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Le Naby chéri
Auteur d’une énorme saison avec le RB Leipzig, Naby Keita a autant impressionné que la deuxième place de son club. Technique et vif, ce milieu de terrain moderne passé par Istres fait craquer toute l’Allemagne. Retour sur son parcours et sa nouvelle notoriété.
Chaque année, l’équipe type de l’Observatoire du football CIES est passée sous silence. Pourtant, chaque année, elle offre des révélations étonnantes. Basée sur les seules statistiques récoltées au cours de la saison, cette teama souvent fière allure et intègre certains des meilleurs joueurs de la planète. Pour 2016-2017, Cristiano Ronaldo, Lionel Messi et Manuel Neuer font par exemple partie du onze. Dans l’entrejeu, on retrouve Paul Pogba, Thiago Alcántara et… Naby Keita. Flatteur.
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— CIES Football Obs (@CIES_Football) 15 mai 2017
C’est que le bonhomme, inconnu lors de son arrivée en Allemagne l’été dernier, a cartonné avec le RasenBallsport Leipzig, dauphin surprise du Bayern Munich. Huit buts et sept passes décisives pour un milieu central (qui a parfois joué devant la défense, parfois un peu plus haut), ça impressionne. « Il a énormément de qualités. C’est un milieu relayeur assez complet, vif, au gros volume de jeu, capable de travailler défensivement et très à l’aise techniquement, présente Michel Dussuyer, ancien sélectionneur de Guinée qui lui a fait connaître l’équipe nationale en 2014.Il possède également la faculté d’offrir des dernières passes et de mettre des buts. Il a un peu le profil de Jean-Michaël Seri, avec davantage de vitesse. S’il a réussi à s’imposer en Bundesliga, c’est quand même la marque d’un grand talent. » Un talent qui ne fait aucun complexe face aux adversaires, n’hésitant pas à se projeter rapidement vers l’avant. Quitte à assassiner l’ego de Benjamin Stambouli.
[VIDEO] Quand Naby Keita mystifie Benjamin Stambouli 💫😱https://t.co/w7At8Jn9T3
— beIN Sports (@beinsports_FR) 23 avril 2017
Mais qui aurait pu miser sur ce minuscule gabarit mesurant un mètre 72 pour 64 kilogrammes et donc encore un peu léger dans l’impact physique ? Seuls ceux qui ont attentivement suivi la Ligue 2 2013-2014 et qui ont un œil sur le football autrichien pouvaient en fait s’attendre à de telle performances. Keita avait déjà montré de quoi il était capable dans ces deux championnats. Arrivé à Istres (sans sa famille) en provenance d’Horoya en 2013, le petit Naby ne tarde pas à s’illustrer en deuxième division (quatre pions et neuf assistsen 22 titularisations). Malheureusement pour lui, l’Hexagone voit sa pépite quitter le pays et son club relégué en National. Direction le Red Bull Salzbourg, qui lâche mine de rien 1,5 million d’euros pour l’attirer dans ses filets. Nouvelle langue, nouvelle culture, nouveau domicile, nouveau contexte : l’environnement change totalement pour celui qui n’est parti d’Afrique qu’un an auparavant. Résultat : la première saison est difficile… avant que la seconde ne se révèle d’excellente facture (douze goalsen 24 titularisations !).
Adaptation express
« Il a franchi les étapes assez vite et assez facilement, mais c’est vrai qu’il a logiquement dû négocier une période d’adaptation, note Dussuyer, qui a attentivement suivi le garçon. Il lui a fallu un peu de temps pour montrer ce qu’il savait faire et apprendre à être régulier. Ce qui explique pourquoi il a eu quelques difficultés en Autriche. Vous savez, il y a généralement une forme de relâchement au bout d’un an pour ce genre de joueurs qui quittent leur continent. Lui est toujours resté très concentré, à l’écoute, dans le travail. C’est un garçon très intelligent qui a fait de bons choix de carrière. » « J’ai eu la chance de pouvoir partir en Autriche. Ce n’est pas un championnat très reconnu, mais j’ai beaucoup progressé et énormément appris là-bas, confirme le numéro huit.Et puis, comme c’était un club partenaire, ça m’a pas mal aidé quand je suis arrivé ici, à Leipzig. La philosophie de jeu était la même, je connaissais déjà quelques joueurs… J’ai trouvé ici un groupe très sympa, bosseur. Je sentais qu’il allait se passer quelque chose. »
Une espèce rare de koala
Un an après avoir rejoint Leipzig, dont le projet sportif ambitieux s’appuie sur de jeunes pousses, le voilà ainsi qualifié pour la prochaine Ligue des champions, avec pas mal de clubs à ses pieds. À seulement 22 ans. Certaines rumeurs laissent même entendre un intérêt de la part du Paris Saint-Germain. Sauf que son club compte bien le conserver et ne le lâchera vraisemblablement pas pour moins de cinquante millions (le prix de sa clause libératoire). D’autant que Keita fait l’unanimité là-bas, que ce soit pour son rendement sur la pelouse ou pour sa gentillesse naturelle et sa simplicité en dehors. « C’est vrai que Ralf Rangnick m’a dit que j’étais comme un koala qu’on veut serrer dans ses bras, a d’ailleurs témoigné le principal intéressé.Il pose souvent un bras autour de moi. Je ne sais pas exactement à quoi ressemble un koala. En fait, je crains souvent les animaux parce qu’en Guinée, beaucoup sont dangereux. » Et sinon, est-il satisfait de sa saison ? « Je ne suis pas quelqu’un qui aime se flatter. Je ne perds jamais de vue que c’est avant tout grâce au travail d’équipe que je peux briller. Sans mes partenaires, je ne serais pas aussi décisif. » À croire qu’il n’a pas vu l’équipe type CIES…
Par Florian Cadu
Propos recueillis par FC, sauf ceux de Keita (Bild et France Football)