- Dream Team
Le onze de rêve de Louis Saha
Troisième joueur français le plus prolifique en Premier League (85 buts), Louis Saha a marqué son époque. Sous la tunique de Fulham, Manchester United ou encore d'Everton, puis celle de l'équipe de France (20 sélections), l'attaquant a câliné le cuir avec les plus grands de sa génération. Forcément, son onze de rêve ne pouvait avoir que de la gueule.
Edwin van der Sar :
Il correspond le mieux à la façon dont le football a évolué à ce poste. Il était capable de garder le ballon, de soulager sa défense en jouant presque comme un cinquième défenseur et de relancer vite pour attaquer. Je me suis toujours trouvé en connexion avec mon gardien, même si cela peut paraître atypique, voire paradoxal pour un attaquant. C’était un gardien avant-gardiste, car il était très solide défensivement, mais également porté vers l’offensif. Je trouvais cela assez extraordinaire. Il était à l’image des gardiens aujourd’hui qui doivent relancer proprement et se montrer un peu plus techniques balle au pied que par le passé.
Défenseurs
Lilian Thuram :
J’en ai connu pas mal de très bons, mais Thuram, c’était l’assurance (rires). C’était la droiture dans tout ce qu’il faisait et entreprenait avec, en outre, une agressivité utilisée à bon escient. Offensivement, il était capable d’apporter beaucoup même s’il n’avait pas la technique que certains latéraux d’aujourd’hui ont. Il n’a cessé de progresser tout au long de sa carrière et c’est pourquoi il a fait de grandes choses. Comme l’a dit Pirès, c’était un arbre ! Quand on sait qu’on devait aller à la guerre, c’est le premier joueur que tu choisissais car tu savais qu’il n’allait jamais flancher et n’avait pas peur de se mettre minable pour son groupe.
Rio Ferdinand :
Je suis obligé de partir avec cette charnière-là. J’ai joué avec eux à Manchester United, puis j’ai eu ensuite l’occasion de jouer plusieurs fois contre eux quand j’étais parti à Everton. Je me suis vraiment alors aperçu de la difficulté de jouer face à eux… Quand ils étaient en forme, les deux, c’était énorme. Il y avait une complémentarité, une force physique et une agressivité dans les duels, notamment aériens où ils étaient imprenables, qui décourageaient les attaquants. Mais, en même temps, les deux avaient cette aisance technique, cette facilité dans la relance et une certaine classe, à l’instar de Laurent Blanc à son époque. Ils jouaient proprement et évitaient de balancer de longs ballons. Même si j’étais un joueur physique et que j’avais des qualités pour les gêner, il fallait saisir son occasion quand elle venait, sinon on avait peu de chances d’en avoir d’autres (rires)… C’est la charnière centrale la plus complémentaire que j’ai connue durant ma carrière.
Nemanja Vidić :
Je suis obligé de partir avec cette charnière-là. J’ai joué avec eux à Manchester United, puis j’ai eu ensuite l’occasion de jouer plusieurs fois contre eux quand j’étais parti à Everton. Je me suis vraiment alors aperçu de la difficulté de jouer face à eux… Quand ils étaient en forme, les deux, c’était énorme. Il y avait une complémentarité, une force physique et une agressivité dans les duels, notamment aériens où ils étaient imprenables, qui décourageaient les attaquants. Mais, en même temps, les deux avaient cette aisance technique, cette facilité dans la relance et une certaine classe, à l’instar de Laurent Blanc à son époque. Ils jouaient proprement et évitaient de balancer de longs ballons. Même si j’étais un joueur physique et que j’avais des qualités pour les gêner, il fallait saisir son occasion quand elle venait, sinon on avait peu de chances d’en avoir d’autres (rires)… C’est la charnière centrale la plus complémentaire que j’ai connue durant ma carrière.
