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Le match que vous n’avez pas regardé
L’édition 2017 de la Copa América espoirs a débuté la semaine dernière en Équateur. Avec notamment un spectaculaire Argentine - Uruguay (3-3). Mais aussi un Pérou - Bolivie disons plus rustique. La Rojiblanca face à la Verde, c’était le match que vous n’avez pas regardé.
Pérou U20 0-2 Bolivie U20
Buts : Monteiro (54e), Miranda (88e)
C’est un quatuor de choc. Habillé de bretelles rouges, le plus petit d’entre eux porte des lunettes rondes et la raie au milieu. Le deuxième, grand et trapu, a des cheveux blanc gominés et un joli costume. La suivante est une bimbo en sous-vêtements. Et le quatrième larron présente encore un autre genre : chemise bariolé et casquette rose fuchsia. Pas de doute, Risas y salsa manie tous les traits du programme TV ringard. Mais sur la chaîne péruvienne Panamericana, on avait bien envie de lancer une rediffusion du sitcom avant de prendre l’antenne à Ibarra, Équateur, en fin d’après-midi. Là, fini de rigoler, la main sur le cœur, les joueurs de la sélection U20 péruvienne chantent l’hymne national à pleins poumons. Il s’agit d’être prêt à se farcir la Bolivie au championnat de la CONMEBOL de football des moins de vingt ans, l’équivalent de la Copa América des jeunes.
En vingt-sept éditions depuis 1954, aucune deux sélections n’a encore remporté la compétition. Même pas un podium, sur un malentendu. D’ailleurs, la Bolivie présente le pire bilan de tous les participants. Mais sûrement pas le dernier au nombre de tacles. Dès la première minute de jeu, le Bolivien Bartolome Mercado y va gaiement de la semelle. Son coéquipier Rivera ne tardera pas à montrer qu’il est lui aussi un homme à suivre dans les prochaines années en ce qui concerne l’art de la découpe. Le Pérou occupe le camp adverse et assoit sa domination. Porté par son élan, Pacheco envoie un coup de casque sur corner, mais le gardien bolivien Cordano Justinia dégaine une horizontale impressionnante sur sa ligne. « Calma, calma ! » : le portier rassure son arrière-garde les paumes des mains vers le sol. Il tient la baraque, à la mi-temps, 0-0.
Et la lumière s’est éteinte
Dominée dans le premier acte, la Bolivie surprend son adversaire au retour des vestiaires. En deux passes, la Verde remonte 70 mètres et Monteiro se retrouve face au portier péruvien. À l’arrache et sous la pression du dernier défenseur, l’attaquant bolivien frappe au fond des filets, 1-0. Et puis vient la 73e minute, le moment où la lumière a disparu. On ne parle pas de coupure de courant, il fait encore grand jour sur Ibarra, au nord de l’Équateur. C’est un ballon aérien dégagé par Cordano Justinia qui emporte sur son passage le défenseur Carrasco. Un tête contre tête à pleine vitesse. L’impact a raisonné jusque dans le cratère du volcan Imbabura qui surveille la ville. Le choc est si violent que les deux Boliviens se retrouvent étendus par terre dans la seconde. Le gardien va se relever, le défenseur, lui, finira la soirée avec les pompiers, évacué dans une camionnette.
Sacrifié pour la patrie, Carrasco ne verra donc pas le deuxième but bolivien inscrit au bout d’un contre mené par Miranda en toute fin de rencontre. 2-0, la Bolivie tient son succès. Les commentateurs péruviens, eux, étaient déjà écœuré d’avoir vu la dernière occasion d’égaliser gaspillée par un corner directement envoyé en six mètres. « Por favor, por favor » , se désespère au micro le consultant. Allez, le Pérou aura l’occasion de se rattraper contre le Venezuela. En attendant, il y a un nouveau programme humoristique qui s’annonce sur l’antenne de Panamericana.
Par Florian Lefèvre