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«Le petit diamant français»
Il était arrivé à l'été 2008 avec une image d'enfant capricieux, le voilà devenu l'un des chouchous de son entraîneur et des supporters. Jérémy Ménez, 22 ans, est enfin devenu ce qu'il promettait d'être depuis ses débuts : un très bon footballeur.
Jérémy Ménez est né le 20 mars 2010. Un samedi soir comme un autre à l’Olimpico. Une journée de championnat quelconque, un adversaire banal. Ce jour-là, la Roma reçoit l’Udinese. Ménez est titulaire, numéro 94 sur les épaules, et semble courir plus que d’habitude. Plus précis, plus rapide, plus percutant, Ménez tente des gestes, les réussit ; se démène comme un beau diable sur son côté droit, n’oublie jamais ses coéquipiers et donne toujours la balle au bon moment ; fait deux passes décisives et obtient un pénalty ; sort à la 87ème minute, remplacé par Pettinari ; se fait ovationner par tout un stade, qui lui consacre un chant ; se jette dans les bras de Claudio Ranieri, qui l’embrasse comme un père embrasse son rejeton ; et reçoit dès le lendemain les hommages de Francesco Totti en personne sur son site internet.
Cela faisait bientôt deux saisons que le Français avait rejoint la Roma. Avec l’image d’un Antonio Cassano bis, ce qui réjouissait plutôt les supporters, impatients de revoir des gestes un peu fous sur les terrains. Le triplé en sept minutes sous les couleurs de Sochaux en janvier 2005, le fait que Sir Alex Ferguson se soit déplacé personnellement pour discuter avec la famille du joueur, c’étaient là des on-dit très largement répandus en ville, sans que personne ne sache vraiment s’il s’agissait de légendes urbaines ou d’histoires vraies puisque nul n’avait rien vu de semblable depuis l’arrivée du Français au club. C’était donc vrai. Ce samedi 20 mars, Ménez a surpris son monde, supporters et coéquipiers. Et justifié les 10,5 millions d’euros dépensés pour le faire venir dans la ville éternelle.
La victoire de Ménez est aussi celle de Ranieri, qui a toujours cru en son attaquant français (qu’il appelle d’ailleurs le « petit diamant » ) quand Spalletti était bien plus sceptique. Patient et professionnel, Ranieri n’a jamais hésité à engueuler franchement son joueur lorsqu’il considérait que celui-ci dépassait les limites, tout en l’encourageant sans cesse à se dépasser. Un peu comme un père vilipende son mioche pour le remettre dans le droit chemin.
D’ailleurs, le Vitriot ne s’y trompe pas : « Je suis né de nouveau grâce à Ranieri. En janvier, j’ai eu une belle discussion avec lui. On a parlé franchement et il m’a dit qu’il croyait en moi. J’avais besoin d’entendre ces mots-là. Aujourd’hui, je me sens tellement bien que je peux jouer à droite, au centre, ou à gauche. Milieu, ou attaquant, je ne me pose plus ces questions. Je donne tout pour l’équipe. Je suis plus complet et plus rigoureux tactiquement. Je me sens soutenu. J’ai me suis fait mon nid à la Roma » .
Aujourd’hui, Ménez a la côte. Ses partenaires le « maternent » , selon les mots de Ranieri, et les supporters l’aiment d’amour. Une preuve ? « Pour se marrer, certains gars de chez nous se sont même mis à écouter la Mafia k’1fry parce qu’on a découvert que le groupe venait de Vitry, comme Ménez » confie Guglielmo, un ultra de la Roma plutôt de droite et plutôt branché oï. Quant aux journalistes, ils se délectent de ce jeune attaquant capable aussi bien d’arabesques d’un autre temps que de cravacher sauvagement pour tacler et récupérer le ballon. Certains le comparent même à Henry Leconte, pour le style, tout en fausse nonchalance.
Cette après-midi, contre Cagliari, Jérémy Ménez commencera le match sur le côté droit, qui est devenu le sien. Et fera de son mieux pour l’équipe, ses coéquipiers, et les supporters. Tout en espérant taper dans l’œil du sélectionneur français : « Si je pouvais également séduire Domenech, ce serait pas mal aussi. La coupe du monde ? Bien sûr que j’y pense. Dire le contraire, ce serait mentir » .
AS Roma-Cagliari, 15h
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