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Le paradoxal été merengue
Alors que la plus belle saison de son histoire se termine, le Real Madrid est déjà tourné vers le prochain exercice. Avec pour mission de faire au moins aussi bien, Zinédine Zidane devra cravacher pour conserver un groupe aussi homogène. Autant en quantité qu’en qualité.
Lorsque le coup de sifflet final retentit dans le stade national du pays de Galles, le Madridismo est tout à sa joie. Et pour cause, jamais au cours de ses 115 ans d’existence, le Real Madrid ne remporte autant de trophées en une saison – quatre, pour être précis. Jamais, non plus, la Ligue des champions nouvelle formule ne reste aux mains du vainqueur de l’édition précédente. Une soirée des premières, donc, pour une Maison-Blanche au sommet de son art et de sa gloire. Mais pour combien de temps ? À l’instar d’un Florentino Pérez prompt à se projeter sur le futur proche, la question trotte dans l’esprit de la nébuleuse madridista sitôt la Duodécima remise au capitaine Sergio Ramos. Et les réponses, elles, ne se font pas attendre. Car quelques semaines seulement après être monté sur le toit de l’Europe et de l’Espagne, le locataire du Bernabéu ouvre le bal des changements au sein de son effectif pléthorique. Trop, même, à en croire le statut de certaines stars, pourtant cantonnées à un simple rôle de jokers de luxe, et aujourd’hui en instance de départ. Autrement dit, l’été s’annonce studieux pour les éminences grises du Real Madrid.
Le Real, ce Bison futé du « Jeune et Jolie »
En attendant les premiers mouvements officiels, le Real Madrid se transforme en prédicateur à la Bison futé. Que ce soit dans le sens des départs ou des arrivées, les rumeurs, ou plutôt les informations crédibles, annoncent un trafic dans le rouge sur l’autoroute du mercato. Fidèles à leur nouvelle stratégie du « Jeune et Jolie » , les dirigeants blancs – qui ne répondent pas au nom de François Ozon – planchent déjà sur les retours de prêts des Espagnols Marcos Llorente (22 ans) et de Jesus Vallejo (20). Le premier, fils de Paco Llorente et descendant de Paco Gento formé au sein de la Fabrica madridista, sort d’un exercice surprenant au Deportivo Alavés où il s’est révélé aux yeux des observateurs de Liga comme le Sergio Busquets du futur. Pour le défenseur central, la trajectoire se rapproche plus de celle d’un Marco Asensio : acheté au Real Saragosse puis immédiatement envoyé à l’Eintracht Francfort, il s’affiche comme la relève nationale de Piqué et Sergio Ramos. Des rapatriements qui s’inscrivent dans une logique de rajeunissement de l’effectif de Zinédine Zidane. Mais des achats ne sont également pas à exclure.
Dans les tuyaux depuis des semaines, pour ne pas dire des mois, la signature de Theo Hernández (19 ans) devrait officialiser la première dépense estivale des Madridistas. À 24 millions d’euros la recrue, soit le montant de la clause libératoire du natif de Marseille, le Bernabéu flaire la bonne affaire, d’autant que l’éphémère latéral gauche du Deportivo Alavés est un prodige du centre de formation de l’Atlético de Madrid. Une prise de guerre, donc, que Florentino Pérez souhaiterait accompagner d’un autre Français : Kylian Mbappé. Malgré la concurrence d’Arsenal, de United et du PSG, le big boss du Real sait tenir une longueur d’avance sur le dossier, d’abord car le joueur semble né pour porter le maillot blanc immaculé, et ensuite parce que le champion d’Europe peut dégainer une offre indécente – certains canards pro-merengues allant jusqu’à parler de 150 millions d’euros… Bref, tous ces profils juvéniles s’inscrivent dans un plan établi pour dominer le football mondial durant les dix prochaines années. Pourtant, reste encore à savoir si les Madridistas peuvent répéter la saison qu’ils viennent de clore avec un groupe certes rajeuni, mais à l’expérience toute relative.
Morata, James et Pepe, ou l’incapacité de conserver des super-remplaçants
Car si le sens des arrivées voit rouge, il en va de même pour celui des départs. Parmi l’escouade vainqueur du doublé Liga-Duodécima, Zinédine Zidane peut d’ores et déjà faire une croix sur trois de ses joueurs : Pepe, James et Morata. Quand le premier, en fin de contrat, ne rapporte rien aux caisses de la Maison-Blanche, le Colombien et l’Espagnol peuvent être vendus pour 170 millions d’euros. Une manne financière qui n’empêche quelques doutes de pointer le bout de leur nez : comment l’entraîneur madridista peut-il maintenir le modèle de gestion qui lui a offert la Liga sans ces trois joueurs ?
Ou plus globalement, comment le Real peut-il conserver autant de talents dans des rôles de super remplaçants ? En des termes offensifs, la perte du duo James-Morata équivaut à 31 buts et 19 passes décisives sur le seul exercice 2016-2017. Quant au central portugais, difficile de trouver sur le marché un remplaçant d’un tel calibre. Et c’est bien là la rançon du succès madrilène. Reste qu’avec une prochaine saison qui s’annonce démente, entre Liga et Ligue des champions, mais aussi Mondial des clubs et Supercoupe d’Europe et d’Espagne, la période estivale s’annonce charnière pour retrouver Kiev dans un an.
Par Robin Delorme