- Supercoupe d'Europe
- Liverpool-Chelsea (2-2, 5-4 tab)
Le mur d’Adrián
Arrivé libre cet été pour être la doublure d'Alisson, l'Espagnol Adrián a sorti un match monstrueux lors de la Supercoupe d'Europe remportée par Liverpool ce mercredi soir face à Chelsea. Pourtant, rien n'était gagné d'avance pour celui qui a découvert le haut niveau à seulement 26 ans. Portrait d'un gardien vraiment pas comme les autres. Et qui s'entraînait avec une D6 espagnole cet été...
Sorti malheureux sur blessure ce week-end contre Norwich, Alisson avait contraint Jürgen Klopp à changer ses plans pour la Supercoupe d’Europe contre Chelsea, ce mercredi à Istanbul. Pour remplacer son Brésilien, l’entraîneur allemand a donc fait confiance à Adrián, arrivé à Liverpool seulement dix jours avant la rencontre. Mais qu’importe, le portier espagnol a montré qu’il était déjà prêt à l’emploi en sortant un match magistral face aux Blues de Frank Lampard. De quoi faire passer Karius et Mignolet pour encore plus mauvais qu’ils ne le sont.
Le mystère de la patience
Après une sixième et dernière saison blanche à West Ham l’année passée, Adrián a été libéré de son contrat, ce qui lui a laissé tout le loisir de se ressoucer dans son Andalousie natale. Au programme, entraînements au sein de l’effectif de l’Unión Deportiva Pilas, club de sixième division espagnole situé à une trentaine de kilomètres de Séville. Si le gardien de 32 ans ne panique pas, c’est qu’il sait que son agent va lui trouver une porte de sortie alléchante. Ce sera finalement Liverpool, qui en venant taper à sa porte fin juillet, décide de faire de lui la nouvelle doublure d’Alisson Becker, stratosphérique la saison passée.
La patience, Adrián connaît puisqu’il fait partie de ceux dont la carrière a bien eu du mal à décoller. Formé au Bétis Séville au début des années 2000, il évolue ensuite dans l’équipe B du club pendant cinq saisons avant d’avoir enfin sa chance. Cette dernière intervient le 29 septembre 2012, date à laquelle il joue donc sa toute première rencontre de Liga. Après celle-ci, le teigneux gardien de but ne bouge plus des cages sévillanes mais ne sera pas prolongé par son club de coeur. Qu’importe, il file à West Ham à l’été 2013 dans l’anonymat le plus complet, pas mécontent de pouvoir découvrir un football qui, il le sait, lui sied si bien.
Yo Adrián
En six saisons à Londres, Adrián a continué de surprendre, mettant à nouveau la concurrence au tapis et jouant plus de 100 matchs de Premier League alors qu’il approche déjà les 30 ans. Avec son physique de déménageur (1,90m, 83kg), l’Andalou s’est parfaitement adapté à son nouvel environnement, ce qui a sans doute définitivement convaincu les dirigeants de Liverpool de l’engager. Pas formaté, comme beaucoup d’autres joueurs ayant éclos tardivement, Adrián est un bosseur de l’ombre qui n’hésite pas à s’exprimer. Preuve en est fin 2017 quand son président qualifie Joe Hart, fraîchement arrivé à West Ham cet été-là, de « meilleur gardien » et de « plus grand professionnel » qu’il ait connu. Mécontent, l’Espagnol lui rappelle avec ironie que lui aussi existe. Ce qui ne l’empêchera pas de disputer 19 matchs de Premier League dans la saison.
Ce mercredi soir, c’est à une autre équipe londonienne qu’Adrián a fait des misères. Car si la maladresse des Blues a été de rigueur, le néo-portier des Reds a lui été un mur. En première période, c’est lui qui sauve les siens quelques minutes avant l’ouverture du score d’Olivier Giroud. Coupable d’une faute pas évidente qui coûte aux Redsle penalty égalisateur de Jorginho, c’est bien lui qui met en échec Tammy Abraham et qui sort la frappe de Mason Mount alors qu’elle se dirigeait dans sa lucarne. Enfin, lors de la séance des tirs au but, c’est lui qui remporte le duel l’opposant à son homologue espagnol Kepa, offrant ainsi à Liverpool son premier titre de la saison. De quoi rendre fou de joie Jürgen Klopp : « Quelle histoire ! ADRIAN ! Comme Rocky après avoir perdu contre Apollo Creed. » L’entraîneur allemand a tout compris.
Par Maxime Renaudet