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Le match que vous n’avez pas regardé : Spartak Trnava – Slovan Bratislava

Par Quentin Ballue
6 minutes
Le match que vous n’avez pas regardé : Spartak Trnava – Slovan Bratislava

Des buts, des cartons et de la tension : la plus grande affiche du football slovaque était à suivre, ce dimanche. Spartak Trnava d’un côté, Slovan Bratislava de l’autre. Ça vous a échappé ? Session de rattrapage, pour briller en société.

Spartak Trnava 0-3 Slovan Bratislva

Buts : Holman (17e sp), Strelec (33e) et Rabiu (85e)

La fortune sourit généralement aux audacieux. La Fortuna Liga, elle, sourit plutôt au Slovan Bratislava. Double champion de Slovaquie en titre, le club de la capitale s’est offert le Spartak Trnava dimanche lors du 158e Tradičné derby ( « le derby traditionnel » ). Un beau cadeau pour le latéral Lukáš Pauschek, qui fêtait ses 28 ans quatre jours avant. Moins pour Norbert Hrnčár, qui vivait son premier derby en tant qu’entraîneur du Spartak. Lui, l’ancien joueur du Slovan (1998-2004), nommé au mois de septembre pour remplacer Marián Šarmír après… une défaite 2-0 à Bratislava. Les frères, ennemis ou non, ne sont jamais loin.

Quand Bratislava, tout va

Au coup d’envoi, le Slovan a la faveur des pronostics. Comme toujours, ou presque. Historiquement comme sur la forme du moment, la balance penche nettement de son côté. Depuis leur première opposition en 1926, les Belasi mènent au score avec 74 victoires contre 46 pour le Spartak. Deux clubs historiques du football slovaque, nés au lendemain de la Première Guerre mondiale : le Slovan en 1919, son rival en 1923. Deux clubs qui ont connu leur apogée dans les années 1960-1970 et aujourd’hui déclassés sur la scène continentale, mais toujours aux prises au niveau national. Avec un ascendant en faveur du Slovan, six fois champion lors des douze dernières saisons. En face, les Spartakistes soufflent le chaud et le froid : récents vainqueurs du championnat (2018) et de la coupe (2019) d’un côté, souvent relégués à des années-lumière de son rival de l’autre (33 points de retard, la saison passée).

Le club de Trnava reste sur huit matchs sans succès dans le derby, avant d’aborder ce choc de la 17e journée de championnat. Le Slovan est d’autant plus favori qu’il débarque en leader, avec la meilleure attaque et la meilleure défense de Fortuna Liga. C’est avec le titre de champion d’automne en vue que les hommes de Darko Milanič arrivent au stade Anton Malatinský. Avec l’idée, aussi, de faire encore davantage douter un adversaire irrégulier (cinquième du classement et requinqué par un festival offensif contre Sered, mais déjà battu sept fois en seize journées). Aucun spectateur à l’horizon. Ni tifo ni projectile, donc. Ni de scène comme l’agression du capitaine de Trnava, Bogdán Mitrea, par un fan du Slovan en septembre 2019. Mais plusieurs dizaines de Spartakistes rassemblés dans un cinéma à ciel ouvert. Coût du ticket : deux euros seulement. Heureusement, car difficile de dire qu’ils en auront pour leur argent…

Super Holman

Les visiteurs ne perdent pas de temps et se créent la première occasion sérieuse, après à peine 60 secondes de jeu. Mais Dávid Strelec perd son face-à-face avec Dobrijov Rusov (2e), avant de remettre le bleu de chauffe sur une tentative de Rafael Ratão (7e). Le portier slovaque ne peut cependant rien sur le penalty transformé par Dávid Holman, dix minutes plus tard (17e). Martin Mikovič accroche Ratão, lancé en profondeur dans la surface, et l’arbitre désigne le petit point blanc. Le Hongrois s’élance et ne tremble pas pour s’offrir son huitième but de la saison. Le match est enlevé, le Spartak tente de se rebiffer, mais peine à se montrer dangereux. À l’inverse, les joueurs du Slovan chauffent les gants de Rusov par Holman d’une frappe au rebond facétieux (31e), puis par Myenty Abena (32e). Les corners s’enchaînent et l’abnégation du leader paye, puisque Strelec s’impose de la tête pour faire le break (33e).

