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Le Pau-Cholet nouveau est arrivé

Par Julien Duez
Le Pau-Cholet nouveau est arrivé

Cholet qui affronte Pau, c’est une affiche à faire saliver les fans de basket. Et pourtant, ce classique de la Pro A se joue aussi loin des parquets. Ce mardi, le Stade olympique choletais reçoit le Pau FC pour un match en retard de la 19e journée de National 1. Malgré la concurrence des ballons orange et ovale, le foot a bel et bien une place de choix dans les deux agglomérations, qui ont placé le sport sur un piédestal.

L’un est déjà centenaire depuis 2013, l’autre le sera en 2020. En dehors de leur différence d’âge, peu de choses distinguent le SO Cholet du Pau FC. Les deux clubs n’ont jamais connu le statut professionnel, et avec dix années de présence consécutive entre 1998 et 2008, les Palois sont même l’un des plus fidèles représentants du National. Quant au promu du Maine-et-Loire, il impressionne par son actuelle septième place. De quoi encourager un public modeste en comparaison avec celui du Cholet Basket à franchir plus souvent les portes du stade omnisports.

Une place pour chacun

Éric Saubatte n’est pas peu fier : au mois d’octobre, l’adjoint LR chargé des sports depuis 2014 est allé jusqu’à Bruxelles pour se voir remettre le label « Ville européenne du sport » . Ce Béarnais pur jus suit le Pau FC depuis vingt-cinq ans, mais il l’assure, la mairie ne fait montre d’aucun favoritisme : « Il est important de mettre toutes les disciplines sur un même pied d’égalité et d’assurer le respect mutuel. » De quoi permettre à Pau d’être la deuxième agglomération sportive de la région Nouvelle-Aquitaine et d’avoir un club dans tous les grands championnats nationaux. « On a une chance incroyable, poursuit-il, c’est d’avoir un public amoureux du sport. Même si les résultats des différentes équipes déterminent là où les gens vont aller en priorité, il n’est pas rare d’en voir au Pau FC le vendredi et à l’Élan ou à la Section le samedi par exemple. »

Même son de cloche à Cholet. La capitale des Mauges, « terre historique de basket » , comme l’avoue Florence Dabin, adjointe aux sports depuis dix ans, revendique 28% de sa population licenciée en club. Un engagement qui l’a honorée à trois reprises du trophée de la ville la plus sportive de France, un record. Dès lors, difficile pour la mairie de donner la priorité à l’un ou à l’autre quand c’est un tout qui prédomine : « Notre volonté politique, c’est d’accompagner nos 77 associations sportives à la hauteur de leurs ambitions, mais en restant raisonnables par rapport aux finances publiques. Quand le SO Cholet est monté en National (en début de saison, ndlr), nous n’avons pas augmenté sa subvention au détriment d’une autre association. C’est pour cela qu’il est important que chacun développe une politique de mécénat en parallèle. »

Parents pauvres ?

Financièrement, il faut donc jongler entre les fonds publics et privés. « Le Pau FC a bénéficié d’un coup de pouce lors de sa montée en National et c’est le cas pour chaque gros club quand c’est nécessaire, confie Éric Saubatte. Mais sinon, chacun a une subvention allouée jusqu’à la fin du mandat. À cause de la diminution des dotations d’État, elle baisse de 2% par an, mais au moins, il est possible d’ajuster son budget en conséquence. » Au Pau FC, le budget actuel oscille autour d’1,7 million d’euros, quand 2,5 seraient nécessaires pour parvenir à l’objectif de la promotion en Ligue 2. Un combat quotidien pour le président Bernard Laporte-Fray : « C’est compréhensible que la mairie investisse plus dans ce qui marche le mieux, elle fait en fonction de ses moyens » , analyse celui qui est aux commandes du club depuis 1995 et voit le football comme « le parent pauvre du sport local » , en référence – comme à Cholet et dans toute la France – au nombre de licenciés en football, qui écrase celui du rugby, malgré l’ancrage local.

