix.
Adieu Totti, bonjour Pellegri
Son amour pour le Genoa, Pietro Pellegri le doit à son père, Marco. L’homme amène son fils à l’entraînement et c’est le coup de foudre. Avec le 64 dans le dos pour rendre hommage à son paternel qui portait le même numéro, le fiston impressionne très vite. Costaud et grand (1,96m), mais technique et vif, le jeune adolescent tente de prendre exemple sur son modèle : Zlatan Ibrahimović. Enrico Preziosi ose la comparaison au-dessus. « Le prochain Messi ? C’est nous qui l’avons, il s’appelle Pellegri et il a quatorze ans » , se pavanait dès 2015 le président du Genoa. Depuis le début de la saison, le rapprochement avec Kylian Mbappé semblait tentant. Avec ce transfert, il est désormais inévitable.
Il faut dire que, comme l’ex-Monégasque, Pietro Pellegri bat tous les records de précocité. Le 22 décembre 2016, l’attaquant n’a que quinze ans et 280 jours quand il égale le record d’Amedeo Amadei du plus jeune joueur à participer à un match de Serie A. Le premier but viendra cinq mois plus tard. En attendant, l’adolescent se contente de trois pauvres minutes jouées contre le Chievo. Assez pour rendre heureux son père, un Thierry Roland italien en puissance : « Le jour où mon fils portera le maillot du Genoa au Marassi, je pourrai mourir tranquille. Parce que cela voudra dire que j’ai vu tout ce qu’il fallait voir. » Le 28 mai, alors que le Stadio Olimpico s’apprête à faire ses adieux à la légende Totti, le petit Pietro joue les trouble-fête dès la troisième minute en inscrivant son premier but en Serie A. Il n’est que le troisième plus jeune buteur de l’histoire du championnat, mais devient le premier joueur né au XXIe siècle à marquer en Serie A.
« Je ne peux même pas me la péter à l’école »
La révélation viendra la saison suivante, lors du match contre la Lazio, en septembre. Pellegri claque un doublé et devient le premier joueur âgé de seize ans à réussir une telle performance dans un match d’un des grands championnats. En quatre rencontres de Serie A (ou plutôt en 125 minutes de jeu), le gamin en est déjà à trois buts. Et tant pis si, en face, un certain Ciro Immobile met lui aussi son doublé et permet à la Lazio de l’emporter 3-2. L’image du match, c’est un Marco Pellegri, team manager du Genoa, en pleurs sur le banc après les buts de son fils. En zone mixte, le gamin se montrera lui aussi très ému. « Je dois tout à mon père. C’est lui qui m’a fait arriver dans le football. » L’Italie découvre alors une pépite humble et touchante, avec une pointe d’humour. « Je ne peux même pas me la péter à l’école » , ironisait l’attaquant qui est suivi par un professeur privé.
Et puis après ? Bah plus grand-chose. Le jeune Pellegri en est désormais à neuf matchs en Serie A (pour un total d’un peu moins de 400 minutes) et n’a pas rajouté un seul pion à son compteur. À y regarder de plus près, les stats du prodige sont très correctes pour son âge, mais sont loin d’être mirobolantes. Un seul but en 22 matchs avec les U17, même s’il faut rappeler qu’il était surclassé et loin d’être toujours titulaire. C’est déjà mieux avec la Primavera du Genoa : sept buts en seize matchs. Et que fait le prodige italien avec la Squadra Azzurra ? Là encore, rien d’exceptionnel. Présent à l’Euro U17 en mai dernier, il n’a inscrit que deux buts avec sa sélection en 29 matchs dans différentes catégories. Pas de quoi aligner 25 millions, à première vue.
La Vieille Dame et l’adolescent
« Il peut devenir un joueur important du Genoa, même s’il a besoin de deux ans de travail » , annonçait Ivan Jurić avant de lancer Pellegri dans la cour des grands. Ces deux ans, le joueur les prendra finalement à Monaco, qui espère que l’ancien coach du Genoa avait vu juste : « Il peut faire une grande carrière parce qu’il a encore une marge de progression hallucinante. » L’adolescent a finalement peu joué en Serie A. Son dernier match remonte à une défaite contre la Sampdoria le 4 novembre où il était entré en jeu pour cinq minutes. Oui, mais voilà, le gamin a encore tout l’avenir devant lui pour progresser et s’il est international depuis qu’il a quatorze ans, ce n’est sans doute pas pour rien.
Autre symbole très fort, plusieurs cadors de Serie A, la Juve en tête, le convoitaient sérieusement. Une preuve aussi de la force de Monaco qui a réussi à remporter le gros lot dans ce dossier. Spécialisé dans la découverte de talent, l’ASM tient peut-être son nouveau bijou. Et puis, en y réfléchissant, même en cas de flop, le club de la Principauté pourra limiter la casse en revendant le jeune homme à un club anglais pour la moitié de son prix, ou plus. Mais si le Rocher a bien dans ses mains un nouveau crack, la plus-value pourrait être impressionnante. D’ailleurs, le Genoa ne s’y trompe pas. Le club italien touchera 10% du transfert en cas de revente supérieure à quarante millions d’euros. L’effet Mbappé, à coup sûr.
Par Robin Richardot