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Le Napoli a un rival à abattre
Comme lors de leurs dernières retrouvailles au stadio Olimpico, en avril dernier, la Lazio et le Napoli s'affrontent dans le très haut de tableau en Italie. L'an dernier, la Lazio l'avait emporté. Mais les cartes ont été redistribuées, depuis.
Un air de déjà vu plane sur Rome. Lazio-Napoli. Les retrouvailles. Il y a dix mois, tout pile, les deux équipes s’affrontaient au stadio Olimpico avec un objectif commun : la troisième place qualificative pour la Ligue des Champions. A l’époque, la Lazio comptait trois points d’avance sur son rival. Les deux équipes étaient en perte de vitesse, et les Romains s’étaient imposés 3-1 grâce, entre autres, au plus beau but de la saison italienne, œuvre de Stefano Mauri. Dix mois se sont donc écoulés depuis. Il n’est plus question de perte de vitesse pour le Napoli, qui enchaîne les victoires depuis le début de l’année 2013. Pour la Lazio, en revanche, c’est plus compliqué. Les Biancocelesti, après une invincibilité de plusieurs mois, ont chuté deux fois de suite, contre le Chievo (0-1) et le Genoa (3-2). De plus, ils viennent de perdre pour les deux prochains mois leur buteur, Miroslav Klose, blessé au genou. Néanmoins, l’an passé, pour la confrontation face aux Napolitains, Klose n’était déjà pas de la partie, ce qui n’avait pas empêché la Lazio de s’imposer. Les superstitieux s’en tiendront à ça. Car sincèrement, le finaliste de la Coupe d’Italie 2013 ne part pas avec les faveurs des pronostics. Naples est en pleine bourre, et court à la fois après une qualification en Ligue des Champions et un Scudetto rêvé depuis deux décennies. Or, elle n’a jamais été aussi affutée que cette saison pour aller chercher ces deux objectifs.
Vendre plutôt qu’acheter
La semaine dernière, la Lazio a bien cru voir basculer sa saison. Après avoir remonté deux buts à Gênes (de 2-0 à 2-2), elle encaisse un pion fatal à la 95e minute. Coup au moral. De plus, l’équipe de Petkovic perd Klose sur blessure, et entrevoit le choc face au Napoli sans son buteur allemand, mais aussi sans Hernanes, touché à la tête lors de la demi-finale de Coupe d’Italie face à la Juve. Forcément, les tifosi ont l’impression d’avoir déjà vécu cette situation. La saison dernière, la Lazio avait commencé fort, avait recruté le seul Candreva lors du mercato, avait vendu et prêté des joueurs (Cissé, Sculli, Stendardo, Cavanda) et s’était retrouvée affaiblie par rapport à la première moitié de saison. Du coup, l’équipe alors entraînée par Reja avait baissé en régime, avait obtenu quelques victoires de renom (Roma, Naples, Inter), mais avait finalement terminé à la quatrième position, à deux points de la Ligue des Champions. Visiblement, le président Lotito n’a pas appris de ses erreurs. Cette saison, encore, la Lazio a commencé fort, mais au lieu de se renforcer en janvier pour avoir une équipe compétitive sur les trois tableaux (Coupe d’Italie, Serie A, Europa League), le président a préféré vendre. Sculli, Carrizo, Zauri, Rocchi, Scaloni et Matuzalem sont partis, tandis que le seul Bruno Pereirinha est arrivé.
Résultat : en 2013, la Lazio n’a pris que sept points sur quinze possibles, dont un seul sur les trois dernières journées (face à trois équipes de bas de tableau). Du coup, face à la blessure de Klose, le président a légèrement rectifié le tir en faisant venir Louis Saha. Une bonne alternative, certes, mais pas non plus la solution à tous les problèmes. Le problème de cette Lazio, surtout, c’est qu’elle a les capacités pour battre n’importe qui sur un match (Milan, AS Roma, Inter, Juventus en Coupe) mais pas de tenir le rythme sur la longue distance, car son banc ne le lui permet pas. Problème récurrent depuis trois ans. En même temps, il n’y a pas de secret. Depuis juillet 2011, la Juventus a dépensé 148 millions d’euros pour renforcer son effectif, le Napoli 95,3 millions et la Lazio seulement 25,3. Difficile, sur le long terme, de lutter sans les mêmes armes (ni les mêmes budgets).
Cavani + Hamsik = 75%
Or, en face, Naples a véritablement pris une nouvelle dimension cette saison. L’an passé, les Napolitains avaient jeté beaucoup d’énergie en Ligue des Champions (éliminés en huitièmes de finale par Chelsea, futur vainqueur de la compétition) et avaient quelque peu délaissé le championnat, d’où la cinquième place finale. Cette année, le club a certes perdu Lavezzi, parti à Paris, mais s’est sensiblement renforcé dans tous les secteurs, avec les arrivées d’Insigne, Behrami, Gamberini, Mesto, Armero, Rolando, Radosevic et Calaio. Des recrues intelligentes, qui ont permis à l’équipe de Walter Mazzarri d’atteindre une maturité jamais vue jusqu’ici. De plus, ses deux joueurs-clefs, Cavani et Hamsik, sont littéralement en feu cette saison. A eux deux, le duo « Cav-Ham » a été impliqué sur 34 des 45 buts du Napoli en championnat, soit 75% des buts. Une vraie dépendance. En même temps, il peut difficilement en être autrement, tant les deux joueurs sont fondamentaux dans le système de Mazzarri. Mais gare à résumer cette équipe de Naples aux prouesses de son Slovaque et de son Uruguayen.
Naples est une équipe complète, solide en défense (deuxième meilleure défense de Serie A), et qui nourrit de véritables ambitions. La semaine dernière, les Partenopei ont même gouté à la première place du classement le temps d’une nuit, avant que la Juve ne reprenne son bien en s’imposant face au Chievo. Le match face à la Lazio est donc un véritable tournant. En cas de victoire, le Napoli prendrait 9 points d’avance sur la troisième position. Un véritable gouffre, qui conforterait l’équipe azzurra dans son statut d’anti-Juventus. En revanche, en cas de défaite, Naples risquerait bien de laisser filer la Juve (même si les Turinois auront fort à faire face à la Fiorentina), et verrait la Lazio revenir à trois points, avec le risque, aussi, de voir les deux équipes milanaises se rapprocher. D’où l’importance, pour le Napoli, de ne pas passer à côté de ce rendez-vous romain. Lors des deux dernières saisons, il s’est incliné sur cette pelouse. Et à chaque fois, il y avait trouvé une Lazio en plein doute. L’histoire est un éternel recommencement… Mais ce coup-ci, il vaudrait mieux pour Mazzarri que non.
Eric Maggiori