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Le Parc : un public de Ligue des Champions?

Par Anthony Cerveaux, Pierre Girard et Nicolas Hourcade
Le Parc : un public de Ligue des Champions?

« On a besoin d’un public plus optimiste, d’un public de Ligue des Champions » affirmait la semaine dernière Leonardo. Alors que Valence se pointe pour un match décisif, quelle est vraiment, au-delà des controverses et des fantasmes, l’ambiance du Parc ? Revue de tribunes avec ceux qui peuplent les nouveaux virages Auteuil et Boulogne.

Depuis l’instauration du plan Leproux à l’été 2010, à la suite d’affrontements entre supporters parisiens ayant causé la mort d’un membre de la tribune Boulogne, le PSG se félicite de l’apaisement du climat du Parc des Princes. Mais ceux qui, comme Leonardo, ont connu un autre Parc ne parviennent pas à se satisfaire complètement de la versatilité des supporters actuels. Après les sifflets adressés à Ibrahimovic lors du « Classique » en championnat, Leonardo a profité d’une interview à l’AFP pour réclamer « un public qui nous pousse tout le temps, qui aide l’équipe, qui soit confiant. On a besoin d’un public plus optimiste, un public de Ligue des Champions. Sans ça, ce sera difficile de réussir… » .

Ce coup de gueule du directeur sportif du PSG vient alimenter un débat, aussi récurrent que passionné, sur l’ambiance actuelle du Parc. Pour ceux qui s’opposent à la politique du PSG en matière de supporters, l’ambiance est aujourd’hui toute pourrie et complètement muselée par les dirigeants du club. Selon lesdits dirigeants et les supporters qui critiquent l’ancien climat de violence du Parc, elle est assainie et pas si nulle que ce que prétendent ses détracteurs. Pour d’autres fans, elle est un peu tout ça à la fois.

So Foot a donc décidé d’aller y voir de plus près. D’abord en assistant à plusieurs matches dans les virages du Parc. Qu’avons-nous observé ? Que l’ambiance est extrêmement liée au déroulement des matchs. Qu’en l’absence de leaders en tribunes, elle a du mal à s’organiser. Qu’elle n’atteint pas les sommets qu’elle pouvait connaître du temps de la splendeur des groupes de supporters, mais que, du fait de l’architecture du Parc et de sa résonance, elle peut faire encore beaucoup d’envieux en Ligue 1. Que le climat de tension, plus ou moins latent, qui pouvait exister auparavant entre les différentes factions du Parc a largement disparu. Mais qu’il a été remplacé par de nouvelles tensions, plus subtiles mais bien ancrées, entre ceux qui contestent la politique du PSG et critiquent les « lynx » (du nom de la mascotte du PSG post-plan Leproux) en scandant régulièrement « Et il est mort le Parc des Princes » ou « Des ultras à Paris » et ceux qui n’apprécient guère d’être ainsi dénigrés. Que les stadiers, habillés de rouge ou de bleu, sont omniprésents et très restrictifs, au point de faire parfois peser un climat oppressant. Qu’il faudrait parvenir à sortir du débat stérile consistant à clamer que le Parc était mieux avant ou qu’il est mieux maintenant, puisque le bilan est évidemment plus nuancé.

Enfin, nous avons constaté (ce qui n’est pas une découverte monumentale, on vous l’accorde) que les profils des occupants actuels des virages sont extrêmement variés. Nous sommes donc allés à la rencontre de plusieurs abonnés d’Auteuil et de Boulogne pour savoir ce qu’ils pensent de l’ambiance du Parc.

