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Le nouveau Kessié du Milan
Tout juste transféré de Bergame chez les Rossoneri à seulement vingt ans, Franck Kessié a impressionné pour sa première saison en Serie A avec l’Atalanta. De quoi envisager un bel avenir pour ce milieu de terrain aussi complet que polyvalent.
La vie va parfois beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine. Il y a deux ans, Franck Kessié habitait encore au pays, et évoluait pour le Stella Adjamé, club de première division ivoirienne. Aujourd’hui, l’Ivoirien s’est imposé en Serie A, est considéré comme une pépite en Italie, vient de signer pour le grand AC Milan qui n’a pas hésité à débourser environ trente millions d’euros pour l’enrôler (une option d’achat obligatoire après deux ans de prêt), est censé incarner son présent, et touche deux millions annuels. Le tout à seulement vingt ans.
#ACMilan signed @KessieFranck from @Atalanta_BC, on a two year loan with obligation to buy#weareacmilan pic.twitter.com/b9swANddxn
— AC Milan (@acmilan) 2 juin 2017
Dussuyer : « On pourrait le comparer à Michael Essien »
Mais comment ce jeune milieu de terrain en est-il arrivé là ? Quand il débarque en Europe en 2015 à l’Atalanta Bergame, Kessié est déjà international. Appelé pour la première fois en sélection fin 2014, le garçon est un habitué des catégories de jeunes. La Juventus l’avait d’ailleurs repéré lors du Mondial U17. Pas totalement convaincue, l’Atalanta envoie son poulain se faire les dents en deuxième division italienne à Cesena. Là, Franck cartonne et effectue une saison pleine (37 matchs dont 32 titularisations, quatre buts). « Son passage à Cesena, ça a été le déclic, affirme Michel Dussuyer, son sélectionneur entre 2015 et 2017.Il a pu enchaîner des matchs, avoir du temps de jeu alors qu’il était un peu bloqué à Bergame. Ça lui a permis de revenir plus fort et de continuer avec une deuxième grosse saison. » En 2016-2017, l’international (quinze sélections) fait en effet sensation. Placée le plus souvent en position de milieu défensif dans le 3-4-3 de Gian Piero Gasperini, la révélation se montre aussi à l’aise que son club en championnat, et montre des qualités naturelles évidentes. Aussi bien dans la zone défensive qu’offensive (six buts, trois passes décisives). « Il possède un gros capital athlétique, il est puissant, costaud, et va vite. Il excelle dans les duels défensifs, mais il est aussi capable de franchir les lignes par sa projection vers l’avant, liste Dussuyer. On pourrait le comparer à Michael Essien. Morphologiquement, il a beaucoup de similitudes. Sur le plan technique, il a beaucoup progressé, mais il lui reste une grosse marge de manœuvre. Même si ce qu’il fait est en général propre, c’est parfois en dents de scie quand il est en manque de confiance ou quand il est fatigué. »
Ne pas courir trop vite
Au-delà de ça, celui qui fait aussi penser à Yaya Touré est un bonheur pour un entraîneur en raison de sa polyvalence ultra pratique. Avec l’Atalanta, on l’a ainsi vu évoluer sur l’aile ou en défense centrale. Dussuyer : « II peut jouer à beaucoup de postes, même s’il est plus à l’aise en milieu de terrain. Dans l’entrejeu, il peut jouer devant la défense ou en position plus avancée, en relayeur. Il offre donc énormément de possibilités. Surtout que c’est quelqu’un de très agréable. Il est intelligent, à l’écoute… C’est aussi pour ça qu’il franchit si vite les étapes. » Voilà pourquoi Milan, qui était en concurrence avec la Roma et quelques clubs anglais sur ce dossier, a misé sur lui. « Connaître San Siro à vingt ans, d’autres l’ont fait avant lui, rassure Michel Dussuyer. C’est un garçon avec un gros potentiel, qui a une trajectoire linéaire. Maintenant, une marche supplémentaire lui est proposée. Il s’agit d’un gros challenge. Sa marge de progression sera liée à son temps de jeu. » « J’ai choisi Milan parce que j’aime le projet et le coach m’a dit que je pourrai devenir un champion ici » , a quant à lui réagi devant la presse le joueur, qui apprécie énormément les considérations tactiques italiennes. Pour atteindre ses objectifs, il faudra évidemment gommer les quelques sautes de concentration dues à sa précocité et affirmer son gros caractère en prenant soin de ne choquer personne. Pas comme en septembre dernier, quand il a arraché le ballon des mains d’Alberto Paloschi pour frapper un penalty (converti) contre le Torino, ce qui avait provoqué la colère de son technicien. Ou lorsqu’il s’est rendu coupable d’un tacle absolument pas maîtrisé face à Crotone, ce qui lui a valu la première expulsion de sa carrière. Doucement, Franck…
Par Florian Cadu
Propos de Michel Dussuyer recueillis par FC