- Colombie
- Bucaramanga-Santa Fe
Le match que vous n’avez pas regardé : Bucaramanga-Santa Fe
Au menu du championnat colombien, un Maxi Best Of saveur argentine. Mais aussi un arbitre international qui perd les pédales et une fin de match électrique. C'est le match que vous n'avez pas regardé entre l'Atlético Bucaramanga et Santa Fe.
Atlético Bucaramanga 2-1 Santa Fe
Buts : Núñez (77e et 86e) pour Bucaramanga // Arango (73e) pour Santa Fe
Statufié dans toute la Colombie, Simón Bolivar est l’icône populaire à l’origine de l’émancipation de nombreux peuples sud-américains du joug colonial. Mais l’homme ne serait pas devenu « El Libertador » sans l’appui de son général, puis vice-président, Francisco de Paula Santander, décisif lors de la bataille de Boyaca en 1819 contre les Espagnols. Deux siècles plus tard, les lettres « Santander » barrent la tribune d’honneur du stade de Bucaramanga, la capitale de la région du… Santander, l’autre berceau de l’indépendance colombienne.
Des Léopards en liberté et un rugbyman perdu
À Bucaramanga, non seulement chaque match de l’équipe locale est précédé de l’hymne national, mais l’hymne de Santander résonne aussi pour rappeler aux adversaires du jour – en l’occurrence ce dimanche 7 avril, ceux de Santa Fe – l’histoire de cette terre de l’est de la Colombie : « Nous portons le sang de la liberté. » À défaut de pouvoir glorifier un quelconque palmarès, puisque l’Atlético Bucaramanga n’a jamais remporté de titre de champion – contre neuf pour Santa Fe, l’équipe de Bogota, qui fut d’ailleurs sacré à l’issue du premier championnat professionnel colombien en 1948.
Avec une parade chacun, les gardiens s’occupent de lancer cette rencontre de bas de tableau. Fausse joie en tribune à la 7e minute : Bucaramanga marque à la suite d’un corner, mais le but est logiquement refusé pour une faute de main du buteur. La suite de la première période ? Pas grand-chose de croustillant jusqu’à ce que le portier des Léopards de Bucaramanga, Nelson Ramos, traverse le terrain pour frapper un coup franc direct sur le gong de la mi-temps. Verdict : dans le mur – et il ne méritait rien d’autre avec sa course d’élan aussi molle que celle d’un demi d’ouverture de Pro D2.
L’entrée de Maxi Núñez
Pas de but à la pause. Qu’à cela ne tienne, au retour des vestiaires, les excités de la barra bravafont tomber le T-shirt et dégainent les tifos aux couleurs jaune et verte des Bucaros. Au fil des minutes, un constat s’impose : le geste technique le mieux maîtrisé est le découpage de semelles. Un voisin de tribune habillé d’un maillot de la sélection nationale n’arrête pas de pourrir l’avant-centre paraguayen Roque Caballero, et bientôt toute la tribune s’accorde pour insulter le numéro 9 de l’Atlético, qui a la mobilité d’un réfrigérateur combiné devant la surface adverse. Est-ce lui qui est enfin appelé à céder sa place à la 76e minute, alors que l’ouverture du score d’une frappe croisée du nouvel entrant de Santa Fe, Johan Arango, vient de plomber l’ambiance ? Non !
Ce n’est pas le 9, mais le 8 qui sort. À savoir le Panaméen Gabriel Gómez, le premier joueur de l’histoire de l’Atlético Bucaramanga à disputer une Coupe du monde, l’été dernier en Russie. Mais qui avait surtout l’air, ce dimanche, d’un vieux Monsieur proche de la retraite. 76e minute, donc : l’Argentin Maximiliano Núñez remplace le capitaine Gómez alors que son équipe est menée 1-0. 77e minute ? Ce héros de Núñez glisse le cuir entre les jambes du gardien, sur une remise de Caballero, parfait sur ce coup. Égalisation de Bucaramanga ! Le début de cinq minutes d’émotions en forme de montagnes russes.
Ils me font douter, ces Colombiens…
Núñez et ses coéquipiers ont déjà eu le temps de célébrer avec les supporters, l’arbitre assistant est déjà reparti vers le centre du terrain, bref, le jeu va reprendre. Sauf que l’arbitre central semble faire le geste désignant le recours à la VAR, avant de pointer la surface comme pour indiquer une remise en jeu au gardien… Une dinguerie, puisque la VAR n’est pas en vigueur dans le championnat colombien !
Acá esta el consentido de la CONMEBOL: Wilmar Roldán haciendo el gesto del VAR. Qué por qué lo hizo? No lo sabremos.pic.twitter.com/YEwJlOsqn9
— Jorge Montejo (@Sin_patrocinios) 8 avril 2019
Si ce n’était pas pour faire appel à la VAR, que signifiait le geste de l’arbitre international qui a officié lors de deux rencontres du dernier Mondial ? Mystère ! Toujours est-il qu’après un moment de confusion absolue, Wilmar Roldán décide finalement d’accorder le but une deuxième fois. Bucaramanga : 1 ; Santa Fe : 1.
La tension est palpable. À la 86e, Sante Fe se procure un corner : complètement foirée, la frappe termine directement derrière la cage du gardien. Vif, ce dernier s’empresse de lancer son latéral gauche. Le début d’une contre-attaque éclair : une remontée de balle et deux passes plus tard, l’intenable Maxi Núñez allume un pétard au premier poteau et fait trembler les filets. 2-1 pour l’Atlético. Et parce qu’un doublé ne lui suffit pas, l’Argentin court encore au pressing comme un dératé au bout du temps additionnel. On appelle ça un Maxi Best of. Et Bucaramanga s’en régale.
Par Florian Lefèvre, à Bucaramanga