- National
- J15
- Bastia-Borgo-Pau (1-2)
Le match que vous n’avez pas regardé : Bastia-Borgo-Pau
Un duel entre le club actuellement numéro un de National, à savoir Pau, et la meilleure équipe de Haute-Corse, c’est-à-dire le Football Club de Bastia-Borgo, ça ne se rate pas. Surtout quand le vent s’en mêle, qu’on regrette l’absence du Sporting dans les premières divisions françaises et que Dado Pršo vient dire bonjour.
Bastia-Borgo 1–2 Pau
Buts : Odzoumo (40e) pour Bastia-Borgo // Gueye (4e) et Batisse (47e) pour Pau
Non, il n’y a pas que le Sporting Club de Bastia en Haute-Corse. Un autre club moins connu, dénommé le Football Club Bastia-Borgo et dont l’enceinte est située entre l’aéroport et Furiani, tire actuellement son épingle du jeu. Et pour cause : aujourd’hui, cette équipe fondée en 2017 et résultant de la fusion entre le CA Bastia et le Borgo FC représente la meilleure du département puisqu’elle évolue en National depuis le début de cette saison 2019-2020. Mais pour trouver le Complexe Sportif de Borgo, où le promu accueille le FC Pau ce vendredi, il vaut mieux avoir l’habitude du maquis. Car sur l’Île de Beauté où la nuit obscurcit les montagnes avant 17h, le terrain apparaît bien isolé. Rien à voir avec Armand Cesari, mythique structure de la région facilement accessible pour n’importe quel touriste. « De toute façon, le Sporting nous fait et nous fera toujours de l’ombre, grogne un habitué des lieux, présent à chaque match du FCBB. On n’aura jamais la même popularité, et il faudra attendre des décennies pour espérer un engouement similaire de la part des habitants. »
Il faut dire que le club démarre tout juste son ascension. Pas étonnant, donc, de voir un terrain de basket derrière un premier but et le parking voitures derrière le second. Ou d’observer une unique tribune, largement suffisante pour loger les quelques centaines de supporters ayant le courage de braver le vent violent de ce début de week-end. Un vent qui manque de faire s’envoler les drapeaux des deux teamsà l’approche du coup d’envoi ou de lober le gardien de Pau Guendouz une fois le duel entamé, mais qui ne gène absolument pas Gueye, auteur de l’ouverture du score dès la quatrième minute sur un sublime coup franc enroulé peu après la fin des chants corses envoyés par la sono locale.
Irles-Pršo, le binôme de retour
Quoi de plus logique quand on sait que Pau, leader du classement, dispose de la meilleure attaque du championnat alors que l’arrière-garde de Bastia-Borgo – qui n’a plus gagné depuis cinq rencontres, et qui se bat pour le maintien avec deux unités d’avance sur la zone rouge – pointe à la seizième place des défenses (sur 18) ? D’autant qu’aux côtés de Bruno Irles, entraîneur des visiteurs, Dado Pršo a fait le voyage afin de s’assurer que les attaquants qu’il conseille au quotidien respectent ses consignes. Oui, la Corse peut avoir des relents de Principauté et d’odeurs princières si on place le nez aux alentours du banc palois squatté par les deux ex-Monégasques.
La suite de la première période n’offre rien de particulièrement esthétique, les occasions comme les erreurs se faisant plus que rares. En même temps, difficile pour les joueurs des deux plus petits budgets de troisième division française d’offrir un superbe spectacle quand la météo inverse la trajectoire de chaque coup de pied arrêté ou ballon aérien. Tenter une chandelle peut en effet se traduire par une perte de terrain de deux mètres, la quille étant capable d’emprunter le sens inverse que le pied lui donne à l’origine. Impossible, par exemple, d’anticiper un corner devenant finalement touche. Dès lors, autant essayer de faire circuler la sphère au sol.
Figatelli-Pietra, duo indigeste
Ce qu’ont compris les 22 acteurs, plutôt bien organisés dans l’ensemble, mais refusant de multiplier les risques de peur de trop s’exposer. Menés, les Corses se montrent par ailleurs trop brouillons offensivement… Jusqu’à cette jolie égalisation d’Odzoumo peu avant la pause, sur une action collective parfaitement huilée. Les insulaires sont même tout près de doubler la mise dans la foulée, Guendouz sortant une grosse parade face à des outsiders métamorphosés. Malheureusement pour ces derniers, la pause figatellu-Pietra intervient beaucoup trop tôt. Parce qu’à la différence de leurs adversaires, les Bastiais n’aiment pas les débuts de mi-temps et ont besoin de calme pour digérer le repos. La preuve, avec ce nouveau coup franc – précédé d’une feinte de course, comme sur le premier pion – repris de manière décisive par Batisse qui permet à Pau de reprendre l’avantage.
Logiquement vexés et frustrés, le banc et le public du FCBB s’en mêlent alors en beuglant à chaque contact un peu limite. De bonne guerre, mais insuffisant pour faire trembler le leader de National. Les fautes se multiplient ? Les favoris ne s’en plaignent pas, eux qui signeraient sans attendre pour ce 2-1 et qui prennent leur temps pour se relever lorsqu’ils ressentent une petite douleur sur ce synthétique pas évident à gérer pour les articulations. Finalement, l’affaire se termine par l’expulsion du président Antoine Emmanuelli. Et après quelques dernières échauffourées ou situations chaudes, notamment un corner sauvé sur la ligne côté visiteurs ou une énorme opportunité dans le temps additionnel, le propriétaire du trône lève les bras pour savourer sa difficile, mais sereine victoire. Résultat : si le Sporting (deuxième de sa poule de National 2, derrière un Sedan extrêmement solide) a des chances de rester en quatrième division l’an prochain, son frangin de Bastia-Borgo (toujours en course en Coupe de France) risque de galérer pour éviter de le rejoindre.
Bastia-Borgo : Milosavljevic, Bilingi (Grimaldi, 68e), Durimel, Traoré (Cinquini, 75e), Ouadah, Doumbia, Cropanese, Kane, Odzoumo, Gueye, Penneteau. Entraîneur : Ottaviani.
Pau : Guendouz, Diaby, Name, Daubin, Gueye (Maisonneuve, 89e), Bayard, Jariu (Sabaly, 66e), Batisse, Bury, Kamissoko (Ndiaye, 83e), Bensais.Entraîneur : Irles.
Par Florian Cadu, à Borgo