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Le match que vous n’avez pas regardé : Wellington-Auckland

Par Julien Duez
4 minutes
Le match que vous n’avez pas regardé : Wellington-Auckland

Une ligue fermée à l'américaine, un Clásico entre les plus grandes villes de Nouvelle-Zélande, un trophée remis après la première journée de championnat, un stade de campagne en guise d’arène de l’élite et le retour raté d’un mercenaire d’outre-mer. Tout ça, c’est le duel entre Team Wellington et l’Auckland City FC, et c’est le match que vous n’avez pas regardé.

Team Wellington 3-1 Auckland City FC

Buts : Morgan (39e csc), Hilliar (76e) et Stevens (88e) pour les Teedubs // Bright (20e) pour les Navy Blues

En 1940, la Centennial Exhibition commémore le centenaire de la signature du Traité de Waitangi, qui fonde la Nouvelle-Zélande en tant que nation. À Wellington, la capitale, plus de 2,6 millions de visiteurs participent aux festivités. Un terrain, où étaient jadis parqués les immigrants venus coloniser l’île, sert de camping pour caravanes, avant d’être transformé, plus tard, en terrain de football, finalement renommé David Farrington Park en hommage à l’une des figures majeures du ballon rond néo-zélandais. Et c’est dans ce jardin que la Team Wellington reçoit dimanche après-midi (trois heures du matin en France), son rival d’Auckland pour l’ouverture de la saison.

L’autre Trophée des champions

Au pays du rugby, le football est loin de jouer les premiers rôles. Le Wellington Phoenix Football Club, la meilleure équipe de la ville, a même rejoint la voisine Australie dont le niveau est largement supérieur. La D1 néo-zélandaise est un championnat discret, semi-professionnel, existant seulement depuis 1970. En 2004, il est réformé sous la forme d’une ligue fermée où évoluent dix franchises, s’affrontant d’abord en saison régulière, puis en play-offs. Recordman de titres avec six couronnements, l’Auckland City FC doit cependant composer avec son rival de la Team Wellington. Les joueurs de la capitale ont le vent en poupe, comme en témoignent leur deux titres glanés depuis 2016.

Traditionnellement, le match d’ouverture du championnat se tient une semaine avant le reste de la première journée, lors d’une rencontre baptisée Charity Cup. Elle oppose le champion en titre à l’équipe néo-zélandaise qui a réalisé le meilleur parcours en Ligue des champions océanienne. La saison dernière s’est révélée dorée pour le football néo-zélandais, puisqu’en finale, c’est Auckland City qui s’est imposé 3-0 face à… Team Wellington.

Briser le sort

La Charity Cup 2017 a donc un parfum de revanche lorsque les vingt-deux acteurs entrent sur la pelouse du David Farrington Park, loin d’être généreusement garni malgré ses 2 500 places, majoritairement debout. On pourrait se passer de payer dix dollars néo-zélandais en assistant à la rencontre depuis l’une des nombreuses maisons qui le surplombent. Mais c’est en tribune, située à moins d’un mètre de la pelouse, que l’on respire le mieux l’intensité de la partie. Amputé de la moitié de son effectif parti au mercato d’été, Wellington est mis à mal par un Auckland d’expérience. Les pensionnaires du nord de l’île sont parvenus à recruter le défenseur des All Whites, Liam Graham, mais surtout le mercenaire Kris Bright, trente et un ans, et une riche carrière qui l’a mené de la Norvège à Malte, en passant par la Hongrie, l’Afrique du Sud, l’Inde et l’Irlande du Nord. Rafraîchi par son retour au pays, Bright n’a besoin que de vingt minutes pour ouvrir la marque face à Scott Basalaj, complètement désemparé. Le jeune portier de Wellington n’a pour expérience outre-mer qu’un prêt chez les U20 de Partick Thistle (en Écosse, ndlr), mais saura se montrer décisif par la suite.

Peu avant la pause, c’est la douche froide pour les visiteurs. La frappe de Tom Jackson est sauvée par le montant, mais la sentinelle Daniel Morgan, arrivée au mercato estival, rate sa première sous le maillot d’Auckland en envoyant malgré lui le ballon dans ses filets. De quoi donner un coup de fouet aux Teedubs de Wellington qui repartent des vestiaires gonflés d’orgueil. L’entraîneur anglais José Figueira abandonne sa traditionnelle défense à trois pour passer en 4-4-1-1. Bétonner les arrières et miser sur les contres s’avère efficace, mais la tâche devient d’autant plus facile lorsque l’expérimenté défenseur croate d’Auckland, Mario Bilen, arrivé du NK Zadar en 2013, doit quitter le terrain sur blessure. Le gardien espagnol Enaut Zubikarai est alors constamment sollicité et ne peut résister aux frappes que lui imposent Scott Hilliar, défenseur central visiblement bien inspiré, et Joel Stevens qui se charge de faire le break à deux minutes du terme.

Sa mission accomplie, Stevens sort au profit du seul Français présent sur le banc : Sekou Diane, arrivé en Nouvelle-Zélande en janvier dernier en provenance de l’US Endoume Catalans ; club où évoluent encore les légendes Sébastien Sansoni, Laurent Merlin et surtout Thomas Deruda, qui a connu la Coupe d’Europe avec Marseille. Diane, qui n’a joué que deux minutes, vivra peut-être une coupe continentale lui aussi. Mais ses adversaires ne s’appelleront pas Zénith Saint-Pétersbourg, Dinamo Bucarest ou Levski Sofia. Plutôt AS Magenta, Kossa FC et Tupapa Maraerenga.

Dans cet article :
Ben Old, un Néo-Zélandais sur le green
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Par Julien Duez

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