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Le Petit Mayombo : « Je suis comme Valbuena, un vrai dur à cuire ! »

Véritable star des réseaux sociaux, Le Petit Mayombo est sorti de nulle part et a remis tout le monde d'accord grâce à une gouaille incroyable, des punchlines cinglantes et une voix de cartoon. En cette période de confinement, le Gabonais est revenu sur sa passion de l’OM, la disparition de Pape Diouf et son problème hormonal, le même que celui qu'a surmonté Leo Messi.
Tu fais quoi durant ce confinement ?Je suis bel et bien à Libreville. Pendant le confinement, je suis les informations sur les restrictions, les gestes barrière et tout ce qui concerne le Covid-19. Au Gabon, ça se passe très bien, par la grâce de Dieu. Il faut respecter les restrictions, les ordres donnés par le gouvernement : un mètre de distance, se laver les mains avec du gel « alcoolicolique » ! (Rires.) Malgré les hauts et les bas, je continue toujours de travailler.
Qu’est-ce qui te manque le plus dans le foot ? Face à cette situation aussi désastreuse, ce qui me manque le plus, c’est mon club de prédilection, l’Olympique de Marseille. Avec la perte de ce monument, le défunt Pape Diouf… paix à son âme. C’était une icône du club. Cette disparition brutale a été une désolation totale… C’était un monument que j’admirais tant. J’ai grandi avec lui. Même à l’époque, quand il était président, j’étais enfant et je l’entendais parler. Parfois, je me rendais chez les boutiquiers en petite culotte et ils étaient toujours heureux de me rappeler qu’il était sénégalais. Ils disaient toujours du bien de lui : « C’est Pape Diouf, il est d’origine sénégalaise et il est président de l’OM ! » Je n’arrivais pas à le croire, c’était tellement magnifique… Il laisse un grand vide.
C’est quoi ton premier souvenir de foot ? Avant, il y avait souvent des difficultés pour avoir des télévisions… Mais je te dirais lorsque Didier Drogba jouait avec l’OM durant la Coupe de l’UEFA. Il faut se féliciter d’avoir vu des joueurs comme Drogba à l’OM. Il montre l’exemple qu’en arrivant dans l’ombre, tu peux montrer de quoi tu es capable. Il y a aussi un joueur qui est petit, comme ça… Mathieu Valbuena. En voyant son aspect physique, on est presque pareil ! C’était un joueur atypique. Il courait énormément, il allait très vite aussi et c’était un solide. Un vrai dur à cuire ! J’ai un fort caractère aussi, un vrai dur à cuire ! Même s’il a joué à Lyon, ça n’empêche pas qu’il puisse toujours aimer notre club. Il faut toujours avoir cette reconnaissance, il ne faut pas que les supporters oublient, il nous a fait du bien.
Tu joues, toi, un peu ? Bien sûr, mais j’ai souvent peur des tacles ! Avec mes pieds, je ne pourrais pas supporter un gros tacle d’un adversaire. Je pense que je suis meilleur en attaque, parce qu’en défense, ça peut être un peu compliqué. C’est un combat ! J’essaye d’être un dribbleur, j’aime bien les passements de jambes !
À partir de quand tu as décidé de supporter l’OM ? L’OM, c’est un club qui est aimé par beaucoup de gens en Afrique, je pourrais même dire que l’OM est un club africain. Il n’y a pas un seul quartier où il n’y a pas de fans de l’OM.
Pourquoi Marseille est un club aussi aimé en Afrique ?L’OM est un club qui joue avec fierté et amour. Lorsqu’il y a des matchs, les gens savourent ces instants, ils deviennent précieux. Le temps s’arrête, ça devient une explosion, une vraie fête ! C’est ça le plus important, que ce soit une fête. Nous, c’est le cœur, on aime ça.
Tu es atteint d’un insuffisance hormonale qui a stoppé ta croissance. Dans le football, Leo Messi a aussi été atteint de cette maladie. Comment on fait pour faire de ce handicap une force ? Il n’est pas question de penser que je me laisse faire par ce handicap. Au contraire, il faut donner le meilleur de toi, tout le temps. Si je dois citer des points communs entre Messi et moi ? Je dirais le talent, l’intellect, mais aussi la taille ! (Rires.) Bon, il est quand même un poil plus grand ! (Le Petit Mayombo mesure 1,10m, contre 1,70m pour la Pulga, N.D.L.R.) Cela n’empêche que nous avons les mêmes traits physiologiques.
Si tu dois être le Leo Messi de l’humour, qui est le Cristiano Ronaldo ? Je dirais Thomas Ngijol.
En août 2019, tu jouais devant 40 000 personnes au Gabon. Ça fait quoi de jouer devant autant de monde ?C’est magnifique, voire explosif de jouer devant une foule aussi grande ! Il y a toujours des moments de stress, surtout au début de ta représentation. Tu te dis : « Qu’est-ce que je vais dire à ce public somptueux qui est venu me regarder ? Est-ce que je suis capable ? » mais c’est l’occasion pour toi de montrer de quoi tu es capable. Tu as ce talent que tu dois démontrer, tu dois faire ton maximum pour t’en sortir.
Parlons un peu de l’OM. C’est quoi les meilleures conditions pour regarder un match ? Qu’est-ce qu’on boit, qu’est-ce qu’on mange ? Tu t’installes chez un boutiquier, il y a tous les jeunes qui se posent pour suivre les différents matchs. Sinon, tu peux t’installer à la maison, devant ton écran, en famille ou seul ! Je pense qu’on ne peut pas totalement manger devant les matchs de l’OM. Il te faut quelques grignotages : des biscuits, des chips. Au niveau des boissons, un bol de lait fait très bien l’affaire !
T’en as pensé quoi de cette saison, André Villas-Boas fait du bon boulot quand même…On était sur la bonne voie avant l’interruption brutale du championnat… Tout se passait à merveille avec Villas-Boas et on attendait tous ce match contre le PSG, le 22 mars dernier. J’y étais même invité ! Je pense qu’on aurait pu faire quelque chose, de surcroît avec mon arrivée dans ce stade Vélodrome.
Mario Lemina a rejoint Marseille en 2013. Ça t’a fait quoi de voir un Gabonais à l’OM ? Je pense que tu ne peux pas signer dans un club si tu ne l’aimes pas. Mario Lemina est un exemple de réussite sportive, ça fait du bien pour notre pays ! Comment ne pas être fier ? C’est un fils du pays, alors lorsqu’il a cette possibilité dans tel ou tel club, c’est magnifique.
Les joueurs de l’équipe nationale du Gabon étaient surnommés « Azingo National » . Azingo qui est traduit par « douleur » en myènè. Pourquoi ce serait douloureux de supporter le Gabon ?Il faut croire que quand tu joues pour le Gabon, il faut souffrir pour gagner !
Est-ce que le foot de rue a une place aussi importante au Gabon que dans d’autres pays comme le Sénégal ou bien la Côte d’Ivoire ? Il y a toujours dans certains quartiers, même à Lébamba ma ville natale, des jeunes qui croient en eux, qui se donnent de la force et du courage pour être les meilleurs. Malheureusement, il n’y a rien de concret d’organisé, c’est un éternel problème.
Propos recueillis par Gad Messika