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Le mystère Gündogan
Le 14 août dernier, İlkay Gündoğan se blessait au dos lors d’un match avec la Nationalmannschaft. Depuis, il n’est plus revenu sur le terrain. Et ce n'est pas ce soir à Madrid qu'on le reverra. Personne ne sait ce qu’il a vraiment. De son côté, le joueur est d’un mutisme affolant.
Il existe beaucoup de mystères en ce bas monde : comment les pyramides ont-elles été construites ? Qui a tué Pamela Rose ? Où est donc Ornicar ? Quand est-ce qu’İlkay Gündoğan va se remettre à jouer au football ? La dernière question mériterait même une enquête dans l’émission culte Aktenzeichen XY… Ungelöst, l’équivalent de notre Perdu de vue – et dont le Jacques Pradel se nomme Rudi Cerne, ancien patineur artistique – tant le cas Gündoğan est sujet à de nombreuses interrogations. De quel mal est donc atteint le meneur de jeu du Borussia Dortmund ? Comment se fait-il qu’il ne guérisse pas ? Qu’en est-il de son avenir, à court, moyen, voire long terme ?
Un marabout au BVB
Rembobinons un peu la cassette. En début de saison, tout se passe comme sur des roulettes pour celui qui est affectueusement surnommé « Illy » . Il redémarre sur les mêmes bases que l’an dernier, délivrant une « passe décisive » (pour un csc de Dante) et marquant un but lors de la Supercoupe d’Allemagne remportée aux dépens du Bayern Munich. Un petit match de Coupe d’Allemagne contre Wilhelmshaven, un match de championnat contre Augsburg, et hop, c’est l’heure d’aller disputer un match avec l’équipe nationale. Un amical le 14 août dernier contre le Paraguay, rien de bien fou. Malgré quelques petits problèmes de dos, Joachim Löw le titularise. Bien lui en a pris, d’une part : İlkay Gündoğan réduit la marque à 2-1 à la 18e minute. Grosse erreur, d’autre part : il sort 8 minutes plus tard, son dos le faisant souffrir. Le début d’une longue galère, pour lui ainsi que pour le Borussia Dortmund. La blessure de Gündoğan en appelle d’autres, celles de cadres du club de la Ruhr. Schmelzer, Hummels, Subotić, Bender, Kehl, Błaszczykowski (en plus de Piszczek déjà absent) : à croire que le Borussia a été marabouté. Malgré le retour progressif (voire ponctuel) de certains de ses cadres, la machine BVB tousse. Jürgen Klopp le sait : dans l’absolu, le jeu de son équipe est moins fluide sans son numéro 8. Avec lui, peut-être que le club de la Ruhr aurait pu tenir (un peu) tête au Bayern, qui sait ? Mais sans ses inspirations géniales, les victoires du Borussia Dortmund ne sont que « Malocher-Siege » (victoires de travailleurs, un truc bien typique à la Ruhr). Le temps passe, et les supporters des Schwarzgelben se mettent à désespérer. Reviendra, reviendra pas ? Pour l’instant, on n’en sait à vrai dire… rien.
Un mal plus grave que prévu
Lorsqu’il sort du terrain sur blessure le 14 août dernier, İlkay Gündoğan se fait diagnostiquer un glissement des vertèbres. Plusieurs mois d’indisponibilité. Durant la trêve, « Illy » reprend doucement l’entraînement avec ses copains, avant de se retrouver une nouvelle fois sur le flanc. La raison officielle : une bronchite. Quelques semaines plus tard, on apprend en fait que le mal est plus profond : le jeune homme de 23 ans souffre encore de son dos. Il s’agit d’une infection des racines nerveuses. Autre chose qu’un lumbago. Et, contrairement à une rupture des ligaments du genou, ce n’est pas le genre de chose que l’on peut régler en passant sur le billard. Et İlkay Gündoğan, d’ordinaire si calme, si posé, commence à montrer des signes d’énervement. « Ce n’est pas le genre de truc qu’on peut arrêter comme on éteint un téléviseur, mais on peut s’en occuper. »
Rejouera ? Rejouera pas ?
Aujourd’hui, le temps est compté pour Gündoğan. Sera-t-il de nouveau sur pied dans les prochaines semaines ? Pourra-t-il aller à la Coupe du monde ? Nul ne le sait. En tout cas, tout le monde le soutient, à commencer par son entraîneur en club, Jürgen Klopp : « Lui demander tout le temps comment il va, ça ne l’aide pas. Il doit d’abord guérir, et nous allons tout faire pour que ce soit rapidement le cas. » Même son de cloche chez Michael Zorc, le directeur sportif : « Nous sommes en contact permanent avec sa famille et lui. Il s’agit probablement du moment le plus compliqué de sa jeune carrière. » Des signes forts, qui montrent que le BVB tient à lui, même si Gündoğan et son entourage ne souhaitent pas pour le moment prolonger un contrat qui court jusqu’en 2015. Les raisons sont encore obscures. De nombreux cadors européens ne sont pas insensibles au talent d’Illy, et il le sait. Mais ce qu’il sait aussi, c’est que si demain, il devait passer une visite médicale, pas sûr qu’il obtienne le résultat escompté. Sauf qu’avant de savoir si le natif de Gelsenkirchen rejouera un jour pour Dortmund ou pour l’équipe nationale, ce serait bien de savoir s’il rejouera un jour au football.
Par Ali Farhat, en Allemagne