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Le mercato du Milan est-il vraiment pourlingue ?
Alors que la plupart des cadors italiens se sont fait plaisir cet été, le Milan a opté pour un recrutement low-cost et pas toujours cohérent donnant une nouvelle fois l'impression de stagner. Est-ce vraiment le cas ? Pour le moment oui.
Bien malin celui capable de prédire de quoi sera faite la saison du Milan. Lutte pour une place en Ligue des champions ou simplement pour la petite Europe ? Mercato d’hiver XXL lorsque les nouveaux propriétaires chinois auront officiellement pris leurs fonctions ? Les résultats de l’équipe n’aident pas non plus à trouver la réponse avec deux victoires et deux défaites. Tout ou rien. Ce que l’on sait en revanche, c’est que les Rossoneri avaient besoin de renforts cet été après une énième saison décevante et une troisième absence consécutive des compétitions européennes. Plusieurs recrues ont bien débarqué à Milanello, mais aucune ne donne l’impression de pouvoir influencer positivement le sort de ce club.
Un mercato à 25 millions
C’était donc la der de Galliani, le célèbre chauve tire sa révérence sur cette ultime session de mercato estival. Trente ans tout rond, faits de grosses dépenses, de coups bien fouinés, mais aussi d’une belle liste de « bidoni » . Moins en forme depuis quelques années, il a confirmé sa baisse de régime, et la petite enveloppe dont il disposait n’a pas été un alibi suffisant. Quinze millions – c’est le montant de l’acompte du groupe d’investisseurs Sino-Europe Sports –, ont été utilisés pour le défenseur paraguayen Gustavo Gómez (8,5 millions d’euros) et le milieu de terrain argentin José Sosa (7,5 millions d’euros). Une somme considérée comme bien trop élevée pour ce dernier qui a trente et un ans, évoluait au Beşiktaş et a déjà effectué un premier passage totalement loupé en Serie A, avec le Napoli il y a six ans. Les neuf pépètes investis pour Gianluca Lapadula sont les derniers sous sortis de la poche du slip kangourou de Berlusconi, puisque l’avant-centre italien a signé début juin. Pour compléter ce mercato, les milieux Mario Pašalić et Mati Fernandez, débarqués en prêt de Chelsea et la Fiorentina, et l’arrière argentin Leonel Vangioni, arrivé gratuit de River Plate. Pas foufou, hein ? Montella semble être de cet avis, puisqu’au-delà des blessures, les six arrivants facturent 308 minutes de jeu après quatre journées.
Surpopulation
Une des explications se trouve dans l’excessive concurrence à certains postes. Excessive puisque le Milan n’a que le championnat à disputer, mais possède un effectif de vingt-huit joueurs. Beaucoup trop. Opération dégraissage totalement loupée alors que c’était un objectif déclaré. Ainsi, Vangioni est 5e dans la hiérarchie des arrières latéraux. Neuf joueurs sont en concurrence pour occuper les trois places disponibles au milieu de terrain dont trois recrues (Pašalić, Sosa, Fernandez). Surtout, ce sont neuf joueurs relativement moyens, à l’exception de Bonaventura qui commence à perdre son football à force d’être ballotté d’un poste à l’autre. Devant, trois éléments briguent l’unique place disponible à la pointe de l’attaque. Parmi eux, Lapadula, trente buts en Serie B l’an dernier avec Pescara. La recrue la plus intrigante, mais qui risque de faire beaucoup banquette. La faute à un Bacca finalement resté après avoir été tout proche d’un départ. Le Milan était prêt à bazarder le Colombien pour 30 millions d’euros, et seule sa femme l’a empêché d’être transféré à West Ham. Bien lui en a pris, puisqu’avec quatre buts, il a permis aux Rossoneri de remporter la moitié de leurs matchs.
Montella meilleure recrue ?
L’effectif est pléthorique et donne toujours de plus en plus l’impression d’être rempli de joueurs, si ce n’est moyens, au moins limités caractériellement. En fait, ses meilleurs renforts, le Milan les avaient déjà sous contrat. Ils se nomment Gabriel Paletta et Suso. Le premier fut trop hâtivement envoyé en prêt à l’Atalanta l’an dernier où il s’est enfin relancé après une année compliquée. Rappelons qu’il figurait dans les vingt-trois Italiens au dernier Mondial et qu’il s’est enfin coupé les cheveux. Le second, lui, avait besoin de temps de jeu pour prendre ses marques en Serie A. Mission réussie avec six buts en une demi-saison au Genoa qui ont enfin justifié son arrivée en Lombardie il y a presque deux ans. L’Argentin s’est installé dans l’axe de la défense aux côtés de Romagnoli, qui a besoin d’un homme d’expérience à ses côtés, tandis que l’Espagnol virevolte sur l’aile gauche et a déjà pu faire admirer sa frappe de balle contre le Napoli. Deux satisfactions pour Montella qui prend doucement ses marques, tout en espérant un tournant lors du prochain mercato hivernal. D’ici là, à lui d’exploiter cette matière première à disposition. Après tout, son effectif n’était pas forcément plus clinquant lorsqu’il a accroché trois quatrièmes places de suite avec la Fiorentina. Une performance pas si lointaine qui lui avait valu un statut de surdoué du banc de touche. Et si c’était lui le plus gros renfort du Milan ?
Par Valentin Pauluzzi