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Le Milan AC ou l’amour du risque
Malgré l’énorme investissement des Chinois au sein du club pour apporter des joueurs de qualité, l'AC Milan est à la bourre en Serie A. Avec trois défaites en sept journées, Montella et ses gars pointent à la septième place au classement. Mais c’est quoi, au juste, le souci avec les Rossoneri ? Analyse.
C’est la foire aux chiffres, depuis cet été, à l’AC Milan : 220 millions dépensés sur le marché, un jeu d’abord en 4-3-3, puis maintenant en 3-5-2, sept journées de championnat et trois défaites. Du coup, l’équipe est déjà à la traîne, alors que l’Inter (3e), qu’elle affronte ce soir, a déjà sept points en plus. Le souci, c’est qu’il n’est plus question pour les Rossoneri d’effectuer une saison de transition, comme ils tentent en vain de le faire depuis quelques années. Ici, l’enjeu est plus qu’important, avec l’investissement des Chinois dans le club. De l’argent est nécessaire pour satisfaire les investisseurs, au risque qu’ils se barrent et fassent couler l’ancien bateau de Berlusconi. Sans parler du fair-play financier qu’il faudra contenter en ramenant des recettes sportives.
Fassone, l’administrateur délégué de l’AC Milan, a beau clamer que la Ligue des champions n’est pas obligatoire pour la survie du projet, une qualification serait quand même très rassurante pour la suite. Avec Mirabelli, directeur sportif, il forme le duo de choc du club, et ils ont les idées bien claires. Des joueurs de qualité ont été signés très tôt, afin de laisser tout l’été à Montella pour former son plan de jeu et travailler sa tactique. Le tout agrémenté de slogans marketing qui donne alors à cet AC Milan new look une image d’armée extrêmement bien organisée. Les plus grands experts de la Serie A envoyaient déjà les Rossoneri au sommet du classement, s’offrant même le luxe d’imaginer la Juventus derrière, car prétendument affaiblie lors du mercato. C’était il y a deux mois.
Deux tactiques, un même échec
Mais en deux mois, il s’en passe, des choses. Au cours du premier mois, Montella a d’abord choisi un 4-3-3. Puis, lors du second, juste après la raclée subie contre la Lazio (4-1), il s’est finalement tourné vers un 3-5-2. Avec sa tactique à quatre derrière, Biglia et Kessié se partagent la tâche de récupérer le ballon et de le relancer immédiatement vers l’avant. Le premier effectue des passes rapides, tandis que le second utilise plutôt son physique, dribbler sur dix mètres maximum et ensuite enclencher une phase offensive. Quant au troisième milieu, souvent Çalhanoğlu, il évolue presque comme un milieu offensif, contribuant énormément au pressing. Même Bonucci y va de ses fameuses longues passes depuis la défense vers l’attaque, qui ont fait mouche plus d’une fois, que ce soit avec la Juventus ou l’Italie.
Sur le papier, c’est une tactique qui peut se révéler très efficace, sauf que rien ne tourne à l’AC Milan. À chaque fois, le pressing est intense, mais il est aussitôt anéanti dès que l’équipe adverse parvient à jouer en un temps, comme l’a fait la Lazio. Grâce à un jeu très serré, où les espaces se retrouvent bloqués, les Rossoneri ne parviennent pas à trouver la solution. Ils se retrouvent isolés à cause de ce pressing qui est accentué par leur jeu bien trop lent et sont donc contraints à balancer de longs ballons devant, quand ça passe, pour espérer que l’attaquant en fasse quelque chose. Le jeu en un temps n’est pas maîtrisé et il faut donc compter sur des individualités pour se sortir de situations délicates. Ce qui est assez paradoxal, puisque ce sont également ces individualités qui créent des problèmes : la méforme de Bonucci, les bêtises de Zapata ou même Çalhanoğlu qui se fait expulser contre l’AS Roma, car il a « oublié » qu’il avait déjà été sanctionné plus tôt dans la partie…
Pressing mortel
Le constat est identique lors du passage à trois défenseurs, qui ne résout presque rien, si ce n’est l’utilisation des couloirs pour davantage d’opportunités. Contre l’AS Roma (défaite 2-0) ou même contre la SPAL (victoire 2-0), les Rossoneri restent leur principal adversaire. La majorité des actions adverses viennent de pertes de balles provoquées par les joueurs eux-mêmes, sans qu’ils ne subissent pour autant un pressing. Il suffit d’un peu de pression pour que les hommes de Montella perdent la tête et ne sachent plus trop quoi fare. Crotone, Cagliari, Udinese : autant d’équipes de milieu/bas de classement qui n’ont pas vraiment opposé de résistance.
Dans ce cas-ci, pas de problème, puisqu’on laisse le Milan jouer comme il l’entend. Bien entendu, deux mois, c’est court pour former une équipe compétitive, surtout quand 90% du onze type a été modifié. Il n’est donc pas si étonnant que ça que Montella peine à former une cohésion de groupe, sans compter les joueurs qui doivent encore trouver leur épanouissement dans leur poste. Kessié et Çalhanoğlu touchent pour le moment un peu à tout au milieu ; Suso tente difficilement de s’habituer à son nouveau rôle de second attaquant, lui qui préfère jouer sur un côté ; Bonaventura revient de blessures dont il a du mal à se remettre. Bref, l’AC Milan s’est occupé des choses formelles cet été, maintenant il est temps de passer aux choses sérieuses.
Par Giuliano Depasquale