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PSG : faites le travail
En ce jour de Fête du travail, le PSG doit enfiler le bleu de chauffe à Dortmund s’il veut voir la finale de Ligue des champions. Une manière aussi de camoufler son costume de favori, quatre mois après avoir dompté le BvB en poule. Car si Paris peut valider son nouveau statut européen en cas de victoire, attention à ne pas prendre le Borussia de haut.
Pour la troisième fois en cinq ans, le Paris Saint-Germain s’est hissé dans le dernier carré de la Ligue des champions. Ce qui est déjà une victoire pour le PSG, qui ne comptait jusqu’alors qu’une excursion à ce niveau (en 1994-1995), et ce, malgré les investissements colossaux consentis depuis le début de l’ère QSI en 2011. Atteindre les demi-finales de C1 est d’autant plus une réussite que le club se dépeignait comme en reconstruction cette saison, après les départs de Lionel Messi et Neymar. Sincère ou pas, ce constat n’a plus lieu d’être à l’heure où le PSG se trouve à deux matchs de sa deuxième finale de Ligue des champions. Deux rencontres que le tout nouveau champion de France aborde, qui plus est, en favori face au Borussia Dortmund.
Avantage psychologique
Ce statut, Paris l’a jusqu’ici assumé (logiquement) face à la Real Sociedad en huitièmes, puis plus péniblement face au FC Barcelone en quarts. Et il devra encore le faire face à un adversaire qui a pourtant fini devant lui lors de la phase de poules, puisque le club rhénan a terminé premier du « groupe de la mort » devant Paris, Milan et Newcastle. Ce que le classement du groupe ne dit pas, en revanche, c’est que c’est bien face à Dortmund que le PSG a empoché le plus de points (4 sur ses 8 points totaux), avec une victoire nette à domicile (2-0) avant le nul du retour le 13 décembre (1-1), lors duquel Paris jouait sa survie sans avoir son sort entre les pieds. Autrement dit : quatre mois plus tard, l’avantage psychologique est bien parisien.
Sportivement aussi, tous les voyants sont passés au vert pour Luis Enrique et ses troupes. Les copies brouillonnes du début de saison sont des mauvais souvenirs (à peine ravivés par le nul concédé face au HAC samedi), effacés par les prestations collectives des dernières semaines, notamment face au FC Barcelone ou à Lyon en Ligue 1. Quand bien même Luis Enrique brouille les pistes en changeant souvent les hommes, force est de constater que l’Asturien a réussi à poser sa patte sur son groupe. Sous contrat jusqu’en 2025, et alors que Kylian Mbappé, le dernier galactique, s’apprête à faire ses valises, l’entraîneur espagnol est devenu la tête d’affiche du projet. Ce qui en dit long sur le changement de paradigme d’un club qui priorise enfin le collectif. Une façon, aussi, pour Luis Enrique, de protéger son vestiaire et de dévier la pression, en devenant le personnage principal de la série Paris Saint-Germain. Reste que, comme toute bonne série, le PSG croise ce mercredi la route d’un antagoniste de premier choix.
Le Borussia va mieux
Dans un Signal Iduna Park qui n’a plus goûté à une demi-finale européenne depuis 2013, les Parisiens devront composer avec une ambiance plus exceptionnelle encore que celle qui fait la réputation du mur jaune. En première ligne, Ousmane Dembélé, déjà tancé par le public de son ex barcelonais, devrait à nouveau bénéficier d’un accueil particulier. Parti après une seule saison du côté de Dortmund, le Français reste certes la plus grosse vente de l’histoire du BvB (135 millions d’euros), mais il a surtout brisé les cœurs en partant à l’issue d’un bras de fer avec le club. Absent en décembre dernier, Dembouz sera donc la cible de ses anciens supporters, qui gardent sa grève en travers de la gorge, sept ans plus tard. Il faudra de toute façon un douzième homme de premier plan pour les Schwartzgelben privés de Sébastien Haller et Donyell Malen, mais qui pourront bien compter sur Mats Hummels et Marcel Sabitzer, ainsi que sur leurs deux renforts hivernaux : Jadon Sancho et Ian Maatsen.
Ce dernier, irrésistible dans son couloir gauche depuis son arrivée en prêt de Chelsea, ne sait pas encore qui de Karim Adeyemi ou Marco Reus sera aligné devant lui. Un des rares points d’interrogation de ce Borussia Dortmund à la traîne en championnat, mais paradoxalement serein. « Nous sommes bien meilleurs et mieux équilibrés qu’il y a six mois. Au Parc des Princes, nous n’avions pas été à la hauteur. C’était l’une de nos pires prestations de la saison, a d’ailleurs prévenu Emre Can dans L’Équipe. Nous ne sommes pas par hasard dans le dernier carré. En C1, nous sommes très costauds. Nous avons sorti l’Atlético en lui infligeant quatre buts et nous avons fini en tête du groupe le plus compliqué alors que personne ne nous voyait passer l’hiver. » Relégué à cinq points de la quatrième place en Bundesliga, après la gifle reçue à Leipzig samedi (4-1), Dortmund devrait toutefois bénéficier de la réforme de la Ligue des champions pour être qualifié à la prochaine Ligue des champions (si l’Allemagne termine bien au deuxième rang à l’indice UEFA de la saison). En d’autres mots, le BvB n’a rien à perdre dans cette demi-finale, lui qui rêve de disputer une nouvelle finale de Ligue des champions à Wembley onze ans après celle… à Wembley.
Par Adrien Hémard Dohain