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Le Milan AC peut-il vraiment le faire ?
Ce soir, le Milan AC se déplace au Camp Nou pour y affronter le Barça. Les deux équipes repartent du 0-0 du match aller. Or, les Catalans doivent se méfier. Car les équipes milanaises ne sont pas forcément un bon souvenir pour eux.
Du côté de Milanello, c’est profil bas. Milan ne fanfaronne pas, Milan ne se pavane pas. Non. Milan opte pour le silence. Le 0-0 du match aller contre le Barça laisse le champ libre à tous les scénarii. « Le ballon est rond, pour le match retour, c’est 50-50 » déclarait à chaud Clarence Seedorf, au coup de sifflet final. La réalité est peut-être un peu moins optimiste. Le Barça, à domicile, c’est une machine de guerre. 23 matches disputés cette saison : 20 victoires, 3 nuls, 87 buts marqués, 13 encaissés. Boum. Néanmoins, une donnée vient nuancer ces impressionnantes statistiques. En Ligue des Champions, la seule équipe à être repartie du Camp Nou avec autre chose qu’une défaite dans les valises, c’est le Milan AC. C’était le 13 septembre dernier, les rossoneri arrachaient un 2-2 à la dernière minute grâce à un coup de tête de Thiago Silva. Certes, il s’agissait là du premier match de la saison. Certes, le Barça n’avait pas attaqué cette confrontation avec l’obligation de s’imposer. Mais quand même. Milan sait comment enquiquiner les Catalans. Ils les ont emmerdés il y a sept jours, et ils sont prêts à recommencer ce soir. D’autant qu’un match nul (autre que 0-0) les enverrait en demi-finale. Pas sûr, donc, que l’avantage psychologique soit du côté que tout le monde pense.
Quand l’Histoire se dresse
Alors, Milan peut-il vraiment le faire ? Peut-être, oui. Au match aller, les Milanais ont couru des risques, mais auraient aussi pu prendre l’avantage en première période, si Robinho et Ibrahimovic n’avaient pas été si maladroits (surtout Robinho, en fait). Les rossoneri ont déjà marqué quatre buts cette saison aux champions d’Espagne, preuve que l’exploit est à portée de main. Et puis, côté barcelonais, il y a ce miroir, qui leur permet de ne pas oublier que la dernière fois qu’ils ont été éliminés de la Ligue des Champions, c’était déjà par une équipe de Milan. Pas par l’AC, mais par l’Inter, qui, en avril 2010, était venue chercher au Camp Nou sa qualification pour la finale, au terme d’une rencontre épique. Deux ans plus tard, Milan rêve de venir rééditer l’exploit. Un peu comme si le destin voulait venir jouer un tour aux Blaugrana. Un destin qui se fera d’ailleurs un malin plaisir de rappeler à tous qu’une seule des deux équipes a raflé deux fois de suite la plus prestigieuse des compétitions. Et que cette équipe, c’est le Milan AC.
Alors oui, le Barça de Messi et de Guardiola, aussi impressionnant soit-il, vient de remporter deux C1 en trois ans. D’accord. Mais pour égaler le Real Madrid, Nottingham Forest, Liverpool, le Bayern Munich, l’Ajax, l’Inter, Benfica et, donc, le Milan AC, il va falloir la gagner une deuxième fois d’affilée. Et pour ce, il faut justement passer sur le corps des Milanais. Or, il n’est jamais facile de voir l’Histoire avec un grand H se dresser face à soi. Même lorsque l’on a gagné trois fois le Ballon d’Or. Si l’on enlève la symbolique, la tâche reste tout de même ardue. Milan n’est jamais un client facile, surtout en ce moment. Le jeu n’est pas flamboyant, mais Allegri a prouvé à plusieurs reprises qu’il était un fin stratège. Ce soir, il a l’occasion de réaliser son plus beau coup. A condition de présenter une armée parfaitement organisée.
Une tête toute sale d’Ambrosini
De fait, pour aller chercher une qualification au Camp Nou, il va falloir être impeccable. Du gardien jusqu’aux attaquants, en passant évidemment par les défenseurs, qui seront mis à contribution. Au match aller, Nesta avait été monstrueux face à Messi. Le défenseur a été préservé ce week-end, histoire d’être frais pour ce match retour. A ses côtés, toujours pas de Thiago Silva, blessé, mais un Philippe Mexès qui monte en puissance au fil des semaines. La longue blessure de la fin de saison dernière est oubliée, et l’ancien de la Roma va devoir sortir son meilleur niveau pour contrecarrer les velléités catalanes. Sur le côté, Antonini, auteur de deux tacles salvateurs en fin de match contre le Barça (face à Tello) et Catane (tir de Lodi à la 93ème minute), devra prouver qu’il mérite sa place plus que Mesbah (oui oui). Mais le vrai rébus, pour Allegri, c’est l’attaque. Si Zlatan est déjà assuré de refouler une pelouse du Camp Nou qu’il connaît bien, quid de son partenaire d’attaque ?
Malgré son but samedi contre Catane, Robinho ne semble pas en grande forme. Pato est visiblement remis sur pied, mais le titulariser d’amblée pour un match d’une telle importance serait risqué. Restent El Shaarawy et Maxi Lopez (un ancien de la maison catalane), qui peuvent toujours amener de la vivacité, même s’il semble plus probable de les voir entrer en cours de match. Allegri peut également compter sur Boateng, qui n’a pas encore fait un match complet depuis son retour de blessure, mais qui en a suffisamment dans les jambes pour mettre en péril l’armada de l’ami Pep. Voilà donc les bases : après trois années d’errance, où ils se sont toujours faits sortir en huitièmes de finale, le Milan a l’occasion de redevenir Grande. Même s’il n’est jamais à l’abri d’une rouste ou d’une manita. Il faudra sortir le match de la saison, aller chercher une victoire, ou même un nul tout dégueu, un 1-1 avec une tête d’Ambrosini à la 82ème minute. Après tout, c’est le leader du championnat d’Italie qui vient défier le deuxième du championnat d’Espagne. L’honneur italo-hispanique, lui aussi, est en jeu. Amen.
Par Eric Maggiori