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Le Ney qui coule

Par Mathieu Faure
Le Ney qui coule

Un match amical disputé un vendredi à 13h30 à Lille n’aurait jamais dû déchaîner les passions. Mais après 90 minutes entre le Brésil et le Japon, Neymar s’est présenté face à la presse. De son plein gré. Pour mettre les points sur les « i » concernant les rumeurs le tabassant depuis quelque temps et, aussi, pour pleurer. Touché. Ému. Humain. Ou quand le footballeur le mieux payé au monde se retrouve être un garçon de 25 ans avec ses joies, ses peines et ses tourments.

Personne n’était prêt à ça. Et surtout pas Neymar Jr. Stade Pierre-Mauroy, un milieu d’après-midi de novembre après un inutile amical entre le Japon et le Brésil. Les quintuples champions du monde l’ont emporté 3-1. Le match était sympa. Un amical avant une Coupe du monde. Vahid Halilhodžić, le coach nippon, retrouvait le Nord, c’était presque bucolique. Comme après chaque rencontre de football, on se dirige vers les traditionnelles conférences de presse. Et celle du Brésil a tout changé.

D’une parce que Tite, le sélectionneur national, n’est pas venu tout seul. De deux parce que celui qui l’accompagnait est reparti en pleurant. Il s’agissait de Neymar Jr. Capitaine du Brésil et star du PSG. Le numéro 10 de la capitale a voulu venir s’expliquer devant les médias français. Tout sauf un hasard. Depuis plusieurs semaines, le joueur le plus cher du monde depuis qu’il a quitté le FC Barcelone pour Paname se fait tabasser par différents médias de l’Hexagone, mais aussi par certains confrères catalans et brésiliens. Diva, caractériel, égoïste, ne supportant pas les séances vidéo d’Emery et les envies de penalty de Cavani, malheureux à Paris, regrettant presque son choix sportif-financier-de vie. Bref, Neymar se morfond et se serait mis à dos tout le vestiaire parisien, mais aussi tout le club de la capitale qui, en réponse, réalise pourtant le meilleur début de saison de son histoire.

« Ce qui me gêne, ce sont les histoires que crée la presse autour de moi »

Bref, difficile de dissocier le vrai du faux, mais toujours est-il que Neymar a eu écho de tout ce remue-ménage médiatique et a voulu donner sa version des faits. Extraits : « Je suis très bien, heureux et motivé à l’idée de gagner à Paris, d’être un joueur qui donne tout sur le terrain avec ses coéquipiers. Et je suis très ennuyé parce qu’il y a beaucoup d’histoires fausses qui se racontent sur moi actuellement. Rien ne me dérange aujourd’hui au PSG. Ce qui me gêne, ce sont les histoires que crée la presse autour de moi. Je suis venu pour vous donner ma version des choses. J’étais heureux à Barcelone et je le suis toujours à Paris. Je suis très heureux et très motivé. » On appelle ça une mise au point.

Mais le Brésilien va plus loin. Et ouvre son cœur. « On parle beaucoup de mes relations avec le coach ou avec Cavani. Ces choses-là ne sont pas vraies et ça me blesse. Je n’ai aucun problème avec Cavani ou avec le coach, je suis venu à Paris avec son aval. Quand je suis arrivé, on a eu une discussion, il m’a dit qu’il m’aiderait et on a parlé de mes objectifs et de ceux de l’équipe. Je ne suis pas là pour créer des problèmes à Paris. Je connais l’importance de l’équipe et mon rôle sur le terrain. J’ai été très bien accueilli par mes coéquipiers quand je suis arrivé. Ils m’ont montré beaucoup de respect. » Puis, finalement, la carapace commence à se briser. La voix devient plus lourde. Les yeux sont humides. Neymar, capitaine de la plus grande nation de football, sent qu’il vacille. « Cela m’ennuie, j’en ai parlé avec Tite, cela m’a fait mal toutes ces inventions de personnes qui ne sont pas à Paris, qui ne sont pas là au quotidien, à dire des non-sens. Je vous demande d’être corrects. »

En 2017, la presse n’a plus la même place. Et ça change tout

Hasard ou non, Neymar s’adresse à la presse de la même manière que l’habitué des lieux, un certain Marcelo Bielsa. Entre le monde du football et la presse, tout a changé. Les chaînes des clubs, les équipementiers, les réseaux sociaux, aujourd’hui, les joueurs et clubs de football ont à leur disposition des moyens de communication autres que la presse pour s’adresser au public et/ou faire passer des messages. Un moyen plus simple, moins contradictoire, plus lisse aussi. Dans ce bouleversement des habitudes, la presse doit, elle aussi, (re)trouver sa place. Pour ce faire, il convient de survivre à un drôle de numéro d’équilibriste : être critique sans être méchant gratuitement. Être constructif sans être corporatiste. Être exclusif sans être sensationnaliste. Être proche sans être lié. Être indépendant sans être va-t-en-guerre. Et surtout, vérifier. Encore et encore. Toujours. Notamment à une époque où la course à l’exclusivité et les réseaux sociaux accélèrent tout, mais pas dans le bon sens.

Mais pour la première fois depuis longtemps, le retour de bâton n’est pas venu des supporters ou des réseaux sociaux, mais du principal concerné. Et quand il s’appelle Neymar, ça change tout. Surtout quand l’opération n’est pas téléguidée. « Je suis venu de ma propre volonté, pour dire ce que je pense. Je suis très réaliste, je n’aime pas les rumeurs, poursuit-il. Je parle des nuisances venant de personnes qui pensent qu’elles savent alors que ce n’est pas le cas. Ainsi, c’est plus facile de l’entendre de ma bouche. Je n’ai aucun problème avec le PSG, ce qui m’ennuie est la pression de la presse. Je suis une personne qui aime gagner, j’aime les titres et je suis allé au PSG pour ça. » Évidemment, le Brésilien n’est pas un ange, il ne s’en cache d’ailleurs pas.

« Je suis un être humain »

« Je suis un être humain. Je me réveille parfois de mauvaise humeur, même si la plupart du temps, je suis content. Je voulais m’excuser car les gens attendent de vous d’être parfait. J’ai 25 ans, je fais des erreurs, mais je veux grandir que ce soit au PSG ou en sélection. » Ce à quoi Tite, qui a l’âge (56 ans) d’être le père du garçon, a de suite emboîté le pas, ce qui va provoquer les larmes de son capitaine. « Les gens ont dit que j’avais eu des problèmes avec lui. C’est faux. C’est une très belle personne. Tout ce qui se passe dans le vestiaire reste dans le vestiaire, mais c’est quelqu’un qui vous regarde dans les yeux. » S’en suit une forme de câlin entre les deux hommes et le départ du joueur, larmes aux yeux, de la salle de presse. Une scène surréaliste, à la fois sincère et gênante, mais qui démontre bien que l’argent, la gloire et les titres n’enlèvent pas une chose aux footballeurs. Ils demeurent des hommes.

Une semaine après le pétage de plombs de Patrice Évra, Neymar a montré, à une autre échelle, que derrière chaque CV, derrière chaque posture, derrière chaque gueule se cachaient des hommes, souvent jeunes, à qui l’on demande d’être exemplaires et d’encaisser sans broncher. Bien souvent, le même prétexte est mis en exergue : leur compte en banque est (trop) bien garni. La richesse permet beaucoup de choses, mais elle n’immunise pas contre le chagrin. Et quand on en vient à pleurer en public, un vendredi après-midi à Lille, ce n’est pas seulement une histoire de poussière dans l’œil.

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Par Mathieu Faure

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