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Le Milan en état grippal
Rien ne va plus pour le champion d’Italie en titre. Depuis la fin de la Coupe du monde, l’AC Milan traverse une interminable zone de turbulences. Alors que le derby de la Madonnina se profile, la bande de Giroud doit rapidement trouver les solutions pour ne pas connaître une deuxième partie de saison chaotique.
Les tifosi milanais se souviendront, contre leur gré, de ce dimanche 29 janvier 2023. À San Siro, face à Sassuolo (17e avant la rencontre), le Milan a reçu une sévère correction 5-2. Une nouvelle défaite qui a fait chuter les Rossoneri à la cinquième place, à quinze longueurs du leader napolitain. Si la bande de Tonali parvenait tant bien que mal à rester dans le rétroviseur du Napoli, cette humiliation dominicale a enterré tous leurs espoirs : « Il faut être réaliste, nous ne gagnerons certainement pas de nouveau le Scudetto. Cette saison, notre titre, c’est la qualification pour la Ligue des champions », déclarera après le coup de sifflet final Stefano Pioli. Depuis la reprise, le bilan milanais est chaotique : 7 matchs, 4 défaites, 2 matchs nuls, pour 1 seule victoire. Cerise sur le gâteau, le champion d’Italie en titre est tout simplement la pire défense du top 5 européen en 2023 avec 18 buts concédés, dont 12 en 3 matchs face à Sassuolo donc (2-5), la Lazio (0-4) et l’Inter (0-3). « Cette équipe a perdu sa force collective qui était jusque-là son arme principale », constate Arrigo Sacchi à la Gazzetta dello Sport. Un état grippal qui perdure depuis des semaines et dont les symptômes peinent à disparaître.
Ce diable d’Abraham
Comme il paraît révolu, le temps où le Milan roulait sur le championnat italien. Depuis leur 19e Scudetto remporté au printemps dernier, les Milanais connaissent un exercice 2022-2023 beaucoup plus compliqué. Si le contenu est plus bâclé cette saison, le Milan pouvait se targuer d’avoir cette fameuse force collective évoquée par Sacchi. Avant la trêve, ce mental de gagnant a souvent fait la différence dans des rencontres délicates comme face à La Spezia (2-1) ou encore la Fiorentina (2-1), avec des succès arrachés dans les derniers instants (Giroud à la 89e contre La Spezia, CSC de Milenković à la 90e contre la Viola).
Mais ce supplément d’âme s’est évaporé le 8 janvier dernier lors de la réception de la Roma (2-2). Une rencontre que les Rossoneri vont maîtriser pendant 85 minutes avant de s’écrouler dans les derniers instants et de concéder deux buts, dont celui de Tammy Abraham. « Depuis ce match, nous avons un blocage », déclarait Stefano Pioli dimanche dernier. Depuis cette contre-performance, le Milan est touché par un burn-out. Les corrections vont s’enchaîner, dont celles face à l’Inter en finale de Supercoupe (0-3) et face à la Lazio (0-4), rencontres durant lesquelles les hommes de Stefano Pioli se sont retrouvés largués dans l’intensité et incapables de rivaliser techniquement, tactiquement et physiquement.
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Rafael Leão a perdu sa vivacité (et au passage son sourire), la charnière Tomori-Kalulu s’est transformée en passoire, les latéraux Hernandez et Calabria multiplient les erreurs, et le milieu Tonali-Bennacer se retrouve complètement dépassé. De plus, l’absence de Mike Maignan se fait de plus en plus ressentir. L’intérimaire Ciprian Tătărușanu n’est pas au niveau et n’apporte aucune sérénité dans cette défense milanaise (14 buts concédés sur 19 frappes cadrées en 2023), en témoignent ses nombreuses prises de bec avec Fikayo Tomori. Rien ne va plus au sein du navire milanais, dont le commandant de bord semble lui aussi complément dépassé.
Pioli n’est plus on fire
Forcément, Stefano Pioli a une grande part de responsabilité dans ce marasme lombard. Alors que la maison brûle, le tacticien italien ne parvient pas à éteindre l’incendie. Frileux tactiquement (ou têtu, c’est selon), le meilleur entraîneur de Serie A en 2022 s’entête avec un 4-2-3-1 qui ne fonctionne plus, du moins lorsque le Milan n’a pas la maîtrise du match, ce qui est le cas ces dernières semaines. Face à la Lazio (0-4), la paire du milieu Bennacer-Tonali s’est rapidement retrouvée débordée et a logiquement pris l’eau. Il aura fallu attendre cette défaite cinglante face à Sassuolo pour que le divin chauve identifie ce problème tactique : « Tout ce qui a fonctionné ces derniers mois ne fonctionne plus. Il est clair que l’on doit changer quelque chose pour retrouver la victoire. Je prendrai les décisions pour avoir un bloc plus compact, mais surtout de l’énergie et de l’équilibre. »
Outre les problèmes tactiques, Stefano Pioli a opéré des changements surprenants, pour ne pas dire incohérents. Face à la Roma (2-2), alors que son équipe maîtrise parfaitement son sujet et mène 2-0, Stefano Pioli revoit ses plans et décide de passer à cinq derrière, en sortant Saelemaekers pour Gabbia. Un changement drastique qui va désorganiser le bloc milanais. La suite, on la connaît. « Ces changements tactiques ont permis à la Roma de prendre confiance. Si vous voulez que vos joueurs vous suivent, vous devez être convaincant », argumentait après ce match Arrigo Sacchi. Dimanche dernier, alors que le Milan est mené 3-1 à la pause face à Sassuolo, le tacticien rossonero décide de sortir ses deux joueurs les plus entreprenants, à savoir Saelemaekers et De Ketelaere.
120 – Charles De Ketelaere will start a Serie A game for the first time since October 1, 2022, 120 days ago (Empoli-Milan). Chance. pic.twitter.com/aTCDfO9801
— OptaPaolo (@OptaPaolo) January 29, 2023
Par ailleurs, ce dernier n’a pas été intégré de la meilleure des manières par Pioli. Recruté cet été pour 32 millions d’euros, le meneur belge n’a commencé que dix matchs en tant que titulaire et doit très souvent se contenter d’entrées en jeu. Une gestion surprenante de la part du tacticien milanais, pour un joueur qui est censé incarner l’avenir de la maison rouge et noir. Un manque de confiance dont sont aussi victimes Thiaw, Vranckx ou encore Adli. Arrivés tous les trois cet été, ils n’ont disputé au total que 390 minutes. Certes, l’effectif milanais est limité, mais Stefano Pioli ne se mouille pas trop et tarde à faire confiance à cette jeunesse. Pourtant, cette dernière lui a très souvent donné raison, exemple avec Pierre Kalulu la saison passée.
Depuis son arrivée à Milan en octobre 2019, Stefano Pioli n’a jamais été aussi critiqué. Si des « Pioli Out » sortent de quelques bouches milanaises, l’ancien entraîneur de la Fiorentina reste l’homme de la situation, à condition qu’il trouve rapidement les solutions. Et ce troisième derby de la saison « arrive au meilleur des moments pour se relancer », avance un certain Costacurta. Certes, le Milan est cinquième, mais a seulement deux points de retard sur le deuxième, son adversaire du soir, l’Inter Milan. Les Rossoneri jouent gros dans ce match. Outre le classement, ils doivent surtout se relancer pour ne pas s’enfoncer encore un peu plus dans la crise. Et si le match de la saison du Milan avait lieu ce dimanche soir ?
Tristan Pubert