- Afrique du Sud
- AmaZulu-Maritzburg (0-0)
Le match que vous n’avez pas regardé : AmaZulu – Maritzburg
Certes, il n’y avait pas de public, et donc pas de vuvuzelas. Mais le derby du KwaZulu-Natal disputé ce dimanche n’était pas sans intérêt. Quoi ? Vous étiez devant Nice-Bordeaux ? Vous avez de la chance, on a regardé le match pour vous.
AmaZulu 0-0 Maritzburg United
Le Jonsson Kings Park en a vu, des matchs à enjeu. Lors du Mondial de rugby à XV, en 1995, une demi-finale polémique entre l’Afrique du Sud et la France. Lors de la CAN 1996, encore une demie, moins disputée, mais remportée 4-2 par la Tunisie face à la Zambie. Impossible de placer le derby de dimanche au même niveau que ces rencontres, ni même à la hauteur du concert donné par Céline Dion ici-même en 2008. À l’échelle de la 11e journée de la DStv Premiership, le déplacement de Maritzburg United sur la pelouse d’AmaZulu avait toutefois de quoi susciter, a minima, une once d’intérêt.
Nouveaux coachs pour de nouvelles vies ?
Le derby du KwaZulu-Natal, du nom de cette province de l’Est de l’Afrique du Sud, ne réussit historiquement pas aux Green Warriors d’AmaZulu, qui n’ont gagné qu’une seule de leurs quinze dernières confrontations avec le club de Pietermaritzburg. Au classement cependant, avantage à l’équipe basée à Durban, dixième au coup d’envoi, trois places devant son rival, handicapé par un départ catastrophique et seulement un point pris lors des sept premières journées. En matière de stabilité, difficile de les départager : les deux clubs ont déjà procédé à un changement d’entraîneur cette saison. Maritzburg United a appelé Ernst Middendorp à la rescousse fin novembre pour stopper l’hémorragie. Force est de constater que cela a payé, puisque the Team of Choice a récolté sept points sur ses trois dernières sorties, avec deux victoires de rang synonymes de sortie de la zone rouge.
Benni McCarthy, lui, est arrivé mi-décembre du côté de Durban. Un coach au CV rutilant, ancien joueur de l’Ajax, Porto ou encore Blackburn, meilleur buteur de l’histoire des Bafana Bafana. Sur le banc, c’est en revanche moins clinquant avec une victoire, un nul et une défaite au moment d’aborder ce derby. Et c’est encore pire quand il se retrouve face à Middendorp, qui l’a battu trois fois la saison dernière. L’Allemand était alors en poste aux Kaizer Chiefs, et son homologue à Cape Town City. Visiblement frustré, McCarthy n’avait alors pas hésité à dénoncer le style de jeu réducteur de son adversaire en 2019. Avec Burnley comme victime collatérale : « Nos joueurs ont pu se faire une autre idée de ce que ce serait si l’un d’entre eux atteignait un jour la Premier League anglaise – c’est le type de football que vous aurez quand vous jouez à Burnley. On n’associe pas Burnley aux Kaizer Chiefs, mais nous avons ressenti ce que c’était de jouer contre Burnley. » Arsenal pourra le confirmer : jouer Burnley, c’est chiant.
Jethren place la Barr
Dès lors, voir AmaZulu dominer la rencontre de dimanche n’aura étonné personne. Décidés à gagner pour grimper au classement, mais aussi certainement pour rendre hommage à leur ancien président Sisa Bikitsha, décédé vendredi, les Green Warriors ont multiplié les situations. Une équation à une inconnue, et pas n’importe laquelle : leur efficacité. Les hommes de Benni McCarthy n’avaient en effet marqué qu’un petit but sur leurs 29 derniers tirs avant ce derby. Malheureusement, aucune de leurs 16 tentatives face à Maritzburg United n’ira au fond, portant cette odieuse statistique à un but sur 45 frappes. Majoro Lehlohonolo a eu la malchance de toucher du bois (40e), puis de perdre son face-à-face avec Jethren Barr au retour des vestiaires (48e). Le portier visiteur et sa défense ont eu du boulot, mais ni le coup franc de Xoki (82e), ni le birthday boy Augustine Mulenga (88e), qui fêtait ses 31 ans, ne réussiront à tromper leur vigilance.
Maritzburg a largement subi, mais aussi eu sa chance, sans parvenir à la saisir. Thabiso Kutumela a buté sur Veli Mothwa (7e), comme Judas Moseamedi (40e). Auteur d’un doublé huit jours auparavant contre les Kaizer Chiefs, Judas aurait pu accéder pour de bon au rang de saint, mais il n’a pas réussi à concrétiser ses autres opportunités (23e, 74e). The Team of Choice se satisfera tout de même de ce point pris à l’extérieur, malgré une dangereuse treizième position au classement et un seul point d’avance sur le TS Galaxy, dernier. Dixième avec onze unités au compteur, AmaZulu devra se contenter de se féliciter du retour de blessure de Bonginkosi Ntuli, auteur de 13 buts en 2019-2020 et absent depuis le début de la saison. Un renfort bienvenu pour corriger ce problème d’efficacité et paver la voie censée mener le club de Durban jusqu’au sommet du football sud-africain, conformément à l’ambition affichée par le président Sandile Zungu au moment du rachat en octobre : « AmaZulu doit être l’équipe numéro un dans ce pays au moment de notre centenaire en 2032. Si nous ne gagnons pas le championnat dans les quatre prochaines années, nous aurons échoué. » On s’était dit rendez-vous dans vingt ans.
Amazulu (4-3-3) : Veli – Thembela, Tsepo (Mabiliso, 77e), Limbikani (Gumede, 55e), Tapelo – Makhehlene, Siyethemba, Mlambo (Maduna, 64e) – Memela (Mthembu, 77e), Lehlohonolo (Ntuli, 64e), Augustine. Entraîneur : Benni McCarthy.
Maritzburg United (4-3-3) : Barr – Allie (Mngonyama, 84e), Daniels, Hachi (De Reuck, 46e), Kutumela (Meza, 65e) – Buchanan, Shandu, Claasen (Morgan, 46e) – Ismail, Moseamedi, Graham (Modise, 78e). Entraîneur : Ernst Middendorp.
Par Quentin Ballue
Photos : Facebook AmaZulu FC et Maritzburg United FC