Le match que vous n’avez pas regardé

Arka Gdynia 1-3 Nieciecza

Buts : Marcus da Silva (2^e sp) pour Gdynia // Babiarz (22^e), Gutkovskis (29^e), Guba (90^e+4) pour Nieciecza

Sur le port de la ville industrielle trônent les trois-mâts. Gdynia, dans la baie de Gdańsk, sur la côte sud de la mer Baltique, au nord de la Pologne. Une destination touristique bien connue des jeunes gens qui aiment boire dans des verres en plastique qui pendent à leur cou, porter des bottes en caoutchouc et uriner contre des paillottes (ou dans des pochettes en silicone, pour les demoiselles). Car le Routard est formel : « Début juillet, le festival Open’Er, qui accueille des grandes pointures du rock et de la pop, attire les foules. » Au programme en 2016 : les Red Hot Chili Peppers, Paul Kalkbrenner ou encore Florence and the Machine. Alors, serait-ce une habitude à lancer le pogo qui a poussé Miroslav Bozok à jeter violemment ses deux pieds en avant contre Patryk Fryc à la 37^e minute ? Une façon pour lui d’initier son vis-à-vis à la culture locale ? Ou simplement un bon vieux tacle de boucher pour montrer qui est le patron devant ces Sudistes venus des alentours de Cracovie ?

Donne-moi ton fumigène, je te le rendrai

Dimanche après-midi, l’Arka Gdynia accueille donc le Bruk-Bet Termalica Nieciecza – qui aurait fait un sacré nom pour un band de heavy metal. Aussi magnifique soit-il, le stade municipal de Gdynia, reconstruit en 2011 à l’occasion de l’Euro 2012, sonne creux. L’arène est fermée aux trois quarts à cause des incidents qui ont émaillé le derby entre l’Arka et le Lechia Gdansk il y a quelques semaines. En cause ? Un échange cordial de pyrotechnie entre deux groupes de supporters qui réduirait presque les accroches rentre Stéphanois et Lyonnais à une dispute de bac à sable. Mais ça n’empêche pas Marcus da Silva d’ouvrir la marque sur penalty dès l’entame de match en faveur des locaux. La seule tribune latérale ouverte apprécie et donne de la voix.

Mais qui a eu l’idée de bourriner sa frappe en tribune ? Le cadreur fait remarquer qu’un ballon a réussi l’exploit de se caler entre deux strapontins, et la tribune étant dénuée de tout spectateur, il n’y a personne pour renvoyer la gonfle. Bartlomiej Babiarz, lui, s’applique à froisser les ficelles d’une frappe fugace (22^e). Les Orange égalisent à 1-1. Quelques minutes plus tard, Vladislavs Gutkovskis enfonce le clou en envoyant, au petit bonheur la chance, un coup de l’arrière du crâne dans le soupirail des cages (1-2, 29^e). Clairement, sur ce coup-là, le gardien Konrad Jalocha a des problèmes de coordination pour étirer son double mètre.

Lancer les deux pieds, et c’est parti !

On en vient alors à la masterpiece de la journée. Le genre de chef-d’œuvre qui fait crier chacun des supporters et lever le banc comme un seul homme : un tacle qui dépote. Capitaine de l’Arka Gdynia, Miroslav Bozok est au duel pour récupérer la balle. Il y a d’abord cette première intervention, par derrière, qui reste dans le domaine du correct. Et puis, quelques secondes après, un deuxième coup de peinture plus furtif. Un peu le même mouvement que lorsqu’il s’agit de se lancer dans le toboggan d’Aqualand Cap d’Agde par un après-midi caniculaire d’août : lancer les deux pieds en avant, et c’est parti ! En deux secondes, l’arbitre dégaine le carton rouge. Une tape sur la tête de la victime et à la douche ! Dommage, le fait de jeu (le ralenti de l’intervention, ici, ne vaut sûrement pas la vitesse réelle, à retrouver ici à la 36min 41s de jeu) renversera la physionomie de la rencontre. Et le Bruk-Bet Termalica Nieciecza finira par en planter un troisième, sur un énième contre, dans les dernières secondes. Mais ce tacle…