- Serie D
- J25
- Trastevere-Lanusei (0-2)
Le match que vous n’avez pas regardé : Trastevere-Lanusei
Une pancarte « Bienvenue au Paradis », un stade attendrissant à souhait, des buts, de l'engagement saupoudré de (beaucoup) de mauvaise foi : ce Trastevere-Lanusei sentait bon la rencontre de Serie D, la quatrième division italienne. Et c'était aussi le match que vous n'avez pas regardé.
Trastevere 0-2 Lanusei
Buts : Papini (1re) et Floris (4e)
Niché en bordure du quartier du même nom, le Trastevere Stadium a tout du petit stade de quartier qui transpire la passion. Et l’authenticité, surtout. Une seule tribune latérale, couverte à certains endroits par des tentes pour quelques supporters et dirigeants du club, et quelques bâches sur la butte d’herbe en face composent la grande partie du décor de l’enceinte. Parmi ces écriteaux, l’un d’entre eux sort du lot : « Bienvenue au Paradis, Trastevere en Serie D » . Un message d’accueil révélateur de la mentalité du club romain centenaire, lui qui n’est d’ailleurs pas passé loin d’accéder à la Serie C l’an passé et qui lutte cette saison pour ne pas manquer le coche cette fois-ci. En face se présentent donc les Sardes de Lanusei, en difficulté au classement, mais qui ont décidé de venir à Rome avec la ferme intention de jouer un mauvais tour à leurs hôtes et des envies de braquage à l’italienne.
Le théorème d’Archimède
Dans un 4-4-2 à plat prêt à exploiter les moindres failles adverses, ce sont les joueurs de Lanusei qui démarrent tambour battant cette rencontre devant une petite centaine de spectateurs. Au bout d’une petite minute de jeu, une subtile déviation de la tête signée Riccardo Oggiano envoie Tommaso Papini au but. Lequel ne tremble pas pour envoyer les Sardes en pole (1re). Les locaux sont sonnés, à l’image de leur gardien Sottoriva qui multiplie les approximations et les prises de balles aréolesques. C’est lui qui va d’ailleurs enterrer encore un peu plus ses coéquipiers quelques minutes plus tard après une mauvaise relance au pied, punie par le sang-froid de Mattia Floris (4e). D’un réalisme glacial, les hommes d’Archimède Graziani contrôlent ce premier quart d’heure, se permettant même quelques écarts dignes d’une comedia dell’arte de qualité, à l’image de ce plongeon de ce même Floris qui aurait empli de jalousie Laure Manaudou en son temps.
Dépité, un cinquantenaire habitué des travées du stade s’époumone : « Mais qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ?! » Comme s’il avait déjà oublié le derby perdu 3-0 de la semaine passé face au Lupo Roma. Sur le pré, les joueurs de Trastevere peinent à réagir, usant de longs ballons imprécis vers un Gabriele Bernadotto qui a certainement passé plus de temps hors jeu qu’en position régulière. À la demi-heure de jeu, les hommes de Claudio Mosca ne sont pourtant pas loin de recoller au score lorsque Neri envoie un enroulé délicieux après un une-deux avec Lorusso, repoussé par le montant de La Gorga, battu sur ce coup (32e). La mi-temps arrive enfin pour Trastevere et ses dirigeants, qui se demandent à voix haute si « on en a fini de cette agonie » . Laissant ainsi transparaître les nombreuses difficultés de leur équipe.
La douche froide
Le second acte est beaucoup plus hâché et tendu, Trastevere monopolisant le ballon en essayant de trouver la faille d’une défense sarde bien regroupée. Malgré la domination romaine, ce sont les Sardes qui se procurent les meilleures occasions en contre avec notamment Camilli, pourtant bien seul, qui perd son duel avec Sottoriva (69e). L’impuissance de Trastevere est en plus accompagnée d’une pluie diluvienne qui commence à s’abattre sur la tête des 22 acteurs. Sur le pré, les locaux sont à cran et poussés à bout par les gains de temps perpétuels des joueurs de Lanusei. En effet, ces derniers n’hésitent pas à balancer le ballon au loin, ou à le conserver en main après un coup de sifflet. La frustration est telle que Trastevere critique même un changement adverse opéré à la 84e minute, avançant que Graziani fait uniquement entrer son joueur pour « prendre la pluie » . L’après-midi se termine de façon carrément pourrie pour Trastevere, puisque Neri est expulsé dans les arrêts de jeu à la suite d’un deuxième avertissement. Histoire de bien miner le moral de tout le monde. L’arbitre siffle la fin de la rencontre, les six supporters sardes peuvent exulter. De son côté, Trastevere enchaîne une nouvelle contre-performance à domicile. Et sans un mot ou presque, le Stadium se vide avec un gazon qui, comme ses tifosi, est rempli de larmes de tristesse.
Trastevere (4-2-3-1) : Sottoriva – Giannone, Scaglietta, Sfano, Vendetti – Martorelli, Riccucci, Vassallo, Neri, Larusso – Bernardotto. Entraîneur : Claudio Mosca.
Lanusei (4-4-2) : La Gorga – Kovadio, Mithra, Pisanu, Cavallaro – Cacciotti, Floris, Demontis, Ladu – Oggiano, Papini. Entraîneur : Archimede Graziani.
Par Andrea Chazy, au Trastevere Stadium