- C1
- Tour préliminaire
- Santa Coloma-Drita (0-2)
Le match que vous n’avez pas regardé : Santa Coloma-Drita
Un duel andoranno-kosovar, des réformes, un stade vide, un avion, des ballons qui finissent sur la route, le Messi d’Andorre, la légende Cédric Fauré et une fin dramatique. Tout cela, c’est le tout premier match de Ligue des champions de l’année entre Santa Coloma et Drita, et c’est le match que vous n’avez pas regardé.
FC Santa Coloma 0-2 KF Drita
Buts : Xhevdet Shabani (99e) et Fidan Gerbeshi (105e+3 sp)
Mais comment faire pour tenir quand il n’y a pas de foot pendant l’été ? Heureusement, il existe les années paires et leurs tournois internationaux qui permettent de patienter jusqu’aux alléchants tours préliminaires des différentes compétitions européennes. Sauf que cette saison, l’UEFA a décidé de réformer le système en instaurant un prologue entre les champions des quatre fédérations aux coefficients les plus faibles. Le vainqueur intégrera le premier tour de la C1, tandis que les trois autres seront reversés dans le deuxième de la C3. Direction Gibraltar donc, pour assister à un mini-tournoi entre des Andorrans, des Kosovars, des San-Marinais et des Gibraltariens. Ce mardi à 17h, le FC Santa Coloma et le KF Drita pénètrent sur la pelouse du Victoria Stadium pour le tout premier match officiel de l’édition 2018-2019 de la Ligue des champions.
À Gibraltar, ça ne siffle pas
Coupe du monde oblige, les travées du Victoria Stadium sont désertes. On imagine la population locale plus intéressée par les deuxièmes mi-temps du combo France-Danemark/Pérou-Australie qui viennent de commencer. Lorsque les Kosovars attaquent, le plan large proposé aux téléspectateurs permet d’assister au ballet des voitures qui roulent aux abords de l’enceinte. Attention à ne pas multiplier les frappes dévissées, car les ballons atterriraient sur la chaussée et risqueraient de provoquer des accidents. Heureusement, aucun carambolage n’est à signaler pendant toute la durée de la rencontre, malgré la multitude de déchets proposés par les deux équipes qui s’écharpent constamment sur le gazon synthétique. Et si les arbitres du Mondial se seraient déjà moult fois réfugiés derrière les écrans de la VAR pour vérifier la dangerosité de tel ou tel geste, l’Irlandais M. Mc Laughlin, lui, ne bronche jamais. À peine une petite biscotte dégainée en toute fin de première mi-temps contre Bujar Shabani (qui n’a rien à voir avec Nonda). Au terme de 45 minutes d’une pauvreté abyssale, les 22 acteurs rentrent au vestiaire la tête basse.
Absence de commentateur oblige, les rares curieux qui regardent la rencontre en ligne dégustent les consignes – pardon, les hurlements – de l’entraîneur andorran Marc Rodríguez Rebull. Ajoutez une lettre et vous connaîtrez la boisson dont il a dû abuser pour être aussi remonté. « Ariba ! Vamos Señores ! Olé olé olé ! » … Pas besoin d’avoir fait espagnol LV2 pour comprendre que le coach veut la jouer offensive. Seul un avion qui décolle au-dessus du pré à l’heure de jeu parvient à modifier la bande-son. Malheureusement, l’arbitre est l’unique élément qui change un peu la physionomie du match en dégainant davantage de cartons. Les joueurs, eux, ne sont pas plus inspirés en deuxième mi-temps. Prestation très décevante du jeune Lorenzo Buron notamment, pourtant vendu comme « le Messi d’Andorre » par la presse espagnole. En prolongation, ce futur crack est toutefois remplacé par un vieux briscard qui a déjà tout prouvé.
La légende invisible
Et le joueur en question s’appelle… « Cédric Antoine Fauré » , comme le crie le speaker gibraltarien, visiblement à cheval sur les deuxièmes prénoms. À 39 ans, l’ancien Toulousain dont on avait perdu la trace en D2 belge s’est payé le kif de relever un dernier défi : celui de participer à la Ligue des champions avant d’aller rejoindre Luzenac (où l’attend un poste d’entraîneur-adjoint). C’est désormais chose faite, en inaugurant au passage une autre réforme de l’UEFA : celle qui autorise un quatrième remplacement en prolongation dans le cadre d’un match à élimination directe. Car oui : deux mi-temps de supplice supplémentaire sont venues s’ajouter aux 90 minutes atroces qui feraient passer le France-Danemark de ce mercredi après-midi pour l’Allemagne-Brésil de 2014.
Hélas pour Fauré, ses coéquipiers craquent dans le money time, et ce sont les Kosovars qui l’emportent à l’usure grâce à une extraordinaire frappe enroulée à vingt mètres pleine lucarne de Xhevdet Shabani. Puis à un penalty de Fidan Gerbeshi en guise de dernier clou dans le cercueil. Coup de sifflet final, Drita se qualifie pour la finale de cet avant-tour préliminaire. Juste à temps pour filer sous la douche et se poser devant le combo Nigeria-Argentine/Islande-Croatie. Pas de bol pour les suivants, en l’occurrence La Fiorita Montegiardino de Saint-Marin et les Lincoln Red Imps de Gibraltar, leur rencontre débute dans la foulée. Spoiler alert : ce sont les locaux qui s’imposent 0-2 et retrouveront leurs homologues champions du Kosovo en finale le 29 juin. Ça tombe bien, ce sera journée blanche en Russie. Et quoi de plus excitant que de se battre pour de potentiels déplacement en Lettonie, au Kazakhstan ou aux îles Féroé ? Bonne nouvelle en tout cas : la saison européenne a bel et bien commencé.
FC Santa Coloma (4-3-3) : Casals – Cistero (Conde, 83e), Ramos, Lima, San Nicolas – Rodríguez (Mercadé, 86e), Rebés, Pérez – Buron (Fauré, 106e), Riera (Sánchez, 62e), Torres. Entraîneur : Marc Rodríguez Rebull.
KF Drita (4-2-3-1) : Rexhepi – Leci, Gerbeshi, Limani, Kuka – Shabani, Musaj (Shala, 98e) – Neziraj (Haliti, 113e), Krasniqi, Shabani – Kryeziu (Livoreka, 85e). Entraîneur : Bekim Isufi.
Par Julien Duez