- Australie
- Macarthur FC-Western Sydney (2-2)
Le match que vous n’avez pas regardé : Macarthur-Western Sydney
Pour vous qui grelottez, bloqués dans votre canapé, la goutte au nez, So Foot vous propose de voyager. Fermez les yeux... Un thermomètre affichant 26 degrés, presque pas de Covid-19, et un thriller comme on n'en fait plus entre deux clubs voisins : welcome to Sydney.
Macarthur FC 2-2 Western Sydney Wanderers
Buts : Jovanović (18e) et Šušnjar (58e) // Dorrans (52e) et Cox (71e)
Sydney is the new London. Certes, la capitale de la Nouvelle-Galles du Sud n’a pas la même densité footballistique que son homologue britannique. Mais elle a de quoi satisfaire l’appétit des fans de ballon rond, de plus en plus nombreux. Septième journée du championnat ce week-end, quatrième derby local de la saison. Giflé par le Sydney FC lors de sa dernière sortie, le Macarthur FC avait l’occasion de rebondir immédiatement à l’occasion de la réception des Western Sydney Wanderers. Mission (à moitié) accomplie.
Battle of the West, acte II
L’A-League a installé un couvert supplémentaire à sa table cette saison pour le Macarthur FC, portant le nombre de convives à douze, contre huit lors de son lancement en 2005. Un club encore peu connu hors des frontières océaniennes, à l’inverse de plusieurs de ses éléments : des internationaux comme Adam Federici, Ivan Franjić et Tommy Oar, des joueurs qui ont fait les beaux jours de l’Athletic, Beñat et Markel Susaeta, ainsi qu’un Frenchy, Loïc Puyo, arrivé en provenance du Red Star. Mais le petit nouveau ne se contente pas de faire de la figuration. Sept points pris en cinq matchs, et deux défaites contre deux gros poissons : le Sydney FC, champion sortant, et les Central Coast Mariners, actuels leaders. Pas mal.
Les Western Sydney Wanderers sont à peine plus vieux. Né en 2012, le club s’est très vite imposé sur la scène australienne en atteignant la finale du championnat lors de trois de ses quatre premières saisons, et en remportant la Ligue des champions asiatique en 2014. Une performance inédite et jamais rééditée depuis par une équipe aussie. Opposés ce samedi au Campbelltown Sports Stadium, les deux voisins avaient déjà croisé le fer il y a à peine plus d’un mois. Mark Milligan avait alors offert la première victoire de son histoire à Macarthur (0-1). C’est sans leur capitaine, suspendu, que les Bulls retrouvaient les Wanderers ce week-end. Mais avec leur public.
4723 spectateurs pour être précis, encadrés par des consignes sanitaires spécifiques qui, sait-on jamais, débarqueront peut-être un jour dans l’Hexagone : un port du masque « fortement recommandé » lors des déplacements, mais non requis une fois assis. Le siège a plutôt intérêt à être confortable puisqu’il est demandé aux spectateurs de rester assis pendant le match. Dernière ligne du guide du bon petit supporter : les chants sont autorisés, à condition de porter un masque et d’être assis, là encore. Inutile de vous dire que le règlement n’a pas été respecté à la lettre.
Savoie ou bien ?
En quête d’une première victoire à domicile, les Bulls ont pris le meilleur départ. Franjić a d’abord allumé un pétard du gauche, qui a rasé la barre (6e). L’expérimenté Matt Derbyshire, notamment passé par Blackburn, l’Olympiakos et Birmingham, a buté deux fois sur le tenace Ziggy Gordon (9e, 12e). Un engagement récompensé par la tête d’Aleksandar Jovanović, venu couper au premier poteau un corner de Beñat (18e). Une passe décisive qui a couronné une prestation XXL de l’Espagnol, omniprésent avec 107 ballons touchés, soit 15 de plus que tous les autres hommes présents sur le terrain. L’occasion pour les fans d’agiter une fois de plus leurs cloches, un accessoire qui a rythmé toute la partie, accompagnant chaque intervention réussie ou chaque situation dangereuse en faveur des locaux.
Oui, des cloches. Là, vous vous demandez si le Macarthur FC a des origines savoyardes. La réponse est non. Il faut plutôt y voir un clin d’œil à l’histoire locale, puisque quatre vaches et deux taureaux auraient échappé aux colons débarqués à la fin du XVIIIe siècle, jusqu’à former un troupeau de milliers de têtes. D’où le surnom des Bulls, et les cloches qui vont avec. L’ancien président Rabieh Krayem avait promis que le Macarthur FC ne serait pas simplement « le petit frère » des deux autres clubs de Sydney, mais plutôt « un voisin bruyant », insistant sur son intention de « faire beaucoup de bruit, d’être au premier plan et d’avoir une voix ». Les supporters l’ont pris au pied de la lettre.
Keanu rêve
Un enthousiasme renforcé par la vigilance d’Adam Federici, présent pour écarter le danger sur des centres bien bottés (26e, 48e), et auteur d’une horizontale impeccable pour écœurer Tate Russell (41e). Très sollicité, il a d’ailleurs touché plus de ballons que l’attaquant Tommy Oar et son remplaçant Lachlan Rose réunis. Le gardien de 36 ans n’a rien perdu des réflexes qui lui ont permis d’évoluer en Angleterre pendant plus de dix ans, mais s’est montré impuissant sur l’égalisation de Graham Dorrans (52e). « Nous avions noté que Federici est assez régulièrement absent de sa ligne. Il est comme un joueur de champ quand ils ont le ballon », a révélé après coup le coach des visiteurs, Carl Robinson. Punition immédiate signée Dozza : glissade de Beñat, récupération du cuir et lob de presque 40 mètres.
Les Bulls ont la peau dure et reprennent l’avantage sur un nouveau coup de pied arrêté, Loïc Puyo trouvant la tête d’Aleksandar Šušnjar (58e). Une parenthèse au cours d’une deuxième période largement dominée par les Wanderers. Ces derniers ont tiré dix fois au but… rien qu’entre la 68e et la 74e. Dans ce laps de temps, une triple occasion énorme avec un double sauvetage de Federici et un missile de Russell sur la barre. Mais aussi une inspiration géniale de Keanu Baccus, dont l’aile de pigeon a été prolongée dans le but par Simon Cox (71e). L’une des dernières occasions franches sera à mettre au crédit de Bruce Kamau, dont la frappe a terminé juste au-dessus des cages de Federici (76e).
Macarthur s’en sort bien, mais demeure sans succès à domicile avant de se déplacer chez le deuxième, Brisbane, ce mardi. Les Wanderers, encore sans Mitchell Duke, tout juste de retour au club, mais obligé de respecter une quarantaine à l’hôtel, restent devant leur voisin au classement. Ce qui pourrait durer au regard du calendrier, qui leur proposera une prochaine rencontre face à la lanterne rouge, le Melbourne Victory.
Macarthur FC (4-2-3-1) : Federici – Franjić, Jovanović, Šušnjar, Meredith (Golec, 77e) – Beñat, Genreau (Liam Rose, 77e) – Susaeta (Najjar, 89e), Puyo (M’Mombwa, 72e), Oar (Lachlan Rose, 46e) – Derbyshire. Entraîneur : Ante Milićic.
Western Sydney Wanderers (3-4-3) : Margush – Gordon, Natta, Ziegler – Russell, Dorrans (O’Doherty, 83e), Baccus, Aquilina (Georgievski, 66e) – Ibini (Kamau, 66e), Cox (Yeboah, 77e), Troisi. Entraîneur : Carl Robinson.
Par Quentin Ballue
Photos : Macarthur FC / A-League