Louise et Jorge* : « Supporter historique ne veut pas forcément dire ultra »

Louise et Jorge approchent dangereusement de la quarantaine. D’emblée, ils préviennent : « Pour nous, le PSG passe avant l’ambiance, contrairement aux ultras qui font passer le club après leur groupe » . Dans le langage des tribunes, on pourrait les qualifier de « lambdas » . Comprendre des supporters fidèles n’étant affiliés à aucun groupe et ne partageant pas le délire ultra. Eux-mêmes ne savent pas trop comment se définir. En tout cas, depuis des années, ils soutiennent le PSG au Parc et avalent les kilomètres pour le suivre régulièrement en déplacement. Louise : « Dès qu’on a le calendrier de la saison, on prend nos vacances ou nos week-ends en fonction des matchs du PSG » . Ils étaient, par exemple, du déplacement crispé à Sochaux en mai 2008 – dont peu aujourd’hui peuvent se réclamer – lorsque le PSG luttait pour le maintien. Abonnés de longue date en quarts-de-virage (K et A), après une expérience peu convaincante à Boulogne ( « au bout d’un moment, le racisme de certains était vraiment trop pesant » déplore Louise), ils ont glissé cette année en virage puisque leurs anciennes places sont désormais intégrées, via un rabotage drastique des quarts-de-virage, à la tribune présidentielle. La loterie de l’aléatoire les a amenés à Auteuil.

Quand il s’agit de parler de l’ambiance actuelle, ils s’emportent d’abord contre ceux qui prétendent que « le Parc, c’était mieux avant » . « A les croire, les virages étaient toujours derrière le club avant, mais ce n’est pas vrai. Avant, c’était aussi des grèves, des revendications perpétuelles et le racisme de Boulogne : à domicile, tu pouvais passer à côté, mais en déplacement, c’était lourd » souligne Jorge, qui ne cache pas son irritation devant le comportement de certains supporters critiques : « Je ne supporte pas que des gamins de 17 ans me traitent de collabo ou de lynx alors qu’ils n’étaient pas nés et que j’allais déjà au Parc » . Il en profite pour rappeler que « tous ceux qui sont arrivés à Auteuil avec Canal+, en 1991, ils se faisaient traiter de Mickey aussi ! » . Et l’ambiance alors ? « C’est vrai que ça ne chante pas autant que ça pouvait le faire avant dans les bons moments, mais ça revient lentement, c’est plus sain estime Jorge. Les gens ne demandent qu’à chanter, mais il n’y a pas de ‘capo’ pour lancer les chants et ceux qui essaient de mener l’ambiance sont aussi là pour contester le PSG et s’opposent parfois au reste de la tribune » .

Et le plan Leproux ? De concert, ils affirment que « l’aléatoire est une bonne mesure. Aujourd’hui, n’importe qui peut se retrouver à Boulogne et ça, c’est une bonne chose » . Pour autant, ils considèrent que la cause des anciens abonnés « était juste au départ » . « C’est vrai que le plan Leproux a aussi viré beaucoup de gens, surtout à Auteuil, qui n’avaient rien avoir avec les problèmes regrette Louise. On s’est intéressés au projet de Liberté pour les Abonnés, mais on a vite été déçus. Ils n’ont pas su prendre leurs distances par rapport au racisme et à la violence. On ne pouvait donc pas les suivre. » Ils jugent que certains anciens ont commis des erreurs stratégiques : « Les gars d’Auteuil auraient dû continuer à venir assène Jorge. L’aléatoire, c’est surtout Boulogne que ça emmerde » . Louise déplore également la « mauvaise communication des contestataires. A force de dire ‘Paris c’est nous’ et d’insulter les autres, ils ont créé de l’incompréhension chez des supporters historiques comme nous et ils se sont mis à dos tout le nouveau public. On leur reproche de s’autoproclamer comme les seuls supporters du PSG » .

Ses comptes réglés avec les supporters contestataires, le couple n’en est pas moins critique envers la politique commerciale du PSG : « Ça fait dix ans qu’on est abonnés et pourtant, on n’a vraiment pas l’impression d’être traités comme des clients fidèles. Le service billetterie n’a jamais été fameux, mais ça ne s’est pas amélioré avec les Qataris. En plus, on n’a pas souvent la possibilité d’acheter une place en parcage visiteur sans passer par le déplacement officiel du club alors qu’on veut en profiter pour se balader en ville » , regrette Louise. « Avant le PSG était associé au racisme, maintenant c’est au bling-bling » note Jorge, tandis que Louise s’amuse de l’arrivée de Beckham.

