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Le match que vous n’avez pas regardé : Cruz Azul – Monterrey
Premier de la phase régulière du championnat d'ouverture 2018-2019 du Mexique, Cruz Azul devait absolument battre Monterrey pour aller en finale et espérer remporter un titre de champion qui le fuit depuis 1997. Quitte à sortir la carte du but à domicile qui compte double.
Cruz Azul 1-0 CF Monterrey
But : Caraglio (55e)
Combien de stades sur Terre peuvent dérouler une finale de Coupe du monde en double sur leur pellicule ? C’est simple, ils ne sont que deux : le Maracanã de Rio (1950 et 2014) et l’Estadio Azteca de Mexico (1970 et 1986). Historiquement, l’enceinte mexiqueña est la maison d’América, le club le plus populaire du pays, mais aussi depuis quelques mois la résidence provisoire de Cruz Azul, en attendant la reconstruction de l’Estadio Azul. Et ce week-end, c’est toute la capitale mexicaine qui s’est dirigée derrière les portes du stade que l’on surnomme El Coloso de Santa Úrsula : América recevait Pumas, Cruz Azul accueillait Monterrey, soient les deux affiches des demi-finales retour du tournoi Apertura2018-2019. Le samedi soir était l’heure des cimentiers.
Un chantier qui dure 21 ans
Car avant d’être associé à l’un des trois clubs de la capitale figurant en Liga MX, le Cemento Cruz Azul est l’un des principaux producteurs de ciment du pays, où des ouvriers ont justement fondé le club en 1927. 91 ans plus tard, l’entreprise est toujours le sponsor du club avec qui il partage le logo à la croix bleue sur fond rouge. Problème : la construction d’un titre de champion du Mexique a des allures de chantier sans fin. Huit fois titré entre 1969 et 1997, zéro depuis, Cruz Azul s’est taillé une réputation de loser en se cassant les dents lors de ses quatre dernières apparitions en finale. « On ne gagne rien, mais Cruz Azul reste grand » , lance Andrés du haut de ses 13 ans, après avoir renseigné sur la recette des tacos de canasta (à base de poitrine de porc, chorizo, haricots…) vendus sur le parvis de l’Estadio Azteca. Pour rallier la finale, les Cementeros doivent se farcir Monterrey (les rivaux des Tigres de Gignac).
Premier du classement à l’issue de la phase régulière et meilleure défense du championnat, Cruz Azul doit absolument marquer pour effacer sa défaite 1-0 du match aller. Mais les hommes de Pedro Caixhina – l’ancien coach des Rangers – peinent à trouver une brèche dans la défense à cinq de Monterrey. Une tête plongeante de Milton Caraglio qui fuit le cadre : c’est tout pour la première demi-heure. Avant un coup du sort : une frappe de loin repoussée dans l’axe par le gardien des Rayadosdans les pieds de Roberto Alvarado, qui se fait crocheter dans la surface. Penalty pour Cruz Azul, une aubaine pour Caraglio. Mais l’Argentin ouvre un poil trop son pied et le cuir passe au ras du poteau. À la mi-temps, 0-0, c’est Monterrey qui tient son boletopour la finale.
La VAR et la Corona à la sauce piquante
Dans un stade qui compte environ 87 000 places, le dernier anneau est presque vide, à l’exception d’un quart de virage où le dress code est « torse nu » et où l’on chante sa fierté d’avoir du sang bleu qui coule dans les veines. Deux secousses vont raisonner. La première quand Caraglio fait trembler les filets en renard des surfaces à la 55e. La deuxième, quelques secondes plus tard, après appel à la VAR, lorsque l’arbitre principal déjuge son assistant qui avait levé son drapeau pour signaler un hors-jeu. Non seulement Caraglio se rattrape de son penalty raté en première période, mais il vient à ce moment-là de lancer Cruz Azul vers la finale de la Liga MX et son règlement singulier : en cas d’égalité sur l’ensemble des deux matchs lors de la phase à élimination directe (sauf en finale), après la règle du but à l’extérieur, c’est celle de la position au classement lors de la phase régulière qui prime (Monterrey ayant terminé 5e et Cruz Azul 1er).
À Mexico, la Corona n’est pas seulement un biberon que l’on boit en trempant ses lèvres dans la Michelada (une sauce piquante en forme de pâte au sommet du gobelet avec un fond de jus de citron au fond qui se mélange à la bière), c’est aussi le nom du gardien et capitaine des Cementeros, qui rassure tout le monde dans la foulée de l’ouverture du score. Ce sera la seule frappe cadrée de la partie de la part des visiteurs, venus tenir le match nul, mais incapables de riposter vers le but adverse. Au contraire, c’est Cruz Azul qui enfonce le clou. Après un contre éclair, le nouvel entrant Cauteruccio rate la balle du K-O.
Derby contre América en finale
Au bout d’un temps additionnel qui leur aura semblé durer une éternité, et pendant lequel certains n’auront pas manqué de dire tout le bien qu’ils pensaient de la génitrice de l’arbitre, Cruz Azul l’emporte 1-0 et se qualifie pour la finale. Vingt et un ans après leur dernier titre de champion, les Cimentiers mexicains vont donc devoir dresser un mur au Club América (sans Jérémy Ménez, blessé au genou), vainqueur des Pumas. Jeudi et dimanche soir, Donald Trump va forcément suivre cela avec attention.
Par Florian Lefèvre, à Mexico