- Ligue 1
- AJA/OM
Le money-time a sonné ?
Avec 5 points d'avance, l'OM peut éventuellement se permettre de perdre. Et c'est possible, vu la forme d'Auxerre et le dernier match moyen de Marseille contre St-Etienne. La France du foot rêve de l'extraordinaire Rennes-Bordeaux (2-3) de la saison passée, il y a un an, jour pour jour. Un truc énorme qui apporterait en plus du titre quasi acquis, prestige et légitimité à l'OM. Sauf qu'en face, y'a Auxerre...
« Y penser toujours, n’en parler jamais » . Le foot, c’est comme la politique : plus on est ambitieux, plus on parle avec modestie, effacement et humilité devant un tapis de copeaux de bois soigneusement taillés dans sa propre langue. A moins de s’appeler Nicolas Sarkozy et de n’y « penser pas seulement qu’en se rasant » . Avec lui, au moins, les choses sont claires… Jean Fernandez, lui, respecte la couleur “gris muraille” de ceux passés de l’ombre à la lumière : « Marseille sera champion. Ils sont actuellement imbattables » . L’a l’air sincère, Jeannot… Mais l’AJA fera tout pour battre l’OM, évidemment. Bien obligé : outre le titre, toujours jouable, c’est surtout le trou avec les poursuivants qu’il convient de maintenir. Le Losc est à 5 points et Montpellier à 6 : en cas de défaite d’Auxerre et de victoire de ses deux suiveurs, les Bourguignons seraient à portée de fusil pour la 2ème et 3ème place qualificative en C1. Or, la Ligue des Champions, c’est l’objectif principal de l’AJA. Là, au moins, pas de langue de bois, côté AJA, joueurs et entraîneur confondus. En face, pas besoin de faire un dessin : l’OM a le vent en poupe. Rien que pour ça, le match de ce soir promet.
L’OM en mode Bordeaux 2009 ?
Les Phocéens alignent 13 matchs sans défaite en championnat et surtout une impressionnante série en cours de 8 victoires. Détail un peu oublié, et qui risque de compter à la fin, la différence de buts phocéenne est de +30, alors que celle de l’AJA est de +13. Comme dirait Rolland Courbis, le leader de L1 compte donc 5 points +1 par rapport à son dauphin… Autre détail pas si anodin : Deschamps dispose de son effectif au complet. Ni blessés dans son groupe de base, ni suspendus. Aborder la dernière ligne droite dans ces conditions alors qu’on a joué le championnat et la Coupe d’Europe (C1 puis C3), voilà qu’il faudra ajouter au crédit de la Dèche. Reste que le groupe accuse un peu la fatigue…Sinon, le coach phocéen va a priori encore reconduire au milieu (Kaboré, Cissé, Lucho) et en attaque (Niang, Brandao, Valbuena) les mêmes lignes : on ne change pas une formule qui gagne. Principales victimes : Ben Arfa et Cheyrou. Quand on pense que Marseille finit le championnat avec ces deux joueurs-là sur le banc (Hatem n’est même pas entré dimanche soir contre l’ASSE, c’est Baky Koné qui lui a été préféré…)
Selon sa nature qui consiste à avoir le ballon, Marseille va prendre le jeu à son compte face à un AJA plus “attentiste” ? Sûrement, mais alors il va falloir faire mieux que dimanche soir, contre St-Étienne, où au bout de presque une heure, l’OM s’est pratiquement enfoncé, à court de jeu et d’idées. Lucho, surtout, s’est effacé au point de disparaître. Il faut dire qu’autour de lui (Kaboré au milieu, Niang devant), il n’y avait pas trop de mouvement non plus. Or, c’est finale ce soir… Pas de victoire sans un grand Lucho. Ce sera à lui de trouver ses attaquants qui auront en face d’eux de sacrés clients, vu que l’AJA, c’est la meilleure défense de L1, surtout à domicile (que 26 buts concédés). A moins d’un coup de pied arrêté bien négocié sur les têtes chercheuses Diawara, Brandao ou Mbia : ça pourrait suffire… Enfin, un mot sur Mandanda. Comme par hasard, il finit mieux le championnat, au point de se montrer décisif (à Sochaux ou contre St-Étienne), comme “avant”. Comme quoi, même les perfs individuelles sont aussi souvent tributaires du collectif…
Les armes de l’AJA
Y aura-t-il un plan anti-Pedretti, le Pirlo auxerrois ? C’est la rampe de lancement de l’AJA : tout part de lui, notamment dans le jeu long. Trop libre de ses mouvements, il pourrait faire du grabuge. Il sait très bien orienter vers les côtés, sur Oliech à droite et sur Birsa à gauche. A ce propos, les latéraux Heinze et Bonnart auront fort à faire, vu qu’en face ça cavale vite. Et puis Pedretti sait aussi trouver ses deux attaquants Niculaé, et Jelen, plus en pointe. L’axe Pedretti-Niculaé-Jelen : voilà le danger. Comme on le rappelait dimanche, Jelen ne gâchera pas toutes les occases qu’un Rivière (St-Étienne) a laissé passer au Vélodrome. Le Polonais marque à un rythme métronomique ces temps-ci, donc danger. On observera donc le duel Niculaé-Jelen contre la paire Mbia-Diawara. Rappelons que Diawara est le maillon fort de l’OM dans cette dernière ligne droite. Taulier sur le terrain, comme dans le vestiaire (il a juste remis à sa place un Mbia pas content de jouer défenseur axial), on verra s’il comptera Jelen à son tableau de chasse après la partie.
Pour le reste, Jean Fernandez a bien sûr pointé un point faible récurrent à l’OM, ces temps-ci : « J’ai revu le match contre St-Étienne et j’ai remarqué qu’en deuxième mi-temps, il y avait beaucoup d’espaces entre les lignes. C’est notre chance. Car quand les lignes sont resserrées, cette équipe est injouable » . Bien vu, Jeannot ! Dit autrement : le milieu marseillais s’est fait bouffer par le milieu stéphanois… D’où les possibilités favorables offertes à Pedretti pour lancer tous azimuts vers l’avant, le bloc marseillais se retrouvant vite sur le reculoir… Mais on imagine que Deschamps va corriger le tir. A moins que cet OM ne tire vraiment la langue et ne sombre encore une fois, passée l’heure de jeu. Face à une AJA qui pète la forme, ça ne pardonnera pas. C’est pourquoi la rencontre de ce soir servira de révélateur de l’état réel de l’OM à trois journées de la fin. Une taule bien sentie à l’Abbé Deschamps relancerait alors, en effet, un championnat peut-être pas entièrement plié. Rendez-vous à 22 h 45…
PS : Auxerre-Marseille, match à 21 heures, EN CLAIR sur Orange Sport…
Par