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- Paraguay/Espagne
Le Paraguay a un plan
Le Paraguay avait annoncé la couleur, en ambitionnant le dernier carré. Ne reste plus qu'à renverser l'Espagne, à qui les Guaranis promettent une partie d'échecs. Et mat ?
« Notre football a toujours été basé sur l’effort, la rigueur, et notre tactique est une force. Face à l’Espagne, ce sera une opposition de styles » . Gardien du temple paraguayen, Justo Villar ne cherche même pas à bluffer. Le Paraguay ne se réinventera pas et le salut guarani passera par la pérennité des fondements nationaux : un football austère mais terriblement efficace. La preuve en chiffres : trois petits buts ont suffi à la bande à Santa Cruz pour se frayer un chemin parmi les huit derniers survivants du Mondial. Une avarice offensive bonifiée par une défense totalement étanche depuis le but de Daniele De Rossi lors du premier match de poule. Depuis 327 minutes exactement.
Selon les chiffres, le Paraguay ressemble toujours à sa caricature. Et les propos de Gerardo Tata Martino forceraient bien le trait d’une sélection qui fait déjouer, plus qu’elle ne joue : « En 90 minutes, ce n’est pas seulement celui qui joue le mieux qui gagne » a-t-il prévenu, prenant exemple sur le récent succès hollandais. « Une action fortuite a donné l’égalisation, et parfois ce genre de but définit un match » . Traduction évidente : on ferait bien le même coup aux Espagnols. Équipée de la meilleur génération d’attaquants de l’histoire du pays (Barrios, Cardozo, Santa Cruz) on misait pourtant sur un organisme guarani modifié. Mais les fines gâchettes de l’Albirroja n’ont toujours pas dégainé, et seuls les derniers remparts et les sentinelles brillent.
Disciple de Marcelo Bielsa, Gerardo Tata Martino ne peut être suspecté d’en pincer pour le catenaccio. Simplement, il s’adapte. A l’absence de Salvador Cabanas déjà, meilleur buteur lors des éliminatoires, et dont l’activité sur le front de l’attaque n’a pas trouvé d’équivalent. Aussi, à la carence nationale en milieux offensifs, une tare qui entrave la liaison avec les finisseurs. Ils étaient trois alignés face au Japon (Benitez, Santa Cruz, Barrios) en huitièmes de finale, mais ressemblaient davantage à une menace constante qu’à un péril tangible.
Face à l’Espagne, un attaquant devrait s’effacer de la dernière ligne du 4-3-3 de Martino, et l’entre-jeu guarani être renforcé par un quatrième récupérateur de formation. Pas disciple de Bielsa pour rien, l’ex-idole des Newell’s Old Boys a fait avaler à ses ouailles de la vidéo en quantité, d’où ressort la même préoccupation : couper les transmissions vers David Villa, celles du conducteur de jeu Xavi, et de la fée électricité, Iniesta. Le Paraguay a sans doute évolué en cela. Plutôt que le camp retranché devant sa surface (se remémorer le huitième de finale face à la France en 1998), il préfère neutraliser toute initiative hostile à la base. Jusqu’aux pénaltys, cette option avait par exemple plutôt bien réussi à l’Italie, en quart de finale de l’Euro 2008, face à l’Espagne. Gerardo Tata Martino a-t-il fait tourner la cassette ?
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