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Le nettoyeur
En décidant de ne pas prolonger à Schalke 04 et de rejoindre le Bayern Munich en juillet prochain, Leon Goretzka a mis en colère son club actuel. Lequel ne touchera aucune indemnité de transfert après l’avoir vu grandir depuis 2013.
La réaction était attendue. Leon Goretzka ne savait pas encore sous quelle forme, mais il se doutait bien que la Veltins-Arena ne le louperait pas. Ne restait plus qu’à savoir ce que les supporters allaient décider. La réponse est tombée le dimanche 21 janvier, à l’occasion de la réception d’Hanovre 96 comptant pour la 19e journée de championnat. Ce jour-là, les fans de Schalke 04 ont déployé une banderole pas très sympathique à l’intention de l’Allemand, qui a fêté ses 23 ans le 6 février. « Notre club est plus grand que l’argent et les titres. Celui qui ne l’apprécie pas peut aller se faire foutre » , y était-il inscrit. La raison ? Quelques jours plus tôt, les dirigeants du club avaient officialisé, sur Twitter, le départ du joueur pour le Bayern Munich en fin de saison. Une fin d’union faisant suite à un contrat qui s’achève en juin prochain, et qui ne sera donc jamais prolongé, faute d’accord.
Presseerklärung: #FCBayern verpflichtet Nationalspieler Leon #Goretzka.➡️ https://t.co/ChcQw6MHyc pic.twitter.com/9TxnaAjrg8
— FC Bayern München (@FCBayern) 19 janvier 2018
Un choix logique…
Cinq ans après avoir débarqué à Gelsenkirchen en provenance de Bochum pour 3,3 millions d’euros, Goretzka quitte donc son confortable cocon pour tenter un énorme défi en Bavière, où les concurrents l’attendent d’ores et déjà de pied ferme. Face au mastodonte allemand, Schalke n’avait ni les moyens financiers ni les objectifs sportifs pour rivaliser. À Munich, le milieu de terrain va gonfler drastiquement son salaire, jouer la Ligue des champions, viser le titre dans cette compétition et sûrement remporter le championnat. Choses que ne pouvaient pas lui promettre ses dirigeants actuels. Polyvalent, pouvant évoluer en meneur de jeu ou en relayeur, créatif, assez complet et à l’aise avec ses deux pieds, le garçon compte déjà une dizaine de sélections en équipe nationale, avec laquelle il a brillamment remporté la Coupe des confédérations 2017 (élu troisième meilleur joueur de l’épreuve) peu de temps après avoir loupé le sacre au Mondial 2014 – il faisait partie de la liste des 30, mais pas des 23.
Auteur de deux saisons pleines et suivi par de gros poissons depuis quelques mois, le petit Leon semble donc faire un choix logique d’un point de vue footballistique en s’engageant chez le champion indiscuté du pays. Surtout que ce dernier s’est rapidement positionné sur le dossier, évoquant publiquement son intérêt par la voix de Karl-Heinz Rummenigge sur Sky Sport en décembre : « Nous serions fous si nous ne songions pas à faire signer un international allemand dont le contrat arrive à expiration.(…)C’est au joueur de décider, et ce serait bien s’il finissait par choisir le Bayern. Les top clubs comme le Real Madrid, le FC Barcelone, Manchester United et la Juventus le voulaient, c’est parfaitement normal que le Bayern se positionne aussi. »
… ou trop égoïste ?
Problème : Goretzka, qui n’aurait pas montré beaucoup de reconnaissance à l’égard de Schalke, va partir libre. L’entité qui lui a donné sa chance et qui lui a fait confiance ne touchera en effet aucun centime, puisque son joyau n’a pas souhaité resigner. Ne resteront donc que les souvenirs, à savoir les 133 rencontres disputées par l’intéressé (104 en championnat, sept en coupe nationale, 22 en coupes européennes), les 21 buts et la dizaine de passes décisives qui vont avec. Totalement insuffisant aux yeux de son employeur du moment, qui aurait aimé que le divorce se passe dans de meilleures conditions. Et de manière différente.
« Ma première réaction, c’est qu’il ne devrait plus porter le maillot de Schalke 04, a carrément lâché Clemens Tönnie, président de S04, toujours sur Sky Sport. Si ce transfert a un effet négatif sur l’équipe, il se peut qu’il soit dans les tribunes jusqu’à l’été. » Christian Heidel, le manager général a, quant à lui, regretté l’envol du poulain en des termes un peu plus doux sur les réseaux sociaux : « Ça nous désole de l’apprendre. Nous perdons un très, très bon joueur. » Qu’aurait donc dû faire l’international ? Prolonger en posant quelques conditions basiques avec le risque de ne jamais connaître les sommets en club pour ne pas mordre la main bleu et blanc qui l’a nourri et qui lui a permis de développer son talent ? Trouver un accord pour partir en échange d’une somme symbolique ? Rédiger dès l’annonce de son transfert un long communiqué expliquant le pourquoi du comment et remerciant tous ceux qui lui ont tant apporté durant ces cinq années de vie commune ? Privilégier une destination étrangère ? Malheureusement, certains dilemmes n’impliquent aucune bonne réponse.
Par Florian Cadu