- Fortuna Národní Liga
- J14
- Pardubice-Táborsko (3-2)
Le match que vous n’avez pas regardé : Pardubice-Táborsko
Un match matinal dans une ville de transistors et de pain d'épices, de la bière, des saucisses, de la moutarde et de la pluie, des tacles à gogo et un Biterrois souriant. Tout cela était au programme du match entre le FK Pardubice et le MAS Táborsko, en deuxième division tchèque, celui que vous n'avez pas regardé ce week-end.
FK Pardubice 3-2 MAS Táborsko
Buts : Černý (24e, 31e), Kovář (76e) pour Pardubice // Březina (16e), Pfeifer (90e) pour Tábor
Pas besoin de rester à Prague pour voir du grand football en Tchéquie. Une petite heure de train en direction de la Bohême orientale et vous voici arrivé à Pardubice. La pluie glaciale qui tombe en ce samedi matin empêche hélas le visiteur de profiter pleinement des riantes avenues bétonnées, lesquelles rappellent que la ville fut, du temps de la Tchécoslovaquie, la capitale nationale du transistor. Sur le chemin autoroutier qui mène au Stade Pod Vinicí, on passe en effet à proximité de l’usine Tesla (rien à voir avec les coûteuses automobiles californiennes) aujourd’hui désaffectée, mais qui, jadis, équipait en électronique de base tous les citoyens de la patrie de Václav Havel. Heureusement, il reste toujours le pain d’épices, l’autre spécialité locale qui, elle, est bien présente dans toutes les échoppes. Mais pas celle du stade, où le FK Pardubice reçoit les mal classés du MAS Táborsko. Bien qu’il ne soit que dix heures du matin, les quelques centaines de spectateurs ont d’autres intentions pour se remplir le ventre.
Bière du matin chasse le crachin
Pendant que les joueurs vérifient que le terrain est bien gras et lourd, le public fait la queue à la buvette pour mettre la première tournée. Le demi-litre de la délicieuse bière ambrée locale ne coûte que trente couronnes (environ un euro), soit à peine plus cher qu’un fadasse gobelet de café instantané. En français, on appelle ça un pousse-au-crime. C’est donc avec une pinte dans la main gauche et une saucisse au paprika avec de la moutarde dans la main droite que les supporters de Pardubice oublient l’obscure raison qui les a fait se lever si tôt pour observer la joute brouillonne et virulente, sous une pluie qui ne cesse de tomber et confère aux alentours bétonnés des airs de ville morte.
Hélas, la quinzaine d’ultras présents a à peine le temps de se chauffer la voix que David Březina récupère un superbe centre tendu et trompe Jiří Letáček d’une tête décroisée, avant d’opérer une superbe glissade sur les genoux en guise de célébration. Les locaux galèrent à construire des actions au sol et évitent avec une certaine grâce les multiples tacles glissés que leur assènent leurs adversaires. On croirait presque à un ballet, si tant est que le tacle glissé soit un geste enseigné aux petits rats de l’Opéra de Prague. La fluidité est telle que M. Rejžek ne doit sortir aucune biscotte… hormi lorsque Březina tente discrètement de faire disparaître le trait de mousse à raser laissé par l’arbitre avant de tirer son coup franc… qui ne donne rien, si ce n’est le signal de la révolte pour Pardubice. Un doublé en cinq minutes, voilà qui doit ravir le vétéran Pavel Černý qui, après sept ans passé chez le voisin bourgeois du Hradec Králové, permet à ses prolos de coéquipiers de repasser en tête.
Ultra bricoleur et Français globe-trotteur
À la mi-temps, pendant que ses potes vont chercher la deuxième (ou plus, qui sait) tournée, un ultra révèle la véritable utilité des patchs boutonnés sur les pulls de la marque Stone Island : caler son paquet de cigarettes. « Vous aurez appris quelque chose en venant ici » , se marre-t-il. Lui aussi continue d’apprendre : Martin N’Gimbi, un Bitérrois de 21 ans qui vit sa troisième saison en D2 tchèque. « Ici, le plus dur, c’est le climat. L’hiver, on peut jouer des matchs par moins quinze degrés, mais sinon je m’éclate. C’est un super championnat pour progresser, les coachs font beaucoup plus confiance aux jeunes » , explique le jeune défenseur central qui a choisi de quitter les U19 AS Béziers en février 2017 face au manque d’opportunités pour passer pro.
Malheureusement pour lui, Tábor encaisse un troisième but à l’entame du dernier quart d’heure et ne parviendra pas à remonter. Les Rouge et Blanc de Pardubice s’offrent un dernier kif face à leurs ultras avant de rentrer au vestiaire, prendre une douche chaude bien méritée. Le public, quant à lui, s’est réfugié dans le restaurant accolé au stade pour une dernière tournée devant les résultats du championnat de hockey sur glace. Il est un peu plus de midi, le week-end peut officiellement commencer.
FK Pardubice (4-1-4-1) : Letáček – Čmelík, Prosek, Klíma, T. Čelůstka – Jeřábek – Mužík, Černý (83e), Kovář (Sokol, 90e), Fousek – Petráň (88e). Entraîneurs : Jaroslav Krejčí et Jiří Novotný.
FC MAS Táborsko (4-2-3-1) : Toma – Šandera, Navrátil, N’gimbi, Hasil (82e) – Březina (Ch. Frýdek, 76e), Berešík – P. Pilík, Kučera, Vandas (Pfeifer, 58e) – Ndiaye. Entraîneur : Kamil Tobiáš.
Par Julien Duez, à Pardubice
Photos : JD