Laurent : « Le PSG a mis en place une police des mœurs et de la pensée »

Laurent, jeune trentenaire fringant, allait à Auteuil avant le plan Leproux au gré des indisponibilités de son frère qui lui prêtait son abonnement. Il se calait en haut du virage, profitait de l’ambiance, tout en allumant des joints et en discutant avec les moins agités de la tribune : « Je ne venais pas souvent mais je connaissais les codes ultras instaurés par les groupes de supporters. J’aimais bien l’ambiance, les chants, les fumigènes » . Arrive le plan Leproux. Laurent verse dans la métaphore médicale : « J’ai toujours comparé ça à une chimio, t’as tout rasé et t’attends que ça repousse mais ça prend du temps… » Est-ce à dire qu’il y avait un cancer avant ? « Il y avait clairement un problème, je faisais partie des gens qui disaient qu’il fallait faire quelque chose, qu’on ne pouvait pas continuer avec la guerre Auteuil-Boulogne » . Et le remède a-t-il été concluant ? « Le plan devait être provisoire. Or la direction actuelle du club préfère laisser les virages tels quels avec l’aléatoire et ne veut plus communiquer avec les supporters historiques qu’elle considère comme de potentiels délinquants ! »

On l’aura compris, Laurent n’aime clairement pas la façon dont les choses ont évolué dans les tribunes concernées par le plan Leproux. Abonné à Auteuil, après une saison à Boulogne, il n’est pas tendre à l’encontre de la surveillance exercée par le PSG, notamment envers les mystérieux stadiers en bleu, distincts des habituels stewards vêtus de rouge : « Une forme de sécurité parallèle tue les problèmes dans l’œuf, mais ils interviennent aussi pour un pied posé sur une rambarde, une banderole ‘supporter pas criminel’, un t-shirt ou un chant qui déplaît en virant les mecs potentiellement trop portés sur la contestation ou l’animation » . Il est bien placé pour le savoir puisqu’il s’est déjà fait mettre dehors du Parc pour avoir fumé un joint, ce qui lui a valu une lettre d’avertissement du PSG lui indiquant qu’à la prochaine incartade, son abonnement serait suspendu. « J’ai fait une connerie, j’assume, je ne vais pas en faire toute une histoire » .

Et l’ambiance dans tout ça ? « Le club contrôle et musèle tout » , regrette Laurent. Poursuivant la métaphore anatomique, il assimile le virage à « un corps sans tête » . Comprendre sans leader pour orchestrer le bal et cadrer les montées d’adrénaline. « Tout ce qui était positif dans la culture supporter, dans la transmission de certaines valeurs et dans l’encadrement de l’ambiance a disparu » , déplore-t-il. On assiste aujourd’hui davantage, selon lui, à une opposition entre « un nouveau public, inexpérimenté au niveau des traditions dans le virage et qui ne connaît pas les chants, un public qui, avant, était plutôt en latérale ou en quart-de-virage. Face à ce nouveau public, des anciens, et souvent les plus jeunes parmi les anciens, avec seulement quelques années de tribune, pensent que le virage, c’est eux, lancent des chants et ont tendance à se foutre de la gueule de ce ‘nouveau public’, ce qui crée pas mal de tensions en virage… » Et engendre des scènes parfois cocasses où les supporters d’une même tribune en viennent à s’insulter.

Idéaliste, Laurent tente de se poser en médiateur entre ces deux factions. Sans grand résultat. Sinon, une remontrance d’un stadier venu lui dire que le PSG ne voulait plus de leader en tribune : « Moi, un leader ?! C’est n’importe quoi ! » s’exclame-t-il.

