- Bulgarie
- 50 ans de Hristo Stoichkov
Le passage loupé de Stoichkov à Parme
Il y a 21 ans, le fantasque Bulgare découvrait la Serie A avec la ferme volonté d’y conquérir le Scudetto. Il repartira pour Barcelone après seulement une année et très peu de buts.
« Peut-être que Dieu n’est plus bulgare, mais l’arbitre reste français. Mais pas de soucis, je m’entendrai bien avec les Italiens. » En débarquant dans la Botte, la première chose que l’on fit remarquer à Stoichkov furent ses critiques acerbes sur l’arbitrage de M. Quiniou à la suite de la demi-finale du Mondial 94, un an plus tôt, entre sa sélection et la Squadra Azzurra. Par ailleurs, le Bulgare avait bien failli atterrir à l’Inter, l’offre était supérieure, mais Hristo, homme de parole, a bien signé à Parme : « C’est le premier club qui m’a fait une offre, je n’ai même pas discuté d’argent, ce qui m’intéresse, c’est de gagner le championnat. » Loupé.
Un costard pour Cruyff
« Son premier entraînement avait attiré pas moins de 3000 personnes, et je peux vous dire que cela n’arrive pas souvent à Parme. Mais c’est normal, il s’agissait tout de même du Ballon d’or en titre. » Ex-attaquant du club et team manager jusqu’à la récente faillite, Sandro Melli a côtoyé Stoikchov durant sa parenthèse parmesane, une arrivée qui avait eu le don de booster la vente des abonnements. Mais d’ailleurs, pourquoi avait-il quitté le Barça après une idylle de cinq ans ? « Cruyff est un envieux, il m’a fait la guerre parce que moi, en tant que joueur, j’ai tout gagné avec lesBlaugrana, et lui presque rien. » Fidèle à sa réputation, le natif de Plovdiv n’a pas sa langue dans sa proche et promet : « Des titres plus que des buts, une équipe qui reste sur trois finales de Coupes d’Europe consécutives, en gagnant deux, peut légitiment prétendre au Scudetto. » Surtout quand elle est vice-championne en titre.
Stoichkov prend ainsi place au milieu du trident offensif du tout nouveau 4-3-3 de Nevio Scala, ce dernier abandonnant le 5-3-2 qui a fait sa réputation sur la scène continentale.
« Quand je jouais, c’est moi qui était avant-centre, explique Melli. Sinon, c’était lui ou Zola. Cependant, Hristo aimait bien s’excentrer, il adorait partir de l’aile. » En plus de ces grands noms, on retrouve un jeune Pippo Inzaghi titularisé aux côtés du Bulgare pour leur première à chacun. Le Tardini bondé et enthousiaste accueille l’Atalanta en ouverture du championnat. Bilan du numéro 8 gialloblu ? Un poteau et un but sur un de ses fameux coups francs. Les présentations sont faites.
Nostalgie catalane
Et ça continue de plus belle. Muet face à l’Inter et la Samp, il plante contre la Fiorentina et inscrit un doublé à Padova. 4 buts en 5 journées, on pense la machine lancée, d’autant qu’il est le protagoniste principal de la folle remontée contre l’Halmstads en 8es de Coupe des coupes. Battus 3-0 en Suède, les Transalpins s’imposent 4-0 au retour grâce à un but et deux passes décisives du Bulgare. Le début d’une belle aventure ? « Non, ce fut une année difficile, on finit sixièmes, on sort relativement tôt dans les coupes. Hristo n’a jamais réussi à se mettre dans le bain. On voyait bien qu’il n’était pas le joueur que l’on avait connu ou vu à la télé. Objectivement, il avait du mal à s’insérer dans un nouveau contexte. Il faut savoir que ce Parme-là avait une structure encore très amateur, il n’y avait pas de centre d’entraînement proprement dit, on bougeait souvent. Lui venait d’une des capitales européennes du foot avec tout le confort qui l’accompagne. Je pense qu’il a subi cette situation » , tente ainsi de justifier Melli.
Stoichkov ne marquera encore qu’un but en championnat et souffre énormément de l’aspect physique de la Serie A, finissant très rarement les rencontres.
L’entente avec Zola n’est jamais trouvée, tandis que les publics adverses le prennent souvent à partie : « Parce qu’ils le craignaient, mais aussi parce qu’il avait un fort caractère, ce qui lui a créé beaucoup d’ennemis dans les médias. On le dépeignait de manière trop négative par rapport à la personne qu’il était vraiment. Hristo, c’est un bon mec, je suis encore ami avec, Benarrivo aussi. En revanche, ça a été un peu plus compliqué avec Scala, mais c’était surtout à cause des mauvais résultats. » Plein de bonnes intentions au départ, Stoichkov a une envie soudaine de rentrer en Catalogne. C’est que son ennemi Cruyff est sur le départ. « Petit à petit, il s’est mis à manifester son mal-être. Il voulait revenir au Barça, c’était évident. Malheureusement, l’amour n’a jamais éclos entre lui et Parme » , conclut Melli. Le projet de la Parmalat non plus, puisque l’ancien géant des produits laitiers comptait en faire son ambassadeur en l’Europe de l’Est. Mais Hristo a décidé de repartir à l’ouest, à 30 ans, pour entamer le début de sa parabole descendante. Bien trop tôt.
Par Valentin Pauluzzi
Propos recueillis par VP, sauf Stoichkov par le Corriere della Sera