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Le patient toulousain

Par Antoine Mestres
4 minutes
Le patient toulousain

Quatrième début avril, le TFC y a cru, à cette qualif' européenne. Mais il a lâché dans les derniers instants. Pas si grave, finalement, pour un club, qui, patient, continue de se structurer.

Trois points lors des six dernières journées. Trois nuls et trois défaites. Une misère. Oui, le TFC est passé à côté de quelque chose de sympa en cette fin de saison. Le maintien en poche, les joueurs libérés, des objectifs légèrement relevés, le club, qui s’est alors discrètement mis à rêver d’une participation à l’Europe League, s’est écroulé. Et a terminé 8e, comme la saison passée. Sauf que la saison passée, deux-trois bons résultats sur la fin avaient fini par valoriser une saison plutôt moyenne. Cette fois, la dynamique était toute autre. Pas de quoi cependant perturber le business-plan du combo Sadran-Casanova. Le TFC est toujours dans les temps.

Succéder à l’AJA ?

« Les deux premiers objectifs : le maintien et faire mieux que la saison dernière en termes de points ont été atteints. Après, il y a une déception et une certaine forme de gâchis sur les deux derniers mois, on ne peut pas l’enlever. Mais quand on prend un peu de recul, on termine très proche de l’Europa League. Le bilan global est satisfaisant. Je ne veux surtout pas apparaître gagne petit, j’ai beaucoup d’ambition et un esprit compétiteur au maximum. Mais si on n’a pas mieux fini que ça, c’est qu’il y a des raisons. On n’avait sûrement pas les moyens au moment d’aborder ces deux derniers mois. » Cette citation de coach Casanova est révélatrice de toute l’ambiguïté du discours toulousain. Du paradoxe qui entoure ce club. Et de sa recherche d’identité juste derrière les ténors du championnat. Club de grande ville, mais grande ville plus rugby que foot, un cas unique en France. Club trop fort pour le milieu de tableau, mais trop jeune et naïf pour toucher le nouveau « Gros Quatre » (Montpellier, Paris, Lille, Lyon). Moins ambitieux que Rennes dans ses effets d’annonce, et du coup, moins sujet aux railleries, moins historique que Bordeaux et du coup, moins attendu, Toulouse se situe là, juste derrière. Un discours pas assez punchy et trop mou, pour certains. Réaliste, pour d’autres. À géométrie variable, et peut-être très politique finalement. Car s’il permet de dire que Toulouse aurait pu mieux faire et toucher le top 5, il valorise également, en arrière-plan, un travail de formation qualitatif qui marche et stabilise un club au budget moyen dans la partie haute du classement depuis plusieurs saisons.

Oui, Alain Casanova n’est pas très marrant, oui, ses équipes n’ont jamais été ultra sexy, mais Alain Casanova est un vrai formateur qui travaille dans le long terme. Et ça, personne ne peut le lui retirer. Étienne Capoue au plus haut niveau, c’est lui. Ali Ahamada, c’est lui. Derrière Rudi Garcia et René Girard, il est peut-être d’ailleurs le coach qui le fait le mieux en Ligue 1 à l’heure actuelle. Peut-être le coach qu’il fallait à Auxerre pour succéder à Jean Fernandez, en fait. Et ça, Alain Casanova l’a bien compris : « Je pense qu’on ne nous valorise pas assez, Auxerre donnerait beaucoup de choses pour être à notre place. » D’ailleurs, en poussant un peu la comparaison, on observe que ce Toulouse-là a beaucoup de cet Auxerre bâtisseur et pédagogue qui se construisait et se rapprochait des sommets avec sa classe biberon : un entraîneur auquel on fait confiance dans la durée (au club depuis quatre ans, Alain Casanova est encore sous contrat jusqu’en 2013), des ambitions très mesurées et la quête du maintien comme discours officiel, un centre de formation qui tourne à plein régime et fournit la première, et un bloc qui joue bas. Des fondations solides, quoi. En attendant ce grand attaquant, celui qui pourrait changer le visage de l’équipe.

Former, encore

Au stade donc pré-natal des projets lillois et montpelliérain, ou sur la base d’un projet club plus modeste type Auxerre, le Téfécé va continuer de bosser dans ce sens et de préciser son identité. « Il y avait trois jeunes du centre de formation qui jouaient régulièrement avec Montpellier. Nous, on était entre cinq et sept. Je trouve ça magnifique et ça montre bien que ce n’est pas qu’avec l’argent qu’on fait des choses. À un certain moment, il faut aussi une forme de réussite pour bien faire ces choses. Montpellier, comme Lille auparavant, a su très bien s’appuyer sur sa politique de formation. On le fait aussi » , ajoute Alain Casanova. Alors il lui manque quoi, en fait, au TFC ? « Pas grand-chose en fait. Cette année, on est mieux, réguliers dans le haut du tableau, petit à petit, on avance. J’ai confiance, ça va le faire avec toujours du travail et de la cohérence. Il nous manque juste le petit déclic, le petit surplus de confiance pour se lâcher complètement » , précise Étienne Didot, le taulier, la plaque tournante des pitchouns. Et puis c’est vrai ça, c’était quoi Montpellier, avant ?

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