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Le pastis à la crème anglaise
Newcastle United n'aura eu besoin que d'un an pour retrouver la Premier League et n'aura pas attendu la dernière journée pour connaître son sort. A deux victoires du titre, les Magpies reviennent de loin et permettent à une ville fondue de football d'afficher de nouveau sa fierté. Une sorte d'OM post-affaire VA, sans le soleil et Jacques Glassmann.
24 mai 2009, Villa Park, 16h38, la frappe de Gareth Barry, aux 25 mètres, déviée par l’Irish Damian Duff, trompe Harper et scelle le sort de Newcastle, relégué en Coca-Cola Championship. Quasiment un an plus tard, Nottingham Forrest et Cardiff se laissent sur un score vierge et assurent aux Magpies la remontée vers la Premier League. Newcastle, contrairement aux années passées, ne s’est donc pas enterré trop longtemps dans l’antichambre de l’élite britannique. Pourtant, en août 2009, les experts et la presse anglaise prédisaient au club du nord de l’Angleterre un “revival” du destin sportif et financier d’un autre grand tombé bien bas, Leeds United : une glissade en 3ème division (League One) et des sacs pleins de dettes.
500 000 livres de pertes hebdos
Avant la reprise en juillet 2009, les joueurs de Newcastle tentent tant bien que mal de quitter le navire (Owen sera le seul à partir), Alan Shearer rend son tablier, laisse les rênes à son adjoint Chris Hughton et le propriétaire met une seconde fois en vente le club. Finalement, le milliardaire se ravisera, convaincu par le bon début de saison de ses joueurs et piochera toute la saison dans son portefeuille personnel pour combler les énormes trous d’un budget mal taillé pour un club de D2 anglaise (500 000 livres de pertes hebdomadaires selon le Guardian).
Le début de saison prometteur des Magpies se confirmera toute l’année. Nous avons même des statistiques à faire pâlir un Philippe Doucet, adepte du genre : Newcastle est invaincu à St James Park en championnat, possède la meilleure attaque avec quatre strikers à plus de 10 buts (Nolan, Carroll, Lovenkrands et Ameobi), la meilleure défense au goût latino-américain (Coloccini, Jose Enrique et Gutierrez), a rendu 20 “clean sheets”, a 9 points d’avance sur le second, est à 2 matches de la barre des 100 points, et a toujours un Joey Barton dans son squad, exempt de carton rouge cette année, le plus bel exploit sans doute de cet exercice 2009-2010.
43 000 spectateurs hebdos
Alors bien sûr, la presse anglaise arrive encore à faire la fine bouche. En se trompant lamentablement sur leurs prévisions, les canards britons se rattrapent aujourd’hui en crachant sur la qualité de jeu proposée par la bande à Chris Hughton, adepte il est vrai d’un 4-5-1 pas génial, avec à la baguette le sécateur Barton, Alan Smith ou encore Nicky Butt, appuyés par Kevin Nolan, probablement le futur capitaine des Magpies. Mais comment donner tort à Hughton ? Dans une division où les bouchers sont de sortie à chaque journée, où chaque adversaire a envie de s’offrir le scalp de Newcastle, l’ancien intérimaire aujourd’hui en possession d’un contrat de 2 ans a privilégié l’impact physique, celui-là même qui avait manqué la saison dernière et causé la perte des Magpies.
Mais les fans de Newcastle s’en tapent comme de l’an 40. Avec une affluence moyenne de 43 000 personnes, St James Park et ses supporters confirment que le club de Mike Ashley peut jouir d’un soutien indéfectible de sa base. Au jeu des comparaisons, disons que Newcastle ressemble à l’OM, club historique le plus éloigné de la capitale, avec des supporters cachés sur toute l’île britannique, des supporters fiers du club le plus prestigieux de leur région, des supporters assurant toujours une tribune visiteuse pleine, des fûts de bière à la place du pastis et surtout un accent indéchiffrable.
Seule différence : le palmarès à enrichir, complètement vierge depuis 1969 (victoire en Coupe des Villes de Foires, l’ancienne C3). Et on ne va pas se mentir, un titre de D2 anglaise comptera pour du beurre.
Par Ronan BOSCHER
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