Marc : « Les initiatives se concurrencent au lieu de se compléter »

« PSG-Saint-Étienne, en novembre dernier, c’est un des pires matchs depuis que je retourne au Parc. 1 500 Stéphanois mettent la misère au Parc des Princes parce qu’ils sont organisés et que chez nous, c’est le chaos ! » L’entrée en matière de Marc laisse assez deviner son point de vue. Fréquentant le Parc des Princes depuis la fin des années 70, il se présente comme « plus vieux que le PSG ». Il a connu à peu près toutes les tribunes et pendant longtemps les virages « avec les bons côtés d’autrefois et les très mauvais » . Délogé par le plan Leproux, il a mis un an avant de se résoudre à retourner au Parc, en manque de stade mais pas de l’ambiance qui y règne désormais. Pensionnaire d’Auteuil après un passage à Boulogne la saison dernière suivant les désidératas de l’ordinateur, le chaos qu’il évoque en tribune a pour cause, selon lui, « une guerre d’ego » . « Il y a des initiatives à droite à gauche, mais elles se concurrencent au lieu de se compléter. Quand un petit groupe lance un chant d’un côté du virage, l’autre côté ne répond pas parce qu’il était en train de préparer un autre chant… Et donc aucun ne dure vraiment longtemps, c’est tout sauf structuré ! Et vu qu’il n’y a personne, via une association, pour encadrer le tout, ça part dans tous les sens. »

En même temps, Marc reconnaît que c’est difficile « de sortir de ce cercle vicieux dans lequel on a dissous des associations : derrière, ils ont du mal à laisser se monter de nouvelles associations au même endroit. » Désabusé, il l’est surtout parce qu’il accorde autant d’importance aux performances des tribunes qu’aux prouesses du terrain. Et même si le PSG gagne, « c’est inadmissible de se faire mettre la misère par 500 Bordelais. De manière générale, on doit chanter plus fort que ceux qui viennent chez nous » . Et d’après lui, hormis un notable PSG-Dynamo Kiev, où le retour de la Ligue des Champions s’était accompagné d’une véritable frénésie – due, selon plusieurs échos concordants, à un retour significatif et ponctuel d’anciens abonnés voulant revoir le PSG dans la compétition européenne majeure –, le reste du temps « l’ambiance oscille entre le nul à chier et le moyen » .

Céline : « Au niveau de l’ambiance, c’est devenu une corvée d’aller au Parc »

Céline ne correspond pas à l’image stéréotypée des supporters de football. Cette jeune étudiante de 24 ans, à l’allure gracile, parle pourtant du PSG avec une passion débordante. Depuis une dizaine d’années, elle se rend régulièrement au Parc des Princes. Depuis qu’avec son frère, elle a égrené les bancs de la tribune A. Encore une fois, le père a joué un rôle déterminant dans la naissance de l’addiction : « Mon père fréquentait le Parc, c’est lui qui nous a emmenés pour la première fois avec mon frère en tribune A. C’est avec lui qu’on s’est abonnés au début » . Mais rapidement l’ambiance en A paraît terne, alors que rugit, tout près, la tribune Boulogne. En 2007, Céline et son frère franchissent le pas et les grilles à leur droite pour être au cœur de l’ambiance : « C’était la tribune à côté de la nôtre, celle où on entendait tous les chants, c’est pour ça qu’on a décidé de s’y abonner » . Ils prennent place en Boulogne bleu haut « au-dessus du bloc des Boulogne Boys, là où ça chantait le plus » . Loin des manifestations douteuses de certains habitués de Boulogne : « Ça ne touchait pas le haut du virage, en tout cas, je n’ai jamais été témoin d’une démonstration de racisme là où je me trouvais » .

Lorsque le plan Leproux met fin à son abonnement, elle ne reprend pas sa carte « par solidarité avec les ultras » . Mais voir le PSG gagner depuis son canapé lui laisse un goût d’inachevé : « J’ai décidé de me réabonner l’été dernier, je ne pouvais plus me passer du Parc ! » . Le stade, ses rites, son ambiance inhalée pendant de nombreuses années, agissent comme une drogue dont on se désaccoutume péniblement. Seulement, l’ambiance a changé à Boulogne où se retrouve de nouveau Céline. Aux chorégraphies d’antan répondent l’absence de tifo et quasiment de gestuelles. Par rapport à la coordination des chants dans les anciens virages, Céline se désole aujourd’hui de constater « la scission entre certains anciens des virages qui lancent des chants tout en traitant les nouveaux de footix, et d’autres, abonnés depuis peu, qui veulent aussi participer à l’ambiance mais ne connaissent pas forcément les chants et n’acceptent pas d’être insultés » . Si bien qu’aujourd’hui, « au niveau de l’ambiance, c’est devenu une corvée d’aller au Parc » . Corvée accomplie uniquement « parce que j’ai payé mon abonnement 320 euros » , lâche la jeune étudiante, qui confie même s’être dérobée à quelques matchs à domicile.

