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Le match que vous n’avez pas regardé : Ayacucho – Alianza Lima
Aucun d’entre vous n’a regardé la Primera Division péruvienne ce dimanche, et encore moins ce choc des extrêmes entre Ayacucho et l’Alianza Lima. Pourtant, on s’est bien marrés entre décisions arbitrales insensées, rythme endiablé et écarteur de narines.
Ayacucho 1-1 Alianza Lima
Buts : Penalillo (62e) pour Ayacucho / Pajoy (79e) pour l’Alianza Lima
Leao Butron hurle. Le gardien vétéran de l’Alianza Lima (trente-sept ans) est complètement sur le cul. Il se tortille devant l’homme en jaune, sifflet en bouche, qui reste impassible malgré la horde de remplaçants et de membres du staff qui vient l’entourer. À ce moment précis, personne n’a encore vu le ralenti de ce qui fait tant jaser les joueurs du club de la capitale. Difficilement, l’arbitre parvient à rejoindre son assistant, toujours suivi par son essaim de mécontents. De longues minutes s’écoulent – au point que la police finit par entourer la troupe pour éviter que des supporters s’en mêlent, déjà que les journalistes montent sur le terrain pour prendre des photos et des réactions – avant que le verdict ne tombe : le but est accordé. Le ralenti peut donc enfin suivre, et on ne sera pas déçu : à une grosse dizaine de reprises, la chaîne péruvienne repasse ce corner de Colan qui atterrit sur la tête de Penalillo… finalement bloquée à même la ligne par le malheureux Butron.
De tous les championnats sud-américains, le péruvien est probablement l’un des moins excitants. Ses équipes historiques (Club Universitario de Deportes, Sporting Cristal et donc Alianza Lima) sont loin de leur période de gloire en Libertadores et la plupart des équipes de D1 culminent juste au-dessus d’une moyenne d’un but par match. Sexy… Du coup, le vrai choc de ce dimanche 21 août, c’était plutôt Gastatoya-Municipal, les deux premiers de la Liga Nacional guatémaltèque (1-1 score final). Mais les sites de streaming ont beau avoir un choix pas dégueu, ils ne vont quand même pas jusque-là. C’est donc avec cet affrontement entre un club dont la région a inspiré le design d’une marque bien connue chez Decathlon et un autre de la capitale que ce dimanche 21 août s’est terminé.
Un faux Français, un sosie de Willian
Tout commentateur hispanophone qui se respecte se doit de parler vite, avec fluidité et engouement. Celui de ce fameux Ayacucho-Alianza Lima ne déroge pas à la règle.
Il envoie néanmoins une tonne de faux espoirs au moment de prononcer avec diction un truc du genre « Jean-Pierre Thibaut » . On s’attend alors à voir un expatrié, qui serait passé par la Slovaquie, la D3 allemande et le Red Star avant de se retrouver là grâce à un cousin. Mais Jean-Pierre Archimbaud s’avère être un vrai Péruvien qui n’a jamais quitté son pays, du moins sportivement. Avec son maillot blanc rempli de minuscules sponsors, Ayacucho ressemble à l’un de ces clubs de Division d’Honneur qu’on voit au premier tour de la Coupe de France. Le match ? Engagé, rythmé, il n’est pas d’un très grand niveau technique, mais il a une grosse cadence et ne laisse aucune place aux faibles : en cas de blessure d’un joueur, personne ne met le ballon dehors, personne ne réclame quoi que ce soit, et personne ne regarde si le joueur se relève bien sans heurts.
Niveau sportif, les occasions sont assez peu nombreuses malgré un va-et-vient incessant devant les deux buts. À Lima, le métronome a pour nom Julio Landauri et il a la frimousse de Willian. Même s’il est fort imprécis sur phase arrêtée, ce Péruvien de trente ans amuse la galerie grâce à sa technique et sa qualité de passe, mais ses attaquants Pajoy et Pando ne se montrent pas assez efficaces ou se heurtent à un assez bon Adomo. Derrière le stade Estadio Ciudad de Cumaná, perché à 2700 mètres d’altitude : des montagnes. Mais ici, pas des petites rochettes comme à Braga, mais bien la cordillère des Andes. Manifestement pas inspiré par la beauté de la nature, le local Arrieta se loupe solidement en face à face avec le gardien avant de participer au plus beau mouvement du match : un jeu en triangle « louche-exter’-reprise de volée » qui méritait mieux qu’un corner en retour.
La compensation arbitrale
La plupart des joueurs présents sur le terrain sont de sacrés cocos au physique plutôt impressionnant, comme ce Josimar Atoche, milieu défensif de l’Alianza qui a la particularité de croire encore à l’écarteur de narines (coucou Nenê). Menés au score suite à cette décision folle de l’arbitre d’accorder un but sans que le ballon n’ait dépassé la ligne, les hommes de Roberto Mosquera réagissent via un coup franc d’un certain Oscar Vilchez. En vain. La solution viendra finalement du sifflet du maître du jeu, qui signale un « Penal » pour une main difficilement repérable dans la surface.
Pajoy remet les deux équipes à égalité, mais pour les gens de la capitale, ce match nul a un petit goût de défaite puisqu’il les empêche de choper la deuxième place du groupe B de la Primera Division. La fin du match est tout ce qu’il y a de plus classique : les arbitres sont escortés, certains joueurs font une interview tout en continuant leur marche vers les vestiaires, et l’entraîneur local, type plagiste, range ses affaires et semble s’apprêter à aller boire un pastis avec Brasseur, aux Flots bleus, en Ayacucho.
Vous venez de lire le résumé d’un match de D1 péruvienne. Bonne journée.
Par Émilien Hofman