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Le match que vous n’avez pas regardé : Cambodge-Singapour
Mardi dernier, à Phnom Penh, le stade olympique était presque rempli pour le troisième match des Royals sous l'ère Keisuke Honda. C’est Cambodge-Singapour, c’est le 169e du classement FIFA contre le 166e, et c’est le match que vous n’avez pas regardé.
Cambodge 1-2 Singapour
Buts : Loon (18e, CSC) pour le Cambodge // Mahler (61e) et Fandi (74e) pour Singapour
Le soleil se couche sur Phnom Penh. Deux voix toniques se font entendre à l’intérieur de l’enceinte olympique de la capitale cambodgienne. Deux voix qui donnent le rythme des montées de genoux et mouvements de bassin à suivre pour les groupes exclusivement féminins venus faire leur séance de fitness. Vu les grimaces de douleur qui se dessinent sur les visages, pour sûr, ces dames se foutent pas mal de ce que la foule s’apprête à suivre en remontant la colline. À savoir : un match international entre le Cambodge et Singapour, le troisième de l’ère Keisuke Honda pour les locaux. Car, en effet, l’un des épisodes les plus inattendus du dernier mercato estival reste la nomination du Japonais de 32 ans à la tête la sélection cambodgienne dans un rôle de manager général.
Quatre défaites et un match nul face au Timor oriental
Cruelle déception, la teinture blonde du capitaine des Samouraïs à la dernière Coupe du monde n’est pas sur le banc de touche. Keisuke Honda étant encore un joueur en activité avec Melbourne Victory, il réside en Australie. « Mais on va peut-être le voir lors de l’AFF Suzuki Cup » , espère Seyhak, 18 ans, étudiant en administration publique. L’AFF Suzuki Cup ? Une coupe des nations d’Asie du Sud-Est – dont le tenant du titre est la Thaïlande – qui se déroulera sur plusieurs pays à partir du mois de novembre. En attendant de voir l’ancien joueur du Milan de ses propres yeux, le jeune supporter se contenterait bien d’un « match nul » . Sûrement parce qu’il sait que même si le foot est le sport le plus populaire du pays (avec le kun khmer, un art martial qui se rapproche du muay thai), les résultats de la sélection n’invitent pas à de grandes ambitions. À domicile, le Cambodge reste sur un match nul face au Timor oriental et quatre défaites…
Sans complexes, les Royals sont à la manœuvre de la première action construite du match. Chhin Chhoeun déborde sur le côté droit, fixe deux défenseurs et talonne vers son latéral qui trouve Brak Thiva, dont la tête décroisée manque de puissance. La deuxième couche vient de la gauche : Sath Rosib envoie un centre vicieux et c’est le défenseur singapourien Loon qui se déchire en envoyant le ballon au fond de ses propres filets. Après 18 minutes de jeu, le Cambodge mène 1-0. Et aurait même pu doubler la mise si Bin Chanthachaery s’était appliqué après avoir récupéré un mauvais dégagement de la défense. Dommage, car il n’y aura plus qu’une seule équipe sur le terrain après la pause : celle de Singapour.
Le pointard et les boudins en plastique
Cramées physiquement, les flèches cambodgiennes disparaissent de la circulation progressivement. La défense craque à l’heure de jeu sur un coup franc en forme de mini corner conclu par Jacob Mahler. Doucement, très doucement, la balle finit au fond. Une minute plus tard, l’avant-centre singapourien, Ikhsan Fandi, passe même à deux doigts de retourner complètement le match au bout d’un contre éclair. Qu’à cela ne tienne, le même Fandi finira par donner l’avantage à Singapour d’un pointard des familles à un quart d’heure de la fin. 1-2, il reste quinze minutes à jouer, mais les bancs du stade olympique commencent déjà à se vider.
Et pour les supporters qui restent, l’intérêt de la fin de match consiste surtout à faire exploser les boudins en plastique distribués à l’entrée du stade en début de soirée. 2-1 pour Singapour, score final. La première victoire du Cambodge sous l’ère Keisuke Honda attendra. Quand il verra la vidéo de la rencontre, le néo-entraîneur japonais pourra se gratter la tête. Pas très longtemps, néanmoins, il a un derby de Melbourne à préparer en ouverture de la saison du championnat d’Australie.
Par Florian Lefèvre, à Phnom Penh