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Le match que vous n’avez pas regardé : Monza-Gavorrano

Par Julien Duez, au Stadio Brianteo
Le match que vous n’avez pas regardé : Monza-Gavorrano

De la D3 italienne, de la pluie par citernes, des expressos à la mi-temps, des ultras chauds bouillants, un nul à l'arrachée et pas mal de regrets... Tout ça c'est le duel entre Monza et Gavorrano, et c'est le match que vous n'avez pas regardé.

SS Monza 1912 2-2 US Gavorrano

Buts : Luca Giudici (31e) et Sasha Cori (35e) pour les Biancorossi // Filippo Moscati (67e) et Nicola Mosti (90e) pour les Minerari

Pas besoin d’être un fan de Formule 1 pour savoir que le nom de Monza rime avec le sport automobile. Et pourtant, la petite cité sise dans les faubourgs de Milan possède son équipe de football qui compte parmi les clubs historiques de la deuxième division italienne. Quelques faillites plus tard, la voilà de retour en D3, auréolée d’un récent titre de Serie D. Ce dimanche, elle affronte Gavorrano pour la première fois de son histoire. Gavorrano, petite ville elle aussi, mais toscane, n’a rien à voir avec les sports moteurs, plutôt avec la littérature. C’est en effet de là qu’est originaire Pia de’ Tolomei, un personnage à qui Dante Alighieri consacra quelques vers dans le Purgatoire de sa Divine Comédie. Comme un symbole, car pour la première fois depuis un mois et demi, il pleuvait sur la Lombardie, et pas qu’un peu. Ce match que vous n’avez pas regardé allait s’apparenter à un véritable calvaire.

Expresso et water-polo

Le Stadio Brianteo est l’archétype de ce qu’on appelle une cathédrale dans le désert. Pour le rejoindre, il faut marcher une demi-heure depuis la gare de Monza, les bus locaux respectant pieusement le jour du Seigneur, bien au chaud dans leur dépôt. Pourtant, plus d’un millier de spectateurs ont bravé les conditions climatiques plus proches d’un automne anglais que des clichés que l’on peut avoir sur la météo italienne. Une maigre consolation pour les dirigeants, qui avaient imposé un tarif unique de cinq euros pour la rencontre. Exceptionnellement, les ultras ont abandonné leur curva pour se joindre au reste du public dans la seule tribune couverte. Grand bien leur en a pris, car dès le coup d’envoi, la pluie redouble d’intensité. Gavorrano se dit alors qu’il y a un coup à jouer. Les Toscans sont bons derniers de leur groupe de Serie C et comptent bien jouer à fond leur rôle de trouble-fête, capable d’aller prendre des points chez les équipes bien classées, ce qui est le cas de Monza qui pointe à la septième place, synonyme de tour final pour la montée dans l’antichambre.

Très vite, les visiteurs se montrent dangereux et comprennent que les frappes au ras du sol sont immédiatement freinées par la pelouse aquatique. On tente donc sa chance de loin et à de multiples reprises, mais, côté local, le gardien Luca Liverani – sorte de sosie italien de Stéphane Ruffier – multiplie les sauts de chat et repousse les tentatives adverses une à une… avant de provoquer de grandes flaques à chacune de ses retombées. On se croirait dans une piscine lors d’une joute de water-polo. Monza semble en difficulté, mais ouvre finalement le score à la demi-heure de jeu grâce à Luca Giudici, qui reprend de la tête un ballon repoussé par le jeune Daniel Salvalaggio à la suite d’un coup franc direct. Le public exulte et Sacha Cori prolonge le plaisir quatre minutes plus tard en doublant la mise. Les locaux retournent au vestiaire au pas de course avec un semblant de victoire en poche. Pendant que les joueurs se réchauffent à l’intérieur, le public, lui, se réjouit de cette entame de match parfaite avec de la pizza maison, de la bière avec alcool (chose impensable en Serie A et B) ou un expresso bien tassé, Italie oblige.

Apocalypse now

Mais en deuxième mi-temps, le vent est venu s’ajouter aux litres de flotte qui tombent avec une intensité rappelant le déluge biblique. Dans la tribune, le toit ne sert plus à grand-chose ; même dans les rangées les plus élevées, les gouttes glaciales viennent fouetter les visages. En tribune de presse, on craint pour son ordinateur qui prend dangereusement l’eau. Sur le terrain, la météo facilite le travail des ailiers et des gardiens qui n’ont pas trop à courir après les rebonds, chaque ballon atterrissant dans un grand « splotch ! » salissant. En revanche, la conduite de balle devient impossible et la stratégie des deux équipes se résume à une suite de kick and rush cumulés à des tacles musclés qui permettent, eux aussi, de juger du niveau de pluviométrie. D’ailleurs, l’arbitre ne bronche pas devant ces attentats les deux pieds décollés. En revanche, il n’hésite pas à sortir les biscottes quand les esprits s’échauffent, embrumés et excédés par les conditions de jeu.

Peu avant les vingt dernières minutes, Filippo Moscati redonne espoir à Gavorrano en réduisant la marque dans la cage vide de Luca Liverani. Monza enclenche alors son catenaccio afin de préserver son maigre avantage, tandis que, tant sur le banc que dans les gradins, on se demande vraiment si la partie ira jusqu’à son terme. Dans l’ultime quart d’heure, il est impossible de distinguer les lignes du terrain, de telle sorte que les portiers saisissent parfois le ballon des deux mains en dehors de leur surface sans que l’arbitre ne bronche. Idem pour ses assistants, très généreux avec moult touches non sifflées. Un joyeux bazar qui se termine comme on pouvait le prévoir : dans un cafouillage monumental. Nicola Mosti profite d’un ballet de chutes et de plongeons désorientés pour laisser traîner sa semelle et égaliser dans les ultimes secondes. La Juventus, qui l’a prêté pour la saison à Gavorrano, appréciera. Au contraire de l’entraîneur de Monza, Marco Zaffaroni, qui peinera à débriefer en conférence de presse : « Je ne peux pas donner mon avis sur le match, puisque ce n’était pas un match de football. »

Le public, lui, peste, siffle, crache et, sans demander son reste, s’en va se mettre au sec dans les voitures garées à proximité. Un monsieur ramasse l’exemplaire de la Gazzetta dello Sport posé sur son siège sale et poussiéreux. « Tu ne l’as pas encore fini ? » , lui demande son voisin. « Si, mais j’ai oublié mon parapluie ! »

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