Derby oblige, les esprits s’échauffent à la suite d’une obstruction de Dávid Holman dans le rond central (37e). Rusov, décidément au four et au moulin, traverse le terrain pour participer à l’empoignade qui se soldera par un carton jaune de chaque côté. Dos au mur, le Spartak met le pied sur le ballon au cours d’une fin de premier acte hachée par les fautes. Les Bili andeli – « anges blancs » – cherchent à se projeter rapidement vers l’avant, mais pèchent dans l’avant-dernier geste, trop imprécis (40e, 43e). Les locaux regagnent les vestiaires KO, à l’image de leur ailier Yann Michael Yao sorti à la suite d’un choc tête contre tête avec Abena (45e). Un contact qui signe la fin du match pour les deux joueurs, évacués sur civière. C’est d’ailleurs allongé sur son brancard que le défenseur du Slovan voit l’arbitre lui brandir le carton rouge. Drôle de derby que celui vécu par le roc surinamien, arrivé à Bratislava en 2019 en provenance de… Trnava.

Sarà perché ti amo et 3-0

L’horloge indique 16 heures passées de quelques minutes à l’instant où les deux équipes reviennent sur la pelouse, avec Sarà perché ti amo en fond sonore. En supériorité numérique, le Spartak reprend pied au plancher. Mikovič frappe au-dessus du cadre (46e), puis teste Dominik Greif sur une reprise soudaine (48e). Les Anges blancs insistent, les situations s’enchaînent et il s’en faut de quelques centimètres pour que Yusuf Bamidele ne pousse au fond des filets un centre de Saymon (67e). Les vagues blanches déferlent et le Slovan plie, mais ne rompt pas. Mieux, il porte même le coup de grâce à l’entrant Ibrahim Rabiu. Muet depuis quatre mois, le Nigérian sort enfin de son silence et place un tir rasant du gauche à l’entrée de la surface qui termine sa course au ras du poteau.

Le Spartak se bat jusqu’au bout pour sauver l’honneur, mais l’infranchissable Dominik Greif ne laisse rien passer et s’interpose face à Saymon (89e). Une prestation impeccable du gardien de 23 ans, déjà déterminant pour permettre aux siens de repartir avec le point du nul en février sur cette même pelouse. 3-0 score final, un écart jamais vu dans le derby depuis avril 2017. Objectif atteint pour le leader, qui repousse son dauphin à cinq points. Les Belasi passeront les fêtes au chaud, et avec le sentiment du devoir accompli. Relégué à dix-huit unités de son rival, le Spartak reste cinquième. Mais il bascule dans le négatif avec un triste bilan de sept victoires, deux nuls et huit défaites. L’équipe demi-finaliste de la Coupe d’Europe en 1969, tombée avec les honneurs contre l’Ajax de Johan Cruyff, a rarement semblé aussi loin.


Spartak Trnava (4-1-4-1) : Rusov – Mikovič (Kóša, 68e), Grič, Turňa, Tsaousis – Savvidis – Saymon, Kolesár (Vlasko, 46e), Bukata, Yao (Nsumoh, 46e) – Bamidele. Entraîneur : Norbert Hrnčár.

Slovan Bratislava (4-2-3-1) : Greif – Pauschek, Abena, Bajrič, Vernon – Nono (Daniel, 72e), De Kamps – Čavrič (Božikov, 46e), Holman (Rabiu, 72e), Ratão – Strelec (Medved, 79e). Entraîneur : Darko Milanič.

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Par Quentin Ballue

Photos : Facebook Slovan Bratislava

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