À la mairie, on se veut rassurant : « Nous avons souhaité renouer des liens avec l’union locale de football, se réjouit Éric Saubatte. Concrètement, cela représente un investissement de 7,3 millions d’euros jusqu’en 2021, qui se traduit par la création et la rénovation d’infrastructures et, surtout, l’inauguration d’un stade d’un coût de 3,6 millions d’euros, qui deviendra la maison du Pau FC l’été prochain. Ce terrain sera évolutif pour répondre aux normes au cas où le club gagnerait sportivement sa place en Ligue 2. »

Entente cordiale

À Cholet, le SOC a vécu trois montées en trois ans. Une belle récompense pour Benjamin Erisoglu, président depuis 2014 : « Quand j’ai dit que je voulais jouer la montée, on m’a regardé comme un extra-terrestre. On n’a jamais eu de problème d’argent avec la mairie, mais c’est aussi à nous de nous adapter, car ils ont énormément de clubs à gérer. » Pour augmenter ses subventions, il a récemment quitté le giron municipal pour celui de l’agglomération, mais continue de bénéficier du soutien des élus dans un domaine primordial : les infrastructures. Actuellement, le club évolue au stade omnisports, utilisé en parallèle pour les compétitions d’athlétisme. Impossible de monter en Ligue 2 avec une telle configuration, la LFP interdisant qu’un stade de football serve pour d’autres disciplines. Mais Florence Dabin l’assure, le conseil planche actuellement sur la création d’une enceinte dédiée, évolutive elle aussi.

À Pau, le problème logistique est légèrement différent puisque le Stade du Hameau alterne entre ballon rond et ballon ovale. « Il n’y a rien à faire : culturellement et traditionnellement, on est sur une terre de rugby » , soupire Bernard Laporte-Fray, qui rappelle que la Section paloise rassemble 18 000 spectateurs par match, quand son équipe en réunit 5000 les meilleurs jours. « La situation n’est plus tenable à cause de l’état catastrophique de la pelouse, sans compter que nous ne jouissons pas de toutes les installations sur place. Mais sinon, la relation avec le rugby se passe très bien » , rassure-t-il.

Et demain ?

En tribune, Nico confirme : la rivalité avec le rugby concerne principalement l’état du terrain et le calendrier qui avantage souvent la Section. « Je me rappelle notre premier match de la saison, on a dû jouer un jeudi à 19h à Tarbes ! » , peste le co-fondateur des Supporters de la Tribune Ultra Paloise (STUP), qui revendique un peu moins d’une trentaine de cartés. Nico l’assure, malgré la toute-puissance du rugby, le football bénéficie d’un vivier de fans de football comme lui, présents pour supporter l’équipe de leur ville : « On a des supporters de l’OM et du PSG qui s’intéressent de moins en moins à la Ligue 1 et se tournent de plus en plus vers le Pau FC en allant au stade le vendredi soir. » Et l’engouement va crescendo, même si en ville « les seules écharpes que tu croiseras, ce sont celles de la Section » . Deux ans après sa création, la STUP attend le futur stade avec impatience. « Il ne sera pas grand, mais ce sera chez nous. » Surtout, l’enceinte mettra fin aux horaires décalés et créera, ils en sont convaincus, une ambiance plus chaude. « On risque d’avoir plus de demande que d’offre, sourit le président Laporte-Fray. Même si on n’a pas le budget espéré, on pourra au moins compter sur notre douzième homme » , philosophe-t-il en rappelant que les cartés de la STUP bénéficient déjà d’abonnements à moitié prix.

Du côté de Cholet, Sothy le reconnaît, le supportérisme en est encore à ses balbutiements. Le capo du Black-Red Kop ne s’intéresse au foot que depuis trois ans et apprend les codes du stade « avec des mordus de foot qui vont parfois avec les ultras de Nantes, Caen ou Marseille. Mais ils me suivent pour soutenir le club de leur ville. Quand on a fait le déplacement au Red Star, on était quatre, mais on nous a bien vus à la télé » , sourit-il. « Ici, c’est difficile de faire bouger les gens. On te regarde bizarrement quand tu fais un truc bizarre, comme crier en tribune » , analyse ce Choletais de naissance, qui confesse que les bons résultats ramènent logiquement plus de monde. « Ce qui manque avant tout, ce n’est pas du public, c’est de la voix. » Benjamin Erisoglu conclut : « Je ne crois pas qu’ici, il y ait un public de foot ou de basket. Il y a surtout des Choletais amoureux de leur ville, comme moi. »

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Par Julien Duez

Tous propos recueillis par JD.

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