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Le petit guide du National 1 2022-23
Après la Ligue 2, puis la Ligue 1, c'est au tour de la troisième division française de reprendre ses droits ce vendredi. Cette saison, 18 clubs sont sur la ligne de départ d'une course semée d'embûches. Fin mai, six d'entre eux trépasseront en N2 quand seulement deux obtiendront le précieux sésame vers le monde professionnel. Focus sur les secrets du seul championnat qui ne vous lâchera pas mi-novembre.
Lens, pensionnaire de N1
On vous voit venir. Jeremain Lens est sur la pente descendante et a probablement encaissé un bon chèque (30.000 euros brut mensuels selon Le Parisien) pour se déplacer chaque vendredi soir à la Bombonera Fred-Aubert de Saint-Brieuc ou au Old Trafford René-Fenouillère d’Avranches. Mais quel pied ! L’ailier droit et international néerlandais (34 sélections, huit buts) de 34 ans pèse plus de 100 buts en pro et 75 rencontres européennes sous les couleurs du PSV Eindhoven, de Sunderland, du Fenerbahçe et du Beşiktaş. Bien loin de ces stades en fusion, il découvrira le National, le vrai, au stade Jean-Bouin, face à Martigues. Jeremain Lens, c’est un peu la truffe sur la pièce montée du mercato de Versailles, qui s’est offert Pierre-Yves Polomat, quelques pointures de Ligue 2 et d’autres joueurs rompus aux joutes du National. Bref, le nouveau Roi Soleil s’appelle Jeremain Lens et on a envie de s’enflammer : un joueur de National 1 sera peut-être à la Coupe du monde au Qatar cet hiver. A condition de perdre les 15 kilos ramenés de Turquie.
[#Mercato] – Le FC Versailles est heureux de vous annoncer l’arrivée du néerlandais Jeremain Lens. FC Versailles is verheugd de komst van de Nederlander Jeremain Lens aan te kondigen. FC Versailles is pleased to announce the arrival of Dutchman Jeremain Lens.#Welcome pic.twitter.com/xJnefV1ByH
— FC Versailles (@FCVersaillesOff) July 28, 2022
Le Beaujolais pas si nouveau
Villefranche-Beaujolais ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvu quand le National fut venu. On exagère à peine puisque les Caladois ont lié leur sort à celui des Girondins de Bordeaux, prêts à sauter sur leur strapontin en cas de relégation administrative. À Villefranche, on a eu bien raison de tenter le coup en s’érigeant comme premier repêché. Logique car les protégés de Hervé Della ont manqué la dernière marche vers la Ligue 2 pour la deuxième année de suite, battus cette fois en barrage par Quevilly-Rouen. Mais lier son destin à celui des Girondins est un peu kamikaze et la réponse tardive donnée aux Bordelais a pénalisé les Rhodaniens. « Recrutement joueurs et salariés, partenariats, campagne d’abonnement, stade… L’impact de la période d’attente est d’ores et déjà néfaste à la progression du club et aura un impact négatif sur notre saison », déplorait le FCVB dans un communiqué fin juillet. Même si le retard pris dans le recrutement est en train d’être comblé et que la préparation se déroule bien, une saison sereine est loin d’être garantie, encore moins avec six descentes.
Novice city
« Nancy, c’est un nom de Ligue 1, c’est l’élégant d’un championnat comme celui-là », juge l’entraîneur Albert Cartier dans L’Est Républicain. Comme Versailles et le Paris 13, l’ASNL est un débutant au troisième échelon. À la différence près qu’il débarque du dessus. Depuis qu’il a acquis le statut pro en 1967, le club de Michel Platini n’avait jamais été relégué à ce niveau. Après une infernale saison de Ligue 2 marquée par la séquestration de Benoît Pedretti, les Nancéiens veulent faire table rase de ce naufrage acté dans le chaos face à QRM. Preuve que l’ambition n’a pas fui le club lorrain : une quinzaine de recrues ont signé libres. Parmi elles, les expérimentés Diafra Sakho, Lenny Nangis et Gaëtan Bussmann, mais également des habitués des longs déplacements en N1 comme Mayoro N’Doye. Suffisant pour que les Chardons retrouvent leur piquant ?
Le multirécidiviste
Voilà qui va aider à garnir davantage la feu MMArena du Mans, désormais stade Marie-Marvingt. Deuxième meilleur buteur de National (20 buts) et élu meilleur joueur du dernier championnat avec Concarneau, Fahd El Khoumisti se voyait bien fouler les gazons de Ligue 2 cette saison. Mais au contraire de ceux qui l’accompagnaient sur le podium des goleadors, il n’a pas passé le cut. « J’ai senti un manque de respect des clubs d’au-dessus. Ils me trouvaient bon, sans que ça aille plus loin. J’ai trouvé ça surprenant, pose Fahd El Khoumisti. D’autant que j’étais libre. Je pense que 50% des attaquants de Ligue 2 ne marqueraient pas 20 buts en National. Tant pis pour eux ». À 29 ans, il n’est pas abattu. Loin de là d’ailleurs puisqu’il défendra les couleurs du Mans. Des couleurs qui lui sont chères. « Je vais jouer pour ma ville, ma région. C’est un rêve qui se réalise, assure l’ancien Cavani de la réserve du PSG. Le feeling est bien passé avec le staff, ils ont montré qu’ils avaient envie de m’avoir ». Pas si Fahd.
