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Le Mondial des clubs, une compétition toute pétée ?

Eric Maggiori
4 minutes
Le Mondial des clubs, une compétition toute pétée ?

En ce moment se dispute le Mondial des clubs au Maroc avec, aujourd’hui, la demi-finale entre le Guangzhou Evergrande et le Bayern Munich. Mais en vrai, le seul match vraiment intéressant, c’est la finale entre le club européen et le club sud-américain. Alors, pourquoi se faire chier avec des tours précédents ?

Le Mondial des clubs qui se déroule en ce moment même au Maroc est la dixième édition de cette compétition fondée en 2000, mais véritablement instaurée à partir de 2005. Dix éditions, et donc, dix finales. Pour le moment, sur les neuf finales qui se sont disputées, huit ont opposé un club européen à un club sud-américain. La seule exception remonte à 2010, avec cette finale entre l’Inter de Benítez et le Tout-Puissant Mazembé. Mais c’est un fait : le Mondial des clubs a été remporté cinq fois par un club européen (Milan, Manchester United, Barça à deux reprises, Inter) et quatre fois par une équipe d’Amérique du Sud (Corinthians deux fois, São Paulo, Internacional). D’où une question assez élémentaire : pourquoi diable avoir aboli la Coupe intercontinentale, qui opposait le vainqueur de la Ligue des champions à celui de la Copa Libertadores, au profit d’une compétition qui, de toute façon, a pour unique but d’opposer en finale le vainqueur de la Ligue des champions à celui de la Copa Libertadores ? Intérêt économique, bien sûr. Mais pourtant, pas certain que la formule fonctionne.

Un nom qui sonne bon le prestige

Après une édition pilote en 2000, le Mondial des clubs débute véritablement en 2004. Y prennent part le vainqueur de la Ligue des champions, de la Copa Libertadores, de la CONCACAF Champions League (Amérique du Nord), de la CAF Champions League (Afrique), de la AFC Champions League (Asie), de l’OFC Champions League (Océanie) et le champion en titre du pays qui accueille la compétition. Dans l’esprit, pourquoi pas. Vouloir mettre les champions de chaque continent au même niveau et les faire s’affronter, l’idée est bonne. Le seul souci, c’est que la forme, elle, ne l’est pas. Si l’on veut mettre toutes les équipes sur le même piédestal, pourquoi, alors, ne pas les faire toutes débuter en même temps ? À quel titre le Bayern Munich devrait-il entrer dans la compétition en demi-finale, alors que le Raja Casablanca doit se taper trois tours préliminaires ? Et surtout, comme par hasard, le club européen et le club sud-américain ne peuvent pas s’affronter avant la finale. Tiens donc, que c’est bizarre.

En fait, on a vraiment l’impression que tout ceci est organisé pour du beurre. Quasiment pour donner l’impression aux clubs africains, asiatiques et océaniques qu’ils ont de l’importance, alors qu’en réalité, tout est fait pour qu’ils soient éliminés, et qu’ils laissent l’Européen et le Sud-américain s’affronter en finale. En plus de cela, cette compétition, baptisée « Coupe du monde des clubs » (un nom qui sonne bon le prestige, avec référence historique à la Coupe du monde), n’a évidemment pas la couverture médiatique qu’elle pourrait avoir. Les droits télévisés appartiennent à Eurosport, comme un vulgaire mondial des moins de 19 ans. Mais certains matchs, comme la demi-finale entre l’Atlético Mineiro et le Raja Casablanca, qui aura lieu demain soir, ne sont même pas diffusés. Comble du comble, en France, cette compétition va même passer, dans son traitement médiatique, derrière les huitièmes de finale de la Coupe de la Ligue, diffusée sur France 2, France 4 ou France 3 Régions…

Europe/Amérique du Sud, l’essence du foot

Alors, que faire pour rendre cette compétition intéressante ? Déjà, le nombre de qualifiés ne colle pas. En tout, cette année, sept clubs y ont participé : le Bayern Munich, l’Atlético Mineiro, le Raja Casablanca, le Guangzhou Evergrande, Al Ahly, le CF Monterrey et Auckland City. Pourquoi ne pas ajouter une équipe (le vainqueur de l’Europa League, par exemple), pour avoir un nombre rond, et pouvoir faire deux poules de quatre équipes. On obtiendrait alors un modèle semblable à celui de la Coupe des confédérations, avec deux qualifiés par poule, qui accèdent ainsi aux demi-finales. La format serait ainsi équitable pour tous, le champion d’Océanie ayant les mêmes chances que le champion d’Europe. Ou bien, autre option : que la FIFA arrête de jouer les faux-culs, et qu’elle nous remette cette bonne vieille Coupe intercontinentale, qui nous a fait vivre des Juventus-River Plate ou des Real Madrid-Vasco de Gama mémorables. Car après tout, l’opposition Europe/Amérique du Sud, cela reste l’essence du football depuis sa création. Les deux options seraient, dans tous les cas, bien plus attirantes et intéressantes que le format actuel de la compétition, qui favorise complètement les deux équipes que la FIFA aimerait voir gagner.

Chez les entraîneurs, des nerfs à manager

Eric Maggiori

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