- Coupe du monde 2014
- 1/2 finale
- Brésil/Allemagne (1-7)
- Revue de presse
Le miracle de Belo Horizonte
La presse allemande n'a qu'un mot à la bouche, et lui donne toutes les variantes nécessaires : incroyable. Ce match et cette victoire étaient incroyables. Un moment d'histoire, de folie et de miracle. Après Bern, voici « das Wunder von Belo Horizonte ».
Le rédacteur en chef de Kicker le dit sans ambages dans sa colonne du jour, avec un titre qui répète ce que tous les Allemands ont pensé hier soir. « Wahnsinn ! Unglaublich ! Unfassbar ! » , soit trois mots pour dire que ce match était « incroyable » . C’est bien ce qui transparaît de la presse ce matin, la tête encore dans la rêverie de Belo Horizonte. La FAZ l’écrit texto : ce match est « un rêve dont personne n’avait osé rêver. » Pas même les joueurs. « Tout était tellement irréel qu’ils ne savaient parfois plus comment célébrer leur joie. » Mats Hummels raconte alors le moment du 4-0, sur un doublé de Toni Kroos (26′) : « Je me suis dit que ce n’était pas possible, et alors tout le banc s’est levé pour courir sur la pelouse, comme si l’arbitre avait déjà sifflé la fin du match. » La folie.
Le Welt se demande donc si l’étude sérieuse de la victoire allemande est possible. « Peut-on analyser la folie (de ce match) de façon logique ? » Sa réponse : au moins jusqu’au 2-0. Ensuite, il n’y a plus de jeu, seulement la dinguerie. Ainsi, le journal arrive même à trouver des reproches. « Si on veut chercher le cheveu dans la soupe, on peut remarquer que l’Allemagne n’a pas bien joué avant le 2-0. » Dur, mais sans oublier d’y ajouter tout de suite un contre-balancier : « Tout ce qui ne fonctionnait pas côté allemand dans les premières minutes a été fait avec une élégance légère ensuite. » Reprenant alors une réponse de Franz Beckenbauer suite à une défaite 5-1 de l’Allemagne contre la Roumanie en 2004, le Welt conclut : « Dans 50 ans, nos descendants regarderont le résultat et penseront : « Il doit y avoir une faute de frappe. » »
Car oui, ce qui marque également, c’est cette certitude de l’écriture de l’histoire en direct. Ce match restera dans les mémoires et dans les grands récits de la Coupe du monde comme un moment à part. Pour le Welt, ce sera une « anomalie de l’histoire du football » , tandis que Bild se lance dans le triomphal « une victoire pour l’éternité » . La FAZ en rajoute une couche. C’est « un triomphe qu’il n’y avait encore jamais eu dans l’histoire du football allemand. » Avec un nom tout trouvé, repris par la plupart des journaux : la victoire 7-1 contre le Brésil sera « das Wunder von Belo Horizonte » , le miracle de Belo Horizonte, 60 ans après Bern.
La dernière marche
Les Brésiliens ne sont pas oubliés. Quelques articles font état de la tristesse, du désabusement, mais aussi d’un certain humour brésilien face à la déconvenue. On peut donc lire des déclarations saugrenues, comme cette femme dans un fan fest observée par un reporter du Welt et qui préfère « rentre[r] à la maison et [aller se] rouler un joint. J’utiliserai mieux mon temps ainsi. » Surtout, les Allemands compatissent devant la tristesse des supporters et des joueurs adverses… et ils se souviennent. Philippe Lahm avoue ainsi sa compréhension du drame brésilien. « Je connais le goût amer d’une défaite en demi-finale dans son propre pays. » À l’époque, l’Allemagne n’avait toutefois craqué contre l’Italie que 2-0, et en prolongation. Le drame n’est pas le même. « Un tel match et un tel résultat, les Brésiliens ne les ont vraiment pas mérités. Il y a de grands joueurs de leur côté » , ajoute Thomas Müller.
Alors maintenant, l’Allemagne se tourne vers la finale. La Nationalmannschaft ne veut plus perdre, ses compatriotes non plus. À Kicker, c’est d’ailleurs le premier ton donné sur le site internet ce matin, loin de l’euphorie : il faut « monter la dernière marche » désormais, comme l’a déclaré Joachim Löw. Hummels est là pour le rappeler à son tour. La finale sera un match « extrêmement intense, pour lequel nous devons bien nous dire que ça ne sera pas facile. » Même si Der Westen n’y va pas par quatre chemins : « Le titre est proche. » Attention, toutefois, à ne pas penser que la finale est déjà gagnée suite à ce 7-1. Car chaque match a son histoire bien à lui.
Par Côme Tessier