Elle s’indigne également de la surveillance exercée par le PSG : « Il m’a fallu six mois pour réaliser jusqu’où va la répression du PSG. On ne peut même pas passer entre les différents blocs de la tribune Boulogne. Les gens qui essaient de mettre le plus d’ambiance sont aussi ceux qui sont les plus surveillés et contrôlés par les stadiers. Ce n’est pas normal ! » Déçue par sa nouvelle expérience des tribunes, elle hésite fortement à rendre sa carte d’abonnement la saison prochaine.

Jonathan : « En quoi serions-nous moins légitimes que les historiques ? »

Jonathan, 25 ans, est un homme heureux. Bien qu’il supporte le PSG depuis « une quinzaine d’années environ » , c’est seulement cet été qu’il a décidé de « sauter le pas » en s’abonnant en virage, avec trois amis. Une décision qui n’est pas étrangère au mercato colossal réalisé grâce aux Qataris : « Savoir que des joueurs comme Ezequiel Lavezzi ou Zlatan Ibrahimovic signaient au PSG, cela avait un côté insensé, irréel. Il fallait voir ces types en vrai. » Et le PSG des Pauleta, Alonzo et consorts ? Aussi, mais plus modérément : « Avant je faisais quelques matchs au Parc dans la saison avec mon père, mais savoir qu’on lutterait toute la saison juste pour espérer, éventuellement, accrocher un strapontin européen… » , ne faisait pas rêver Jonathan, qui explique honnêtement pourquoi il ne s’est pas abonné plus tôt au Parc : « Ce n’était pas un manque de thunes, puisque j’aurais pu me le faire offrir ou me le payer. Je dirais juste que c’était un manque monumental de motivation. J’étais blasé. » Alors qu’avant il était « en mode PSG seulement le week-end », il suit désormais l’actualité du club au quotidien. « J’ai trop souffert, j’ai trop entendu le PSG se faire insulter pendant les années 2000 pour ne pas en profiter maintenant. »

Jonathan n’est pas le seul à avoir vu la passion pour le PSG se rallumer à mesure que les grands noms affluaient du côté de la Porte d’Auteuil. Il n’est pas dupe et sait que beaucoup le voient comme un opportuniste : « J’entends à longueur de temps que les virages sont désormais peuplés de footix ou de lynx » . Mais il ne se débine pas pour autant : « En quoi serions-nous moins légitimes que les historiques ? On paye notre abo, on est là à chaque fois et on gueule pendant tout le match. » Un de ses camarades de travées renchérit : « On nous prend pour des ignorants. Mais j’ai des amis qui sont des anciens Ultras, aujourd’hui je ne me sens pas différent d’eux. Qui peut venir en tribune et distinguer qui est un ‘vrai’ de celui qui ne l’est pas ? » .

D’ailleurs, Jonathan aussi allume son petit joint en virage Auteuil, allant à l’encontre des omniprésentes affiches « La pelouse est sacrée, l’herbe est interdite » . Mais il le fait sous son manteau : « Les stadiers ne doivent pas me voir sinon je serai fiché direct. » Et le plan Leproux, qu’est-ce qu’ils en disent ? « Ce n’est pas moi qui ai fait que ce plan soit en place » poursuit le pote de Jonathan. Les quatre amis font part de leur lassitude, largement répandue dans les virages, de se voir dévalorisés ou carrément insultés par les supporters contestataires. Pour autant, ils reconnaissent que l’ambiance n’est pas toujours au rendez-vous, contrairement à celle des parcages visiteurs. « Ce manque d’ambiance, parfois, ça doit emmerder la direction, c’est sûr, Leonardo a connu autre chose quand il jouait » analyse un autre membre de la bande au cœur de l’automne. Il ne croyait pas si bien dire.

*Dans les différents portraits, plusieurs prénoms ont été changés.

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