Patrice Évra :
Non pas parce que c’est mon pote, mais parce que c’est un bonhomme. Il est complètement authentique sur le terrain et en dehors. Il donne sa vie lorsqu’il joue et, tout ce qu’il pense, il le dit. On ne le ressent peut-être pas, mais il est très fort dans la tête. Très réaliste, aussi, sur ses qualités. J’adore voir des joueurs qui ont confiance en eux et qui prouvent pourquoi. Je suis assez admiratif vis-à-vis de ça. Phil Neville m’a avoué récemment qu’il était auparavant assez critique à l’égard de l’attitude que pouvait dégager de l’extérieur Patrice. Mais, depuis qu’il a rejoint le staff de United, il est complètement sous son charme. Il voit le professionnalisme et le grand bonhomme qu’il est. Il faut vraiment le connaître, car il peut avoir cette apparence arrogante, alors qu’il ne l’est pas du tout. Je comprends les critiques, on est dans un monde où il faut toujours se tenir correctement. Et si tu ne le fais pas, ça devient très vite compliqué. Que ce soit Cristiano Ronaldo ou Patrice Évra, ce sont des gars qui ont confiance en eux et qui le montrent sur le terrain.
Milieux
Patrick Vieira :
J’ai vraiment eu la chance de jouer avec des monstres au milieu de terrain. Je me suis un peu mordu les lèvres entre Patrick Vieira et Roy Keane (rires), mais j’ai choisi le premier. Non pas parce que je suis chauvin, mais parce qu’il a été un super joueur tout au long de sa carrière et un exemple pour tous. J’ai toujours admiré sa faculté à pouvoir se projeter vers l’avant avec ses grandes cannes. Il était capable de récupérer le ballon vachement haut et ensuite de jouer très intelligemment, le donnant immédiatement à des mecs comme Robert Pirès, qui a été à un moment donné parmi les meilleurs contre-attaquants au monde. Leur jeu à Arsenal m’a aussi fait rêver. Même si Roy Keane était un joueur majeur au milieu de terrain, je lui donne l’avantage.
Zinédine Zidane :
En meneur de jeu, évidemment. Pas la peine de parler, on a déjà tout dit à son sujet. Sans commentaire (rires).
Paul Scholes :
Le vrai mentor au milieu de terrain. Ce n’était pas un monstre physique, il n’était pas très grand, mais quel joueur technique ! Mais pas la même technicité que Cristiano Ronaldo. Il n’allait pas très vite, mais Scholes avait dix cerveaux, quoi ! Le mec, tu le mets avec n’importe quel joueur, il va l’embellir. Je reste persuadé que beaucoup ont jalousé son intelligence de jeu. Il fallait vraiment le voir à l’entraînement afin de se rendre compte. Il y a une chose qui me frappait, lorsqu’on jouait dans des espaces très réduits à l’entraînement où on a moins le temps de réfléchir et de prendre des décisions, c’est comme s’il se trouvait dans son jardin. En deux touches, il est capable de te mettre un petit pont et de finir en lobant le gardien. Tu te dis que le mec se moque du monde, quoi. Pour en avoir parlé avec d’autres joueurs de l’équipe de France, ils ont fait le même constat que moi. J’ai été impressionné par des joueurs, mais celui-là, à l’entraînement, c’était n’importe quoi ! (rires)
Attaquants
Cristiano Ronaldo :
C’est l’athlète du siècle (rires). Je ne vois pas plus rapide que lui au démarrage et après un cent mètres. Il reste le joueur le plus véloce et le plus décisif que j’ai vu durant 90 minutes. Marquer 69 buts en une saison, c’est un extraterrestre, pfff… Il y a des joueurs très talentueux qui sont arrivés à un tel niveau qu’ils peuvent se dire qu’ils n’ont plus besoin de bosser. Mais, lui, il ne s’est jamais dit ça. C’est complètement le contraire. Il est persuadé qu’il peut encore progresser et il continue de le faire. Pour toute personne qui a eu la chance de le voir jouer en Angleterre, c’était magique. Peu de joueurs arrivent à briller comme lui et offrir du spectacle aux enfants comme aux adultes.
Thierry Henry :
Si je ne mets pas Titi dans cette équipe… Un très grand joueur avec les Bleus, une légende à Arsenal. Ce qui est dommage, c’est qu’on n’a pas l’impression que c’en est une en France. Je trouve cela assez bizarre, car il a énormément fait pour le football français. Il avait des qualités incroyables et a fourni énormément d’efforts pour progresser. Le meilleur buteur de l’équipe de France, tout simplement. Beaucoup de gens le rattachent plus à Arsenal qu’à l’équipe de France, alors qu’il a fait autant pour les deux. Quand j’entends certains parler à son sujet et évoquer en premier la main contre l’Irlande, je me dis « Waouah ! »… J’ai du mal avec ça.
