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Le nouveau Messi
Redevenu tranchant après un court passage à vide, Lionel Messi reprend du poil de la bête qu’il était aux côtés de Suárez et Neymar. L'Argentin profite de la nouvelle réorganisation de l’équipe et de sa faculté à permuter les postes.
Depuis sa moitié de terrain, Lionel Messi est groggy. Ce deuxième but de Málaga signé Jony vient entériner toute possibilité pour le Barça de récupérer ne serait-ce qu’un point à La Rosaleda. Les yeux vers le sol, La Pulga se retrouve obligé d’admettre que cette fois-ci, la mission remontada face au Real Madrid en Liga se complique. Et si son Barça s’est ramassé, que la Juventus va observer avec la plus grande attention cette déconvenue catalane, Messi sait aussi que d’un match à l’autre, le FC Barcelone peut inverser la tendance. Avec des joueurs capitaux comme Umtiti, Piqué, Busquets, Iniesta, Neymar ou Suárez. Mais aussi avec son propre savoir-faire, ses exploits et une capacité à se réinventer. Messi possède un grand passé, et pour continuer à s’inscrire dans la durée, il entrevoit à présent un futur à la taille de son génie.
Le caméléon
Depuis ses débuts avec le Barça, le quintuple Ballon d’or collectionne les distinctions et les succès collectifs comme les casquettes. Annoncé comme le futur du Més que par les dirigeants, Leo prend tout le monde de vitesse, succède à Ronaldinho dans les cœurs catalans et reçoit un numéro 10 en guise d’adoubement. Facteur X de son équipe sur le terrain, le joueur n’occupe pourtant pas le poste de meneur de jeu dans une institution où le 4-3-3 prime. Ailier venu d’un autre univers, avant-centre à la finition létale, le meilleur joueur du monde commence une nouvelle mue. Vice-champion d’Espagne en 2002-2003 sur le banc de la Real Sociedad, Raynald Denoueix analyse le phénomène. « Le fait de passer dans un 3-4-3 permet à Messi de prendre une position plus axiale car un autre joueur prend le rôle d’ailier pendant le match. Avant sa blessure, c’était Rafinha. Quand Messi se trouve au milieu en phase offensive, il évolue à la pointe d’un losange. » Si le fils de Mazinho ne pourra plus assurer la prise de couloir, des profils comme Arda Turan ou même Andrés Iniesta peuvent assurer cet intermédiaire, et offrir ainsi à Messi le rôle de meneur de jeu.
Est-ce un placement par défaut ? Messi ne peut-il plus assumer son rôle d’ailier ? Quand on voit les statistiques, force est de constater qu’il pèse toujours autant dans les résultats de son équipe. Meilleur buteur de la Liga avec 27 buts, meilleur buteur de la Ligue des champions avec 11 pions, Lionel Messi préside actuellement à 43 buts et 16 passes décisives sur la saison en cours. En clair, l’Argentin est à nouveau en train de claquer une saison XXL sur le plan personnel. Là aussi, Denoueix reconnaît que l’anormal est devenu la norme. « Messi a connu des moments de moins bien, rembobine l’ancien coach de la Real Sociedad. Il y a de cela trois semaines, on peut même dire qu’il n’y était pas ! Mais bon, cela reste très relatif… Aujourd’hui, l’enchaînement des matchs fait que l’on va banaliser ses performances à force de nous impressionner année après année. » Voir Messi marquer des doublés et des triplés en Ligue des champions, cela va bien finir par s’arrêter un jour, non ?
« Messi est à son meilleur niveau »
Sur la route du succès, les Barcelonais vont donc se coltiner la Juventus. Une équipe revancharde après la douloureuse finale perdue à Berlin en 2015 où Messi avait pesé à défaut de marquer. Et pour pallier cet obstacle de taille, Luis Enrique va compter sur un surdoué au taquet. « Actuellement, Messi est à son meilleur niveau, considère Denoueix. C’est la dernière ligne droite avant la fin de saison, il est à fond. Mais il ne faut pas oublier que le Barça n’est plus aussi souverain : pendant deux mois en début d’année, c’était la catastrophe… Quand on les voyait galérer contre Leganés à domicile, c’était franchement dur à regarder ! »
Une métamorphose de l’équipe s’est créée à la suite de la déroute parisienne. Un nouveau Barça dans lequel Messi doit jouer un rôle prépondérant. « Je préfère parler d’organisation, conclut Denoueix. Quand on voyait l’abattage que devait avoir Rakitić par exemple, ça le pénalisait beaucoup pour créer du jeu, vu que le latéral droit jouait aussi un rôle d’ailier. Le Barça restait dans sa moitié de terrain et ne parvenait pas à maintenir une pression haute. Avec ce milieu densifié, cette réorganisation lui permet de jouer haut balle au pied et de rester dans la moitié de terrain adverse. Pour le Barça, c’est une chose essentielle. » Parce que Messi sans le ballon, c’est tout le Barça qui tire la tronche.
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Par Antoine Donnarieix
Propos de Raynald Denoueix recueillis par AD