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- Nice-Nantes (0-1)
Le miracle de Saint Antoine Kombouaré
Vainqueur de la Coupe de France avec son club formateur et de cœur face à Nice, Antoine Kombouaré est un homme comblé. Un an après avoir sauvé Nantes de la relégation, l'entraîneur a réalisé un rêve. Et c'est bien plus qu'une histoire d'épopée sportive.
Impossible de savoir s’il y croit, ce dimanche matin, à l’heure où la musique de boîte de nuit doit encore résonner au milieu de ses neurones. Difficile de penser, difficile de réaliser. Mais facile, pour lui, de parler. À l’aise quand il s’agit d’évoquer sa reconnaissance envers la vie ou sa gratitude envers les supporters, Antoine Kombouaré a encore trouvé les mots justes pour décrire le titre du FC Nantes en Coupe de France. Son titre, celui de son staff et de ses joueurs. Un trophée qui représente bien davantage qu’une simple consécration sportive à ses yeux, lui qui n’aurait pu imaginer une telle épopée que dans ses rêves les plus fous.
Dons du ciel
Mais voilà, Nantes a progressivement franchi les étapes (avec de la réussite, parfois, et deux séances de tirs au but à Sochaux ou contre Monaco) et a terminé l’histoire de la plus belle façon possible : en levant la coupe vers les étoiles, grâce là encore à une petite aide du ciel (à savoir des décisions arbitrales plutôt à son avantage) et un penalty de Ludovic Blas inscrit à la 47e minute. Sans oublier une certaine sérénité, une vraie solidité et un mérite que personne ne peut lui enlever. Vingt et un ans que le club n’était plus allé au bout d’une compétition, ce même club qui a échappé de peu à la relégation en Ligue 2 il y a seulement quelques mois.
Alors, après tant de souffrances et de reconstructions, l’homme qui l’a sauvé de la descente et qui l’a emmené en finale de l’épreuve chérie des Français s’est livré à cœur ouvert en conférence de presse : « Il fallait rester fort malgré la pression de l’enjeu, nous qui venions de nulle part. Il y a un an, on pouvait crever et se retrouver en Ligue 2. Là, on gagne la Coupe de France et on jouera la Ligue Europa. On m’a rappelé qu’on allait jouer le Trophée des champions, vous imaginez l’écart ? On a du mal à y croire. C’est quelque chose d’exceptionnel, d’unique, de presque miraculeux. D’autant qu’à l’époque, Nantes faisait partie des plus gros clubs, donc c’était normal de gagner une Coupe de France. Mais aujourd’hui… »
« Je suis en train de vivre un truc de malade »
Pour Kombouaré, il n’est plus exclusivement question de football. Cette aventure avec les Canaris, c’est celle de l’amour. Elle raconte l’histoire d’un Kanak né à Nouméa et parti tenter sa chance dans l’Ouest de la France continentale à vingt piges pour taper timidement la balle, puis y faire carrière pendant sept longues années sans jamais s’adjuger de trophée, avant d’y revenir des décennies plus tard avec la seule intention de continuer à faire exister fièrement l’entité. Mission plus que réussie, pour donner une des meilleures tranches de vie au coach : « Je suis en train de vivre un truc de malade. Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais imaginé me retrouver à Nantes et remporter un trophée avec ce club. Je remercie tout mon staff, et surtout les joueurs. C’est la première fois que je me lâche autant. Qu’après une victoire ou un trophée soulevé, je partage ça avec mes joueurs et mon staff. Je mesure la chance que j’ai, je suis un privilégié. D’où l’on vient, c’est grandiose. »
Et le technicien d’enchaîner, en parlant toujours de « miracle » pour qualifier cet instant intense considéré comme le plus beau succès de sa carrière : « J’étais prêt à échanger toutes les victoires que j’avais eues avant pour celle-ci. Quand Ludo a soulevé ce trophée, j’ai pensé à mon arrivée de Nouvelle-Calédonie. Je pense à mes illustres aînés, qui sont des monstres, je ne me compare pas à eux. Bien sûr, c’est une immense fierté de me retrouver là. Surtout, je n’avais jamais imaginé cette situation. C’est presque du domaine du miracle d’entraîner Nantes, et de soulever un trophée avec ce club. » Les litres de champagne ingurgités n’étant même pas traités par le foie, il demeure bien trop tôt pour songer à la suite et au mariage Kombouaré/Waldemar Kita (qui semble battre de l’aile, le premier ne l’ayant jamais caché). Mais même si elle s’achève dans les prochaines semaines ou les prochains mois, l’union entre le tacticien et le club est désormais scellée pour l’éternité.
Par Florian Manceau