- Moldavie
- CF Ungheni-FC Dinamo-Auto (2-1)
Le match que vous n’avez pas regardé
On ne va pas se mentir, personne ne regarde le championnat moldave. Ni ce week-end, ni jamais d’ailleurs. Et pourtant, l’opposition de bas de tableau entre le CF Ungheni et le FC Dinamo-Auto avait quelques bons arguments : de gros dégagements de gardien, quinze minutes de publicités sur du canoë et du patinage artistique et un spectateur qui gêne le cameraman.
CF Ungheni 2-1 FC Dinamo-Auto
Buts : Primac (75e) et Gusan (88e) pour Ungheni // Truhanov (43e sp) pour le Dinamo-Auto
On est à la demi-heure de jeu et là, un attentat. En bonne et due forme. Une poussette dans le dos et les crampons sur le mollet. Denis Janu, véritable métronome du CF Ungheni, se fait découper au milieu de terrain, devant les yeux de l’arbitre, et sort sur civière. Mais rien, tout juste une faute. Le coupable s’en tire avec un simple avertissement et forcément, le sourire aux lèvres. Le match, jusque-là équilibré, prend une autre tournure. Le FC Dinamo-Auto passe du contre à l’attaque placée et va finir par marquer un but sur penalty juste avant la mi-temps. On croit le match d’ores et déjà bouclé, tant le petit Janu avait la maîtrise du jeu. Mais telle la sortie de CR7 en finale de l’Euro, la sienne aura l’effet inverse. Le CF Ungheni, à l’envi, ira chercher sa victoire tout seul. Sans aucune aide arbitrale.
Canicule et départementale
Pour la défense de l’homme au sifflet, il faisait chaud sur le Stadionul Nisporeni, au moins trente degrés et un terrain en synthétique, avec ses boules noires qui ont tendance à alimenter la canicule. D’ailleurs, l’arbitre n’hésite pas à arrêter le jeu et à faire une pause « eau et rafraîchissement » aux alentours de la 25e, histoire d’arroser son maillot de la pire couleur qui soit en situation de forte chaleur, le noir.
Ça n’excuse pas tout, mais ce sont des circonstances atténuantes. Pour sa défense également, l’arbitre était bien placé après la jolie action du Dinamo qui a abouti au penalty. Une offrande transformée par Victor Truhanov, un homme qui porte la frange. Sinon, au niveau du jeu, c’est plutôt propre. Hormis les gros dégagements de gardien qui se transforment une fois sur deux en actions dangereuses, ça tente de construire de derrière, ça combine en une ou deux touches au milieu et ça va au contact (bien rugueux) devant. Seule la finition manque. La preuve à la 44e, quand le défenseur central du CF Ungheni prend une dizaine de pas d’élan pour un coup franc aux trente mètres et envoie sa balle sur la départementale, à cent mètres de là. Même le commentateur, sobre au possible, se retient de rire.
Dugarry et patinage
Au retour des vestiaires, après un bon quart d’heure de publicités vantant, vraisemblablement, les mérites du canoë et du patinage artistique, les joueurs du CF Ungheni reprennent les choses en main. Ils monopolisent le ballon et se créent un maximum d’occasions. Avec toujours la même réussite. Il faut attendre au moins trois duels avec le gardien, une autre pause « eau et rafraîchissement » et un angle de vue où le cameraman n’a pas de spectateur devant lui, pour que le numéro 10, visiblement remonté puisqu’il fait une « Dugarry 98 » en direction du journaliste, mette au fond sa première occasion. Quoi qu’il en soit, il relance le match et redonne des espoirs à ses coéquipiers en vue du maintien.
Car oui, le CF Ungheni n’est qu’un promu. Et malgré de belles choses sur le terrain, il enchaîne les grosses défaites, dont un 7-0 contre le FC Sheriff Tiraspol. C’est à peu de choses près la même situation que son adversaire du jour qui, après une saison 2016 largement réussie, est pour le moment englué dans le bas de tableau. Finalement, le CF Ungheni va même aller chercher la victoire en toute fin de match, juste après que le téléphone du commentateur a sonné. Score final : 2-1 pour le CF Ungheni qui glane là ses trois premiers points et sort du terrain sous les ovations des quelques supporters en sortie de sieste. Grosse désillusion en revanche pour le Dinamo-Auto, dernier du championnat et qui rentre à la maison sous le regard noir de son entraîneur à chasuble.
Par Ugo Bocchi