- CAN 2010
- Demi-finale
- Algérie/Egypte
Le passif
Depuis une vingtaine d'années, le contentieux Égypte-Algérie ne cesse de se nourrir de multiples incidents qui semblent avoir atteint leur apogée en novembre dernier. Pour le match de ce soir, les autorités des deux pays multiplient les appels au calme. Voire... En attendant, retour sur les incidents qui ont émaillé les rencontres entre les deux pays.
17 novembre 1989
L’Algérie reste à l’époque sur deux qualifications aux coupes du monde 1982 et 86. Elle ne se voit pas rater le Mondial italien de l’été suivant. Un mois plus tôt à Constantine, elle a concédé un nul à domicile à son voisin et rival égyptien. Les Fennecs se rendent au Caire pour inverser la tendance et réussir la passe de trois. Dans un match au couteau, âpre, devant plus de 100 000 spectateurs, les Pharaons l’emportent grâce à un arbitrage équivoque et retrouvent la coupe du monde plus de cinquante après leur et seule unique participation au tournoi planétaire, en 1934. Dans le tumulte de la fin de la rencontre, Lakhdar Beloumi, le meilleur joueur algérien, avait crevé l’œil d’un médecin égyptien présent dans le même hôtel que la délégation algérienne. Suite à son refus de se présenter à la convocation de la justice égyptienne, Beloumi est recherché depuis par Interpol. Cela fait vingt ans qu’il ne peut pas sortir d’Algérie. Depuis lors, la fracture entre les deux équipes est béante…
8 mars 1990
Comme cette année, les deux équipes se retrouvent quelques mois plus tard à la CAN organisée en… Algérie. Les Pharaons refusent dans un premier temps d’envoyer une équipe. Devant les menaces de la Confédération africaine de leur infliger une suspension longue durée, une formation composée de réservistes et d’espoirs fait le déplacement. Elle perd ses trois matchs de poule contre la Côte d’Ivoire, le Nigeria et… ça ne s’invente pas… l’Algérie.
21 juillet 2001
En étant incapable de battre l’Algérie à Annaba (1/1), quatre mois après l’avoir corrigé au Caire (5/2), l’Egypte rate la qualification à la coupe du monde 2002 qui profite au Sénégal dans un groupe de la mort ultra serré qui comprend également le Maroc.
29 janvier 2004
Peut-être qu’aujourd’hui, jeudi 28 janvier 2010, l’Algérie de Nadir Belhadj mettra fin à six ans (à un jour près) d’invincibilité égyptienne en coupe d’Afrique des nations, soit dix-sept matchs. Quatre cette année en Angola, six il y a deux ans au Ghana, six encore en Égypte même en 2006 pour deux tournois gagnés par les Pharaons, et le dernier match de poule en Tunisie en 2004 contre le Cameroun. Trois jours plus tôt, à Sousse, l’Algérie n’avait pas voulu que la série commence par elle. Ce soir, à Benguela, la proverbiale boucle sera peut-être…
27 décembre 2008
Lors du match retour de la demi-finale de la coupe de l’Union nord-africaine des vainqueurs de coupe, entre l’équipe locale de la JSM Bejaia et la formation égyptienne de Nadi El-Masri de Port-Saïd, l’entraîneur de l’équipe visiteuse (l’ex-légende des Pharaons, vainqueur de trois CAN) Hossam Hassan et son adjoint (son jumeau Ibrahim) s’en prennent subitement au quatrième arbitre, le molestent, l’insultent, crachent sur celui du centre, cassent le banc de touche et insultent le public avant de refuser de sortir après leurs expulsions. Ibrahim Hassan sera suspendu cinq ans avec interdiction d’exercer toute autre activité sportive durant la même période et se verra infliger une amende de 20 000 dollars… Son frère n’écopera que de six matchs de suspension et d’une pénalité de 2000 dollars.
7 juin 2009
En partance pour la Coupe des Confédérations en Afrique du Sud une semaine plus tard (où ils sècheront les champions du monde italiens (4/3), les doubles champions d’Afrique n’envisagent pas une seconde de perdre en Algérie pour un vulgaire match éliminatoire au Mondial 2010. Pensez donc, les Renards du désert n’étaient pas présents aux phases finales de la CAN en 2006 et 2008. A Blida, par 35 degrés à l’ombre, dans une ambiance survoltée et hostile, une Algérie revancharde surclasse une Égypte suffisante (3/1). Tout un pays croit désormais à une qualification au Mondial vingt-quatre ans après…
14 novembre 2009
Dans une ambiance de guerre -le bus de l’équipe algérienne a été caillassé deux jours plus tôt à l’arrivée des Fennecs en Égypte-, les Pharaons ratent le coche dans cette rencontre décisive pour aller en Afrique du Sud. Il leur faut une victoire avec trois buts d’écart. Touchée de plein fouet par la crise et les frustrations imposées par le régime, la rue cairote exige ses siens une qualification. Tétanisés par l’enjeu, et bien que menant au score au bout de trois minutes, les Égyptiens n’arrachent un match de barrage que dans l’extra-time. Ils ont laissé passer leur chance…
18 novembre 2009
Organisé à Khartoum, chez les voisins soudanais des Égyptiens, le match d’appui se déroule dans une ambiance de fin du monde. Boosté par des charters de supporters payés par le gouvernement algérien, les Fennecs n’offrent pas le même visage, apeuré, que quatre jours plus tôt au Caire. Comme s’ils sentaient que les Pharaons avaient laissé passer leur chance ; comme si la longue pénitence de vingt-quatre ans sans Mondial devait prendre fin ce jour-là à Khartoum. Vingt jours après, les rôles étaient inversés. Dans un climat délétère, où les vieilles rancœurs prennent le pas sur la raison, les favoris égyptiens laissent leur place aux jeunes Algériens avides de reconnaissance. Pour la cinquième fois de suite, les sextuples champions d’Afrique regarderont la coupe du monde à la TV.
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