Wayne Rooney :
Ça va peut-être surprendre, mais Wayne Rooney. Wayne, si tu lui imposes de se cantonner à son rôle d’attaquant, c’est très complet : très fort de la tête, très mobile, qui va presser, se donner à 150 % à tous les matchs et avec une grande intelligence de jeu. Avec un Zidane derrière lui, tu peux être certain qu’il va mettre des buts ! (rires) C’est peut-être le joueur le plus complet, mais il a tendance à délaisser l’attaque pour le milieu de terrain. Puis il a une qualité de passe exceptionnelle. Dès qu’il arrive à l’entraînement, le premier truc qu’il fait, c’est une diagonale de soixante mètres alors qu’il n’est même pas chaud. Si moi je fais ça, je me retire le tendon ou je ne sais quoi… (rires)
Remplaçants
Fabien Barthez :
Parce que Barthez ! (rires) C’était cette folie, un super gardien. Il avait moins de qualités au pied qu’Edwin, mais il a toujours cherché à trouver les partenaires haut sur le terrain. Il était vraiment un gardien offensif et j’apprécie les gardiens qui prennent des risques. Il était très agile sur la ligne et avait des réflexes étonnants, c’est aussi ce qui faisait sa force.
Sylvain Distin :
Il faut que j’équilibre mon banc là, hein (rires). C’est un peu une dédicace, dans le sens où il méritait au moins une sélection en équipe de France. Même à 36 ans, il a toujours cette envie de progresser. Il aurait été un exemple pour beaucoup chez les Bleus.
Roy Keane :
Typiquement le joueur qu’on aime pour sa hargne, sa combativité, son leadership. Il avait également cette faculté à inspirer le respect autour de lui. Il mettait un point d’honneur à respecter le club où il jouait, plus que n’importe qui. À mon sens, il représentait Manchester United, du moins la flamme qui te disait « il ne faut jamais être ridicule, jamais ». À chaque début de match, il nous le rappelait et ça transcendait les dix autres joueurs, car ils ne voulaient pas se retrouver nez à nez avec Roy Keane énervé ! (rires) C’est vrai qu’il était un élément de pression qui permettait à certains de faire plus, mais d’autres pouvaient déjouer car ils avaient justement trop la pression… Il était franc du collier, n’hésitant pas asséner les vérités à chacun dans le vestiaire, et cela me parlait. Il y a toujours eu un respect mutuel entre nous. Ses discours étaient toujours sains et il ne gueulait jamais pour rien.
Robert Pirès :
Parce que c’était pour moi le meilleur contre-attaquant du monde. Quand il avait le ballon, ça faisait généralement occasion de but. Il menait les contre-attaques avec justesse et essayait toujours de donner le ballon au bon moment aux attaquants. C’est une qualité extraordinaire qui a fait énormément de bien dans tous les clubs où il est passé.
Gareth Bale :
J’allais l’oublier, il n’aurait pas été content (rires). Je n’ai joué avec lui que six mois et c’est un phénomène. Il a autant de qualités que Cristiano, notamment physiques. S’il a envie de progresser et de travailler autant que lui, il va faire des dégâts. L’esprit killer devant le but, il ne l’a pas encore et il va lui falloir du temps. Je n’ai pas essayé de faire un cent mètres avec lui car il a une vitesse incroyable (rires). J’ai rarement vu ça. En tant qu’attaquant de pointe, sur une contre-attaque, j’arrivais trois secondes après Gareth Bale alors que le mec avait démarré loin derrière moi. Je me disais « oula, mais tu vas un peu trop vite toi, là quand même ». Je ne pense pas être le joueur le plus lent, sauf que lui, c’était vraiment n’importe quoi.
Ruud van Nistelrooy :
C’est simple, c’est l’attaquant le plus killer que j’ai pu croiser avec David Trezeguet. Il avait énormément de qualités techniques et physiques, mais ne les exprimait pas autant qu’il aurait pu le faire sur un terrain. À l’entraînement, il était techniquement capable de te garder le ballon dans n’importe quel espace. Mais le week-end, son rôle était de mettre des hat-tricks et il le faisait plutôt bien. Un vrai renard des surfaces, très fin pour se retourner et ensuite marquer d’un pointu ou d’un plat du pied juste comme il faut pour tromper le gardien.
Propos recueillis par Romain Duchâteau