777 nuances de bashing
Comme à son habitude la Tribune Rino Della Negra chantera pour le Red Star mais elle devrait aussi conspuer. Peu importe les résultats du groupe de Habib Beye, les « 777 not welcome ! » seront prêts à fuser. Comme face à Sète l’an dernier, les fans de l’Étoile Rouge souhaitent lutter contre le rachat du club par le fonds d’investissement américain 777 Partners, vu comme un danger pour la défense des valeurs audoniennes, et contre Patrice Haddad, le président dont ils réclament la démission. De la rénovation calamiteuse de Bauer au merchandising outrancier de « la marque Red Star », au point de vouloir accoler un naming au nom du stade – mal venu quand on sait que le docteur Bauer était résistant -, les ultras ont des raisons de gronder. Après la petite annonce dans Le Parisien pour vendre le club, ils sauront se montrer inventifs pour repousser l’envahisseur. Comme disait Joe Dassin : « Cela commence par un peu de chagrin, L’Amérique ».
Nous allons développer cela en 4 thématiques, qui feront l’objet d’un article par jour.PARTIE 1 – Une vision contre le sens de l’Histoire concernant le Stade Bauer 2/2https://t.co/ua59Ozfoxs pic.twitter.com/lmUugXTCss
— Tribune Rino Della Negra (@stadebauer) August 8, 2022
Le carte soleil de ce National 1
Dans un championnat qui manque cruellement de sudistes, le FC Martigues a un destin à part. Après dix années à stagner en N2, le club a enfin réussi à remonter notamment grâce à l’ex-Marseillais Foued Kadir. Mais le club partait de loin. À l’été 2017, les Martégaux sont repris par le mannequin Baptiste Giabiconi. Pour le pire. Un an après, le protégé de Karl Lagerfeld doit céder sa présidence pour mauvaise gestion financière, Martigues étant aux portes d’une relégation administrative en N3 par la DNCG. Les Sang et Or auraient carrément empoché des fonds levés pour un match de charité avec André-Pierre Gignac ou encore Brahim Asloum, dont les revenus étaient destinés à une fondation fantôme. Depuis, l’entraîneur Grégory Poirier a remis le club la tête à l’endroit.
Nain ou Gobelin
Jean-Guy Wallemme entame sa troisième aventure parisienne avec les promus du Paris 13 Atletico. L’occasion pour lui de réparer une anomalie, lui qui cumule plus de 60 matchs sur les bancs de Ligue 1, Ligue 2 et National 2. Il a bien failli connaître le N1 en 2002 quand il signe au RC Paris mais le club est rétrogradé administrativement avant le début de la saison. Nul ne sait si l’ancien Lensois a dû agiter sa photo avec Raí pour se présenter à son armada de recrues mais il est prêt. « Ici, on n’est ni au PSG, ni au PFC. On est le petit poucet de National mais on veut aussi exister dans le foot parisien ». Autrement dit, les tours de Porte de Choisy valent bien la Tour Eiffel.
Le micmac de l’été
Trouver un logement à Paris n’est pas une mince affaire. À Saint-Ouen, les travaux de modernisation de Bauer contraignent les ultras du Red Star à déménager au pied du fameux HLM, quand les matchs ne sont pas carrément à Créteil. De son côté, Versailles abandonne temporairement son terrain habituel, dépourvu d’éclairage car trop près du château alors que les nouvelles constructions dans un rayon de cinq kilomètres ne doivent pas dépasser une certaine hauteur. Un problème puisque le N1 se joue en nocturne. Le club a donc opté pour Jean-Bouin. Une résidence de fortune toutefois plus proche à vol d’oiseau de l’enceinte de Paris 13. D’ailleurs, les Gobelins vont eux aussi avoir des galères en partageant un temps Charléty avec le Paris FC, les matchs se télescopant. Bref, si les Lyonnais pouvaient remettre de l’ordre dans tout ça…
Le +1 du vendredi soir
Si les six descentes prévues en fin de saison vont condamner un tiers des équipes et que le chiffre est assez colossal, Bastia-Borgo va s’en accommoder. À vrai dire, les Corses sont déjà bien heureux d’être dans les starting-blocks de l’exercice 22-23. Relégué sportivement en National 2 après une défaite face à son concurrent direct le FC Sète, Borgo a profité du malheur de son homologue héraultais, finalement rétrogradé administrativement par la DNCG. Rolland Courbis, conseiller des Sétois, a bien fait appel mais il n’a pas eu la même réussite que l’illustre Gérard Lopez. Résultat : les Bastiais reviennent transformés de la tête au pied. C’est avec quinze nouveaux joueurs et sans une vingtaine de partants que Bastia-Borgo va devoir sauver sa peau (neuve). Et pour ce nouvel effectif, la première marche vers le maintien est atteignable puisque c’est le Puy Foot, promu, qui viendra sur le modeste synthétique du complexe sportif de Borgo.
Par Alexandre Le Bris et Gabriel Joly
Propos de Fahd El Khoumisti recueillis par ALB, ceux de Jean-Guy Wallemme par GJ.