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Le match que vous n’avez pas regardé : Mamies Foot-Soccer Grannies

Par Maxime Renaudet, à Saint-Étienne
Le match que vous n’avez pas regardé : Mamies Foot-Soccer Grannies

Une première internationale, des femmes du troisième âge, des chants et des danses, des dribbles sans déambulateur et des buts à la pelle. C'était la rencontre entre les Mamies Foot et les Soccer Grannies et c'est le match que vous n'avez pas regardé.

Saint-Étienne. Premier match international de foot féminin senior, entre les Mamies Foot et les Soccer Grannies. Pourtant, voilà déjà dix ans que ces mamies sud-africaines jouent au foot. Par rapport à leurs homologues tricolores, elles paraissent donc plus que rodées. « Quand tu leur demandes comment elles abordent le match, elles te disent toutes qu’elles veulent les atomiser » , confie Julia Mourri, à l’initiative de cette rencontre inédite.

Avec Clément Boxebeld, la jeune journaliste a fondé Oldyssey, média associatif qui a pour but de parler autrement de la vieillesse. En 2017, ils entreprennent un voyage à l’étranger afin de donner à voir une autre manière de vieillir à rebours de la fatalité française qui entoure la longévité. En octobre 2018, ils partagent le quotidien de l’équipe nationale sud-africaine des plus de soixante ans. « Quand on les a rencontrées, elles nous ont demandé si on pouvait les faire venir en France pour la Coupe du monde, mais on n’avait pas un sou. À notre retour, on a cherché des partenaires et Senioriales a mis l’argent nécessaire pour que le projet se réalise » , retrace Julia, étonnée par la quantité de journalistes présents ce mercredi. C’est dans ce contexte que les Mamies Foot françaises sont nées, bien décidées à en découdre avec leurs consœurs sud-africaines. Malheureusement pour elles, le score a été sans appel.

Après les Bafana Bafana, les Vakhegula Vakhegula

Sur la pelouse du stade Salif Keïta qui jouxte Geoffroy-Guichard, les mamies sud-africaines terminent leur échauffement sous les ordres du coach Mapeka. « Je suis tellement contente d’être en France pour affronter des grand-mères françaises… Ça fait quinze ans que je joue au foot, je suis la meilleure pour déborder le long de la ligne » , raconte Margaret du haut de ses 74 ans. Au même moment, les Mamies Foot s’étirent et préparent le premier match de leur histoire. « Le projet m’a tout de suite plu. Quand j’ai été sélectionnée, je me suis renseignée sur Internet pour connaître l’origine du projet. C’est super, parce que c’est une dame malade qui a décidé de jouer au football pour oublier les moments difficiles de la vie » , explique Marie-France, cadette de l’équipe tricolore. La femme à qui elle fait référence n’est autre que Rebecca Ntsaniwisi, assistante sociale sud-africaine qui a commencé le football en 2003 lorsqu’un cancer lui a été diagnostiqué. Celle qu’on surnomme Mama Beka a lancé une vraie mode au pays de Mandela et Tshabalala, puisqu’on dénombre aujourd’hui plus d’une quarantaine d’équipes. Mieux encore : une Fédération de football pour personnes âgées a vu le jour, fièrement représentée par les Vakhegula Vakhegula.

Côté français, l’équipe de 17 joueuses s’est formée à la suite d’un appel à candidatures de Senioriales auprès des habitantes de ses résidences pour personnes âgées. Sous les ordres de Philippe Delpech, ancien entraîneur de Levallois, les mamies françaises ont tout donné pour être fin prêtes ce mercredi. « C’est la première fois que j’entraîne une équipe féminine même s’il y a vingt ans, quand j’étais à Saint-Pierre-et-Miquelon, j’avais fait quelques séances à des pitchounettes. Mais là, c’est une vraie leçon de vie » , martèle le coach tricolore. Avant ce match tant attendu, les Mamies Foot ont passé plusieurs jours aux côtés de leurs adversaires sud-africaines. Au programme : visite de Paris, entraînement à l’INSEP et match Afrique du Sud-Chine au Parc des Princes. « Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elles ne sont pas tristes. Sur les Champs-Élysées, dans le métro ou sur le bateau-mouche, elles n’ont pas arrêté de chanter et danser. Elles sont vraiment pleines de vie » , raconte France, arrière gauche des Bleues. La troupe du troisième âge s’est ensuite dirigée vers le Sud pour assister au match Afrique du Sud-Allemagne, à Montpellier. Après les professionnelles, c’était à leur tour d’en découdre sur le terrain.

Le Mondial U90 dans le viseur

Corporatisme oblige, c’est sur la chanson « Allez les Verts » que les deux sélections pénètrent sur le terrain. Après le coup d’envoi donné par le président de l’ASSE Roland Romeyer, les deux équipes se lancent pour un deux fois vingt minutes trépidant. Après une première chute côté français, les Soccer Grannies mettent rapidement la main sur le match et enchaînent les buts. Comme attendu, l’affrontement est déséquilibré. Qu’importe, la bonne humeur est de mise. « Je m’y suis mise un peu tard, mais c’est un défi qu’il fallait relever » , concède Tina, juste avant de remplacer Josette. Pour elle comme pour ses coéquipières, l’enjeu de cette journée va bien au-delà du résultat : « Ce qui est extraordinaire, et c’est ce qui m’a poussé à jouer, c’est cette rencontre avec l’Afrique du Sud. C’est absolument génial, ce sont des femmes extraordinaires. » Les propos de Tina prennent tout leur sens lorsque l’arbitre siffle la fin du premier acte, sur le score de 11-0 pour les Soccer Grannies.

À la mi-temps, les deux équipes dansent et chantent en chœur avant de mélanger les deux équipes pour éviter le massacre. Dans les tribunes, la centaine de supporters continue d’encourager chacune des joueuses françaises. Philippe, 82 ans, est venu exprès des Bouches-du-Rhône pour supporter celles qu’il côtoie au quotidien : « Je ne suis pas foot. Mais vu que je suis résident des Senioriales de Charleval, dont la moitié de l’équipe est issue, je suis venu les supporter. Sur le terrain, il y a un peu d’inégalité. C’est beau de les voir toutes ensemble partager ce moment, le maire de Charleval va certainement les attendre à leur retour. » Malgré les jambes lourdes et la pluie qui commence à pointer le bout de son nez, les chants et les danses reprennent de plus belle. Bras dessus bras dessous, Sud-Africaines et Françaises donnent l’impression de se connaître depuis une éternité alors même qu’elles parviennent difficilement à communiquer entre elles. À quelques mètres, coach Mapeka et coach Delpech s’étreignent et rigolent du score final sans appel. Après la remise des trophées orchestrée par Roland Romeyer, les joueuses s’adonnent aux conférences de presse d’après-match. L’occasion pour Mama Beka de dévoiler ses ambitions : « J’espère qu’un jour, on pourra organiser une Coupe du monde pour les personnes âgées. Ou même une Coupe d’Afrique. Ça serait absolument génial. » Ce qui permettrait à Marinette Pichon de rechausser les crampons.

Dans cet article :
Anthony Mounier raccroche les crampons
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Par Maxime Renaudet, à Saint-Étienne

Tous propos recueillis par MR.
Crédits photos : Oldyssey.

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