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Le Paraguay pagaye
Dernier de la zone Amérique du Sud, avec 6 défaites en 10 rencontres, le Paraguay est aujourd’hui en passe de manquer son premier Mondial depuis France 98. Une tragédie pour des Guarani quart-de-finalistes en Afrique du Sud en 2010, et finalistes de la Copa América en 2011. Chronique d’une chute brutale…
« C’est le plus grand défi de ma carrière. » Gerardo Pelusso pesait ses mots, en juillet dernier, au moment de reprendre les rênes d’une Guarana agonisante. L’ancien technicien de l’Olimpia Asucion, auréolé en 2011 en clôture de la Primera Division paraguayenne – le premier titre du Club Olimpia en 9 berges – se voyait offrir une sacrée promotion. Un cadeau empoisonné, plutôt… Le Paraguay est alors avant-dernier de la zone Amérique du Sud en éliminatoires du Mondial 2014 et vient d’essuyer, en Bolivie (3-1), sa troisième défaite en six journées. Francisco Arce – ancien capitaine et héros de la Coupe du monde 98 – s’y était déjà cassé les dents avant lui. Et l’Uruguayen allait très vite s’en rendre compte.
Martino, la providence
« Personne en Amérique du Sud ne s’attendait à trouver le Paraguay à l’avant-dernière place après cinq journées, surtout après l’excellent parcours de la sélection dans les dernières éliminatoires, le quart de finale en Afrique du Sud et la deuxième place dans la dernière Copa América » , analysait Pelusso à l’heure de reprendre le flambeau. Aujourd’hui, le Paraguay n’est plus « avant-dernier » , mais bien lanterne rouge de la zone AmSud, avec 6 défaites en 10 sorties, et pointe à 5 points des premières places qualificatives au Mondial brésilien. Les Guarani semblent fatalement se diriger vers une cuisante élimination. Une issue peu conventionnelle pour une escouade qui n’a manqué aucun de ces quatre derniers rendez-vous mondiaux. En CONMEBOL, seulement l’Argentine et le Brésil avaient fait aussi bien depuis France 98. C’est dire…
Il faut dire aussi – comme le rappelait si bien Pelusso – que l’héritage de l’ex-sélectionneur Gerardo Martino, l’homme fort de la précédente demi-décennie paraguayenne, est lourd à porter. Quart-de-finaliste de la Copa América 2007, quart-de-finaliste du Mondial allemand de 2010 – éliminé (1-0) par l’Espagne, future championne du monde – l’Albiroja s’est même vue, sous les ordres de l’Argentin, tutoyer les sommets de la Copa Amercia 2011 – 32 ans après sa finale remportée en 1979 – avant d’être étrillée par l’Uruguay (3-0). Bref, Martino, c’était un peu « coach providence » en terre paraguayenne, un homme qui – fait rare – s’est tout de même vu offrir la « Médaille d’honneur du mérite sportif » des mains de Fernando Lugo, l’ancien président paraguayen, en personne.
Du neuf avec du vieux
Trois saisons après le règne de Martino, que reste-t-il du Paraguay ? Des briscards trop rouillés (Santa Cruz, Valdéz, Cardoso, Riveros, Da Silva) pour pérenniser une apogée, des jeunes (Caballero, Piris) trop frêles pour assurer la relève, des valeurs sûres flinguées par le mercenariat (Barrios), un championnat qui s’exporte mal – seulement 8 internationaux font leurs gammes dans les 5 plus grands championnats européens, contre 13 en 2010 – et un football paraguayen qui périme sans se renouveler. Alors forcément, à défaut de pouvoir compter sur une main-d’œuvre toute fraîche, Pelusso, fait du neuf avec du vieux, et advienne que pourra. Face à l’Uruguay vendredi, en match de qualification à la Coupe du monde 2014, l’Albiroja alignait un onze de départ à près de 28 ans d’âge moyen, pour une moyenne de 35 sélections par joueur. Toute une allégorie…
Mais à trop compter sur les vieux de la vieille, le Paraguay ne plombe-t-il pas ses futures générations ? Dans les faits, oui. Mais difficile d’en vouloir à l’actuel sélectionneur tant il est compliqué de trouver un joueur bankable au sein de la jeune garde guarana. Avant Pelusso, Arce avait bien essayé d’introduire un brin de fougue dans les rangs de la Selección. Des mioches comme l’ancien Toulousain Federico Santander, le Boquense Orlando Gaona, ou encore l’artilleur des Pumas Robin Ramirez – pour les moins anonymes – y ont connu, à ce titre, leur éphémère quart d’heure de gloire. Trop éphémère, justement. « Nous avons les meilleurs joueurs possibles, mais les résultats ne viennent pas » , analysait en septembre dernier Juan Ángel Napout, le président de la Fédé. Tout est dit… Alors fatalement, le Paraguay avance aujourd’hui dans l’incertitude la plus totale. Le plus tragique dans tout cela ? Larissa Riquelme ne sera pas à Rio en 2014.
Par